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Les envolés

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MessageSujet: Les envolés Les envolés EmptyDim 4 Sep - 18:38

Frostbitten Requiem to a Forgotten Elegy
Masculin

S. Ashton Awyer

S. Ashton Awyer
À TIR D'AILES, VERS L'HORIZON
UN ENVOL



STEP TWENTY-FOUR.
« There was a time where I believed in most things most people told me. There was a time I believed in the colors that would spill out of his mouth only. The more that I thought about it, elbows bent on one of Alan Oliver's working table, I never really believed in myself. »

-

Funambule sur une corde raide dominée par l'absence et la réitération d'un désir qui sombrait dans le néant d'un gouffre qui ne pouvait être calfeutré, j'avais tendance à immoler à l'intérieur ma gorge les concepts relatifs à mon identité. Si le village m'avait vu chercher le cou et les lèvres de Lena avec un désespoir insatiable, si les plus vieux pionniers avaient eu ouïe de mes avances répétées sur la personne de Gavin, il n'y avait jamais eu de mots pour cataloguer mes comportements. Je badigeonnais contre leur rétine une impudeur sociale qui me targuait de tracer une idée faussée de non-conformisme contre leurs visages – parce que j'avais Joshua dans les os, dans les veines, même lors des plus beaux jours de l'été –, mais celle-ci ne s'était vue soulevée que par des commentaires évasés visant davantage les individus que ma condition d'être. J'avais toujours voulu prouver quelque chose, mais les mots, ces sentiers prédéfinis de la définition d'une identité, m'avaient toujours déstabilisés. J'avais trouvé un étrange réconfort dans les grimaces capricieuses que Kohaku apposaient contre ces libellés, accordant à son dédain des cadres, des petites boîte, le goût de la validation.

Il y avait eu des gens, il y avait eu des attirances et je n'avais jamais vraiment cherché à conceptualiser les écarts présents entre les corps des individus que je conduisais jusqu'à mon lit. Ils n'étaient, après tout, que des visages vides que je barbouillais de mes envies le temps de quelques heures, quelques jours, quelques semaines ou quelques mois. Il n'étaient que des chairs changeantes, destinées à être comparées à la créature chimérique que j'avais porté dans les hauteurs du panthéon de mon affectivité, de ma sexualité. Fantasme et fantasque, Joshua avait toujours été, plus que n'importe quoi d'autre, indéfinissable. Ce faisant, m'ancrer dans les mœurs sociales, me tailler une place dans les modèles normatifs d'autrui ne m'avait jamais vraiment tenté.

Je ne l'avais pas fait, n'avais jamais rien défini et mes proches n'avaient jamais demandé. Mon entourage d'antan, de la même manière que les habitants de Terra, avait préféré se concentrer sur les individus. William avait tenu le nom de Joshua comme une fiole de poison entre ses lèvres et Stacy, une fille avec qui j'étais sorti lors de ma première année d'université, m'avait poussé contre les draps du lit de son colocataire en me chuchotant mielleusement qu'elle avait vu mon regard se balader sur Stanley. Je n'avais rien eu besoin d'admettre, lorsqu'elle l'avait introduit à nos ébats, durant les semaines suivantes, me contentant de laisser mes doigts constater des différences qui arrachaient des plissements coléreux à d'autres.

Aucune admission. Aucune définition.

Il n'y en avait jamais eu. Les concepts se collant sur mon mode de vie m'échappaient presqu'aussi sournoisement que mes souvenirs, des méandres floues qui visquaient les rebords de ma conscience. Là où l'imposition d'une définition figée m'avait toujours rebuté, l'éventualité d'une conversation me donnant l'opportunité de m'apprivoiser m'avait toujours attisé. Une part de moi voulait se justifier, pianoter sur les pans de son existence pour lui donner de la valeur, de l'importance. Regarde-moi, regarde-moi, regarde-moi–

Ne persistait qu'apesanteur dans tous ces creux de moi-même que j'avais voulu remplir de sens - et je réalisais maintenant que mes mécanismes internes ne s'étaient jamais entièrement accordés aux siens. Il n'aurait jamais troquée sa légèreté démentielle pour l'équilibre de la réalité - . Il m'aurait préféré ainsi, vide de sens, vide de notion d'être.

Ma ligne s'agita dans l'annonce d'une prise que je laissai filer sans trop d'attention, l'ombre d'une créature marine se perdant contre mes pupilles, le fil de ma pensée s'affinant sur de nouvelles images, les hanches de Lena, la nuque de Gavin et les yeux de Joshua.

Ma gorge se contractait sur un silence que je ne savais pas comment briser.

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