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It takes two to whisper quietly

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MessageSujet: It takes two to whisper quietly It takes two to whisper quietly EmptyVen 12 Oct - 2:19

Pionnier
Féminin

Félicie Grimson

Félicie Grimson


Je n’ai jamais été une fille très solitaire. Déjà toute petite, j’aimais organiser les jeux et être celle qui menait tous ces enfants. Nous trouvions toujours quelque chose à faire, dans mon quartier, et j’aimais beaucoup la compagnie des autres. Puis, avec le temps, les jeux firent place aux soirées entre amis où nous préférions conter des histoires de peurs ou juste être tous ensemble et discuter. Je n’ai jamais été seule, cependant, durant mon enfance, et ce même si j’étais enfant unique. J’étais entourée de tant de familles avec plusieurs enfants, que je ne me sentais jamais seule. Un soir, j’invitais une amie à coucher chez moi. L’autre soir j’allais chez une autre. C’était une énorme communauté où j’avais eu la chance de grandir entourée.

Jusqu’à ce que ma mère tombe malade et qu’il me fut m’occuper de la terre. Je n’avais alors plus de temps pour les jeux ou les histoires, consacrant chaque parcelle de mon énergie à cultiver notre seul gagne-pain. Ceci mit un point final à mon insouciance. Les longues heures à travailler seule et en silence m’apprirent à quel point la solitude peut être difficile et étouffante. Il m’arrivait même parfois de voir d’anciens amis qui, eux, continuaient d’évoluer dans ce monde que j’avais quitté. Je les enviais. J’étais beaucoup trop jeune pour prendre tout ce poids sur mes épaules. Je ne regrette cependant rien.

Après tant d’épreuves – la mort de ma mère puis de mon père, mon exode rural, ma découverte du monde bourgeois ainsi que de la réalité politique, – mais aussi après tant de réussites – mon mariage heureux, ma connaissance du Dr Oliver, ma participation au projet Terra – j’arrivais enfin à apprécier le silence et la solitude. Comme lorsque je nage sur le dos, tranquillement, et qu’alors le seul son que captent mes oreilles sous l’eau est le bruit de ma respiration, les promenades solitaires en nature où je prenais conscience de toutes les formes de vie autour de moi m’étaient maintenant essentielles. J’avais grandi dans la nature, alors m’y retrouver après avoir connu la grande ville, c’était du pur soulagement.

Cependant, sur Terra, la nature était bien différente de la mienne. Ce que j’aurais donné alors pour goûter aux baies comme il y en avait dans mon monde. Évidemment, ici aussi il y avait des baies, couleur azur et au goût ressemblant légèrement à la canneberge. Mais ce n’était pas pareil. Rien ne serait jamais pareil comme avant.

Soupire.

Mes pas et mon besoin de me retrouver seule, hors du village et sans Lena, me portèrent jusqu’à une plage déserte où l’odeur du poisson m’assaillit. Je retroussai le nez. Je n’aimais pas particulièrement le poisson qui s’infiltre dans le nez et y reste coincé pendant des heures. Je n’aimais pas le poisson du tout et, comble de malchance, c’était notre principal atout de survie. Avec beaucoup de sel, le poisson c’est toujours meilleur, mais nous étions rationnés sur le sel. Mon très cher Alan ne pensait pas qu’il était pertinent de nous envoyer du sel. Ce que j’aurais donné pour lui parler, lui compter à quel point, la vie ici est différente et difficile. Lui dire à quel point Lena est la copine de survie idéale. M’enfin, discuter avec un de mes plus grands complices, que ce soit de tout ou de rien, me manquait terriblement. Et c’était sans parler David, qui habitait mes pensées jours et nuits, ne me lâchant pas. Il existait toujours l’éventualité où il serait découvert par les autorités de notre monde et serait exécuté. L’idée de sa mort me levait le cœur. J’espérais qu’il allait bien et, alors que je me réveillais en sursaut dans mon abri après avoir rêvé de son décès, il m’arrivait de pleurer doucement. Et alors les si ne quittaient plus mes pensées. Si je ne m’étais jamais intéressée à Terra. Si j’étais restée avec mon très cher époux. S’il avait été égoïste et ne m’avait pas permis de le quitter. Si seulement.

J’avais quitté la plage et gravi les rochers à l’est. Alors que je m’éloignais de l’eau, le soleil lui s’en rapprochait dangereusement. Ses rayons frôlaient les quelques rares vaguelettes qui agitaient le grand lac. Le spectacle était à couper le souffle. Je n’avais seulement pas la tête à l’apprécier, et c’était dommage, car la vue était certainement imprenable. Bientôt, les étoiles pointeraient timidement leur nez et je me retrouverais en compagnie de la charmante dame lunaire. Tout devenait tellement féérique lorsqu’elle daignait nous offrir sa présence. L’idée de rebrousser chemin ne me venait même pas, alors que la prudence me l’aurait suggéré. Je m’assis en tailleur à même le sol, prenant garde de choisir un endroit éloigné des crevasses qui zébraient le sol. Qui savait ce qui s’y cachait.

Mes pensées continuaient de sauter d’un souvenir à l’autre. D’une discussion, il changeait pour un fou rire, puis pour un cauchemar. J’avais particulièrement le cœur gros ce soir-là. Je pouvais bien me le permettre, moi qui travaillais d’arrache-pied pour le village. Jamais autant que Lena, mais elle c’était un cas particulier. Infatigable, la petite. Comme l’homme qui l’avait élevé. Je souris. Elle avait parfois des airs qui me faisaient penser à mon ami, et alors je ne pouvais m’empêcher de rigoler, surtout lorsqu’elle fronçait les sourcils de la même façon que lui. Elle était si perdue dans ses réflexions, lorsqu’elle abordait cet air, qu’elle remarquait rarement que je la fixais et me moquait d’elle. Au moins j’avais quelqu’un pour m’épauler, ici. On pouvait compter l’une sur l’autre. Nous nous entendions bien.

Assise en tailleur, là, dans l’obscurité qui étale sa domination sur Terra, en haut de cette très haute falaise, sentant le vent dans mes cheveux, l’odeur du poisson qui ne quittait pas mon nez… Je profitais du moment. De ce qui n’existait plus dans mon monde : de la paix. Je profitais d’un monde calme et non ravagé où la nature était maitre et nous, ses serviteurs. Et non l’inverse. Je profitais de tout ce qui avait été enlevé aux humains chez moi. J’avais tant de chance...

Le calme, ma bulle de paix qui m’enveloppait, le moment parfait ; tout fut détruit par ce son. Ce crac. Je restai figeai un instant, puis réalisai que ça pouvait être n’importe quoi. Je redoutais de me tourner, de voir ce qui se trouvait derrière moi. Nous ne connaissions pas toutes les créatures de Terra, et mon imagination fertile allait d’un mi-ours, mi-corbeau à un lézard haut de plusieurs mètres. Oh, qu'est-ce qui m’avait pris de m’aventurer seule dans le Nouveau Monde?

[Vous m'excuserai de la longueur et du post plutôt inintéressant, sachez que je fais rarement autant. Ne soyez pas timides ♥]
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