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Nous sommes l’absurdité d'un plan énorme

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MessageSujet: Nous sommes l’absurdité d'un plan énorme Nous sommes l’absurdité d'un plan énorme EmptyDim 23 Aoû - 20:10

je suis une actrice qui connaît le jeu qui ne lui fut jamais écrit
Féminin

Lena M. Oliver

Lena M. Oliver

La nuit, tous les arbres sont bleus dans la noirceur ; seules quelques roches et quelques plantes daignent émettre un peu de lumière, et dans les arbres, quelques yeux verdâtres semblent refléter la lune cachée par les feuilles. Une paire de boules lumineuses, dorées, toutefois, contrastait au paysage nocturne. Je me fige en plein mouvement lorsque je les vois, en réponse à quoi un ronronnement sonore fuse des buissons. Je reculai de quelques pas et me hissai juste à temps à la branche basse d’un arbre pour voir atterrir, griffes sorties, une jeune panthère rose à la base de celui-ci. Elle me regardait avec de grands yeux dilatés, mais pas moins brillants dans la noirceur. Mon cœur battait fort dans ma poitrine, mes yeux cherchaient désespérément une issue. Le dos nerveux du félin se contractait à chaque mouvement que je faisais, il jouait avec moi : si je bougeais, il sauterait. Le félin aurait pu m’atteindre avant, mais il savait que je ne pourrais pas rester là-haut indéfiniment. Il était jeune, il était joueur.

La corde de mon arc me sciait l’épaule gauche, son bois dur caressait avec violence mon dos. Des flèches reposaient dans un carquois qui de mon épaule droite flirtait avec le haut de ma fesse. Il était plein, là n’était pas le problème. Si je glissais mon arc jusqu’à mon bras, la bête aurait sauté avant que les plumes aient fini de chatouiller ma joue. Je n’aurais pas le temps d’enfiler une deuxième flèche, et encore moins le temps d’esquiver sa rétorque. La bête pourrait grimper et me rejoindre si j’essayais de fuir en hauteur ou même de passer sur un autre arbre.

Vite. Penser vite. Vite, ma main trouve une flèche, vite la flèche trouve son socle, mais pas sa cible, même pas son vol. Ce sont mes pieds qui s’envolèrent, suivis de peu par la bête. Le corps de la panthère était long et raide, gueule ouverte, griffes sorties, en acensions vers ma branche, ma branche que j’avais pour ma part quittée, le corps lourd, les pieds en avant. L’un de ces pieds frôla même son dos. Ma flèche prit finalement sa course alors que mon coude rencontrait durement le sol. Puis mes cotes, puis ma hanche. La flèche vient se planter dans le flan épais de l’animal. La panthère rose rugit. Le jeu était terminé. À son tour, ses pâtes moelleuses retrouvèrent le sol. Elle grognait en s’avançant, je tremblais en cherchant une seconde flèche, mon carquois éparpillé en longueur derrière moi.

La peur s’évapora seulement lorsque mes doigts trouvèrent finalement une flèche, diffusant dans mon bras une force empruntée en la puissance qu’elle me procurait. La gueule de la bête, ouverte, s’ouvrit sur ma gorge, mais elle ne se ferma jamais. Le félin s’écroula de tout son long sur moi, ses dents frôlant mon cou avant que je ne la repousse à l’aide de la flèche, plantée dans son œil, que ma main n’avait jamais lâchée.

La bête était morte, et soudainement je mourais moi aussi de fatigue.

Je me laissai choir sur le dos un instant, le ventre chaud de la panthère croisant encore mes mollets. Mes yeux s’ouvrirent finalement après quelques minutes, s’attardant sur des détails, sur le duvet qui parcouraient les tiges, sur les rayures niellées dans les feuilles, sur les goutes qui pailletaient chaque fleur d’une humide étincelle.

Après avoir été courtisée aussi agressivement par la mort, le monde semblait soudainement tellement plus grand, et moi à la fois tellement plus petite.
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