Jour 1.

J'ai couru. Et j'ai trouvé le village. Weh.

Le village m'effraie.

Suite à la mousson, j'ai cru que ce journal ne verrait plus jamais le jour.
Ça fait presque deux mois. J'ai froid. J'ai moins faim.

Je ne veux plus, je ne veux plus, je ne veux plus. Etait-ce nécessaire ? Le sang de ce truc m'a giclé dessus, et j'ai hurlé si fort que j'en ai eu mal à la gorge. Je ne veux plus. Plus jamais. Je ne sais plus où est le village.

Je les observe.
Ils sont des humains dépareillés, et mes acouphènes sont, dans un vacarme assourdissant, la preuve absolue que les baleines ne côtoient pas les bipèdes. J'ai depuis quelques temps la sensation de me noyer dans mon essence, sans avoir réellement eu la sensation de me retrouver complètement. Je ne sais pas vraiment où j'en suis.

Pluie.
Note pour moi-même : les arbres aux grandes feuilles carrées ont une sève sucrée. En trop grande quantité, ça provoque des nausées. Mais du bout des doigts, c'est plutôt agréable. Je crois.

J'ai chassé du lapin. Ils m'échappent de moins en moins.

Je m'ennuie. J'ai voulu courir jusqu'au village, en passant par la plage. Je n'ai jamais trouvé le chemin.
Ha.

Je n'ai jamais détaillé ce lieu.
C'est une caverne. Pour y accéder, il faut descendre le long d'un boyau. Je me suis cassé la cheville la première fois. Les reliefs dentelés ne sont pas d'une descente facile, et je prie ne pas retrouver de cadavre humains à chaque fois que je rentre. Mais l'alvéole du niveau inférieur est sèche, et l'on discerne correctement les contours avec un feu. Je devrais essayer d'explorer plus intensément. Je ne crois pas qu'il y ait d'animaux qui vivent ici. J'aurais été dévoré depuis longtemps, sinon.

J'ai ramassé une carcasse de racaille rouge. Il restait de la chair. Je me surprend à pouvoir ronger plus que manger.

Des pionniers sont passés dans la caverne. Ils ne m'ont pas vus. Mais je vais devoir changer, je pense qu'ils reviendront. Je ne veux pas être aperçue. Mes oreilles sont ces caisses de résonnances dans lesquels ils hurlent trop fort, et je ne supporte plus du tout.

Je suis un peu triste.
J'aimais ce lieu.

Un type et son chachèvre.
Des souvenirs sucrés.

J'assume l'idée selon laquelle il vient du village humain.