Sujet: Mascarade sous la lune Mer 2 Nov - 3:36 | |
| Je suis le son que personne ne fait, je suis l'ombre dans la nuit, et le vent dans tes cheveux
L'Espace | La forêt était une mascarade où les arbres feignaient de s’enflammer pour se donner une illusion de chaleur, et c’est lorsqu’ils s’éteignaient, réduits à des squelettes d’écorce brûlés par le froid, qu’on savait vraiment que l’hiver approchait.
Le matin, il y avait comme une odeur de givre à travers la brume, mais le jour était encore sec et confortable. La nuit, quant à elle, était glacée et humide.
C’était la dernière fête de la lune avant l’hiver. Les préparatifs avaient fait bourdonner tout le village pendant la journée, mais à la nuit tombée, plus rien. Ou en tout cas, plus rien d’un œil extérieur. Les festivités prenaient place dans le centre médical abandonné, seule construction assez grande et vide pour accueillir confortablement l’entièreté du village, le festin et les décorations.
À travers les réjouissances et les conversations ludiques, une rumeur avait circulé comme une traînée de poudre : un bataillon d'inconnus avait été aperçu au nord du village, au long du rivage. Des inquiétudes et des interrogations se scarifiaient lentement dans le cœur de tous les villageois : d'où venaient-ils? Combien étaient-ils? Pourquoi n’étaient-ils pas venu à notre rencontre ? Représentaient-ils une menace pour le village? Les plus humanitaires étaient également soucieux : sauront-ils survivre à l’hiver?
Finalement, leur arrivée inopinée était accompagnée d’une épouvantable vérité : nous n'étions pas seuls. Des pionniers étaient arrivés ailleurs dans le Nouveau Monde, et pour le moment, personne ne pouvait deviner l’étendue de la colonisation humaine.
C’est dans une cacophonie de discussion qu’on réclama le silence et qu’on amena l’idée d’établir des objectifs et un plan à leur égard.
Cet évènement décidera de l’attitude du village de la vallée à l’égard des naufragés vivant près de la grande plage.
Le RP est ouvert à tous les villageois, et tous les points de vue et les propositions seront considérées. La décision finale sera prise en RP par les personnages qui sauront utiliser les meilleurs arguments. Achievement Unlocked ! Succès ! Du moment que tu participes à ce topic, tu auras accompli un défi : Participer à l'évènement Mascarade sous la lune. Tu pourras disposer de l'icône ci-dessus à ta guise pour afficher ta participation! |
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Sujet: Re: Mascarade sous la lune Sam 5 Nov - 14:02 | |
| Eye Of The Tiger
Théodore Lefaucheux | L'ambiance, chaude et agréable, contrastait avec la froideur de la nuit. Le monde annonçait lentement l'hiver, perdant sa pelisse rougeâtre au fil des jours, relâchant le froid petit à petit. Mais aujourd'hui, la Fête de la Lune animaient les cœurs, enthousiasmaient les âmes et déliaient les esprits. Dehors, la Lune se pavanait de l'honneur dans un ciel clair, vierge de tout nuage, dansant au milieu des étoiles. Dedans résonnait la joie. Le centre médical n'était pas si grand mais nous avions réussi à éviter de créer un environnement solide, peu propice aux digressions, mais plutôt un espace dans lequel nous pouvions nous éparpiller. Les enfants courraient partout, se poursuivant au gré des aventures qu'ils s'inventaient et, de temps à autre, je captai le rire éclatant et si familier d'Ivy. Je me sentais chez moi, comme jamais. L'Ancien monde me paraissaient si loin maintenant, presque une fable qu'on raconterait aux plus jeunes pour les effrayer. A aucun moment, je n'avais regretté ce choix. Assise sur une table, Lola buvait avidement le contenu fumant de son bol, prise par ne conversation qui m'échappait. Alors qu'elle se redressait en riant, nos regards se croisèrent, m'électrisant. Un sourire m'échappa, lui étant à elle seule réservé. Oui, malgré la dureté de ce monde-ci, je n'en aurai plus changé pour rien au monde.
Ce fut discrètement, au centre de quelques discussions marginales que s'alluma l'inquiétude qui se répandit comme trainée de poudre à toutes les bouches. Les étrangers de la plage. C'était Aliosha qui m'en avait parlé le premier. Il en avait aperçu quelques uns lors d'une de ses sorties en mer. Devant leur repli rapide lorsqu'il avait tenté de les approcher, il n'avait pas insister. Plus tard, alors que je cherchai de quoi finaliser l'auberge de Terrence, j'avais eu la sensation d'être observé. C'était le plus souvent Olivier qui s'amusait à me suivre mais cette fois-ci, c'était quelqu'un d'autre. Je finis par apercevoir sa silhouette adossée à un arbre. Sans inquiétude, elle s'était effacée après quelques secondes, disparaissant dans les ombres. Je m'étais remis à l'ouvrage et le travail manuel avait ensuite emporté cette vision au loin. Nous n'étions pas les seuls à les avoir vus, certains bien plus souvent que d'autres. Mais ils avaient toujours agi similairement, sans s'approcher, préférant rester à distance, comme méfiants.
Rapidement, les inquiétudes s'étaient élevées : pourquoi n'étaient-ils pas venu à notre rencontre ? Étaient-ils une menace ? Étrangement, alors qu'aucun de nous n'avait jamais redouté l'arrivée de nouveaux venus, ce soir le discours était différent. Était-ce parce qu'ils étaient plus nombreux que ceux qu'on recueillait ordinairement au compte goutte ? Ou bien parce qu'ils semblaient nous observer à distance, faisant resurgir dans les esprits de certains des heures noires qu'ils voulaient oublier ? Petit à petit, le trouble enfla en craintes. Chacun s'exprimait à tort et à travers et, ne s'écoutant plus, remplissait l'espace d'une confusion qui n'aidait en rien. « Listen to yourself... SILENCE ! » (« Écoutez-vous... »)Ma voix porta comme sur une mer calme et les discussions moururent lentement, les visages se tournant vers moi.
« Obviously, for now anyway, they don't want to blend. The question isn't to know how many they are or whatever, it's to decide what we will do. » (« Il est clair, pour l'instant en tout cas, qu'ils ne veulent pas s'intégrer. La question n'est pas de savoir combien ils sont ou quoi, mais de décider de ce qu'on va faire. »)
Plusieurs visages acquiescèrent et je sentis que la raison avait enfin fait son retour parmi nous.
« It seems they aren't around since a long time, Alek saw them mid summer, did anybody else caught sight of them before that ? » (« Il semble qu'ils n'ont pas été autour depuis longtemps, Alek les a vus le milieu de l'été, quelqu'un d'autre les a aperçu avant cela ? ») .
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Sujet: Re: Mascarade sous la lune Mer 9 Nov - 21:54 | |
| Je suis mère des terres fertiles, j'accueille en mon sein celui qui y chasse
Émilie-Anne Larose | L’hiver était à nos portes. L’automne nous le présentait clairement par les couleurs flambées qu’elle étalait partout. Les feuilles tombaient, recouvrant les champs et les enclos de leur funeste éphémérité. Bientôt, la neige couvrirait le paysage. Tous les villageois trimaient dur pour arriver à faire suffisamment de réserves pour tenir tout l’hiver... Au moins, les champs avaient bien produit et nous avions commencé à abattre nos premiers béliers pour en récupérer la viande, les cornes, les peaux, les tendons et les os qui serviraient à la fabrication de provisions, de vêtements et d'outils. C'était sans parler des prises rapportées par les chasseurs et des provisions ramassées dans la nature. Ensemble, tous ces éléments assuraient notre survie pour tout l’hiver.
Le temps était aux récompenses. La fête mensuelle permettait à tous de se reposer et de passer du bon temps. Un répit bien mérité pour la petite colonie qui avait grandement souffert de l'hiver précédent. En effet, un grand nombre de nos gens, même les plus averties, avaient péri.
Au début de la soirée, Terrence avait aidé Émilie-Anne à emporter les jumeaux et les outils nécessaires à leur soin jusqu'au grand abri. Maintenant, au sol, une grande couverture servait de terrain de jeux au plus jeune, alors qu’Olivier jouait avec Alex et Eve en courant un peu partout dans la maisonnette.
Les discussions allaient de bons trains, mais un sujet était récurant : les étrangers du sud. Les avis étaient partagés. Quant à la jeune mère, elle était déchirée entre deux : le danger potentiel pour ses trois, bientôt quatre, enfants – pensant à cela, elle passe d’ailleurs discrètement sa main sur son ventre bien rond – et celui d’aider les nouveaux arrivants.
Théodore fut le premier à vouloir une discussion constructive, exigeant le silence, puis demandant aux autres s’ils avaient aperçu quoi que ce soit. Elle se leva alors, le ventre rond, les vêtements remontant légèrement sur ce dernier, et prit la parole.
-Pavel ne m’a jamais parlé d’étrangers, et de mon côté, lors de mes expéditions avec Lena, nous n’avons rien remarqué vers le sud. Mais peu importe, j’ai une autre question à tous vous poser... Pour être si méfiants, qu'est-ce qu'ils ont bien pu vivre ? Des catastrophes ? ... D'autres groupes ? Et dans tous les cas, ils viennent clairement d’arriver sur notre île... Et ils ne passeront pas l’hiver sans notre aide.
Elle prend une très courte pause, mais recommence avant d'être coupée par quelqu'un d'autre.
- Les caveaux sont plein a craquer parce qu'on a produit pour 40... Et on sait qu'on est beaucoup moins maintenant. Sinon, j'ai tellement de peaux de bête chez moi... Je peux facilement leur en donner.
Elle prend une nouvelle pause, laissant ces nouvelles informations planer dans l'air.
- Que penseriez-vous de leur faire une offrande de paix? Propose-t-elle enfin.
La fermière se tenait aussi droite que son état le lui permettait, et de là, elle prit le temps de poser un regard bienveillant sur chacun des adultes qui se trouvaient sous la hutte, espérant ainsi faire ressortir le meilleur de chacun.
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Sujet: Re: Mascarade sous la lune Mer 9 Nov - 23:09 | |
| Frostbitten Requiem to a Forgotten Elegy
S. Ashton Awyer | PALPITATIONS SANGUINES
STEP TWENTY-FIVE. « I'd totally fuck Alan Oliver. I'd fuck him in half, I'd fuck his face. Just putting that out there. That kind of hate-sex would probably feel wrong enough to be right. » - Mon esprit était un carrousel dans lequel des chevaux vêtus de rouille gambadaient au rythme d'une mélodie asphyxiée. J'imaginais ces fêtes foraines de mes enfances s'exalter de couleurs, voilant ma rétine d'arc-en-ciel, là où ne s'exhibait que des teintes éreintées par le feu. Des murmures fourmillaient tout autour et, paupières tremblantes, je les imaginais appartenir à une foule désireuse de se distraire. Des sensations fortes pleines de sécurité, offertes par des monstres d'ingénierie lattés de bois et d'acier, rien avoir avec cette nature purulente qui grondait sa vie, qui enracinait nos pieds de son innocence périlleuse. Les manèges tournaient et l'image de Joshua s'accrochait à leur fondations lissées, rythmant les battements de mon cœur aux éclats de son rire fantasque, exacerbant le rêve au prix de la réalité.
Eve triturait mes genoux de ses ongles, laissant des croissants lunaires se dessiner contre le tissu de mon pantalon. J'attrapai l'une de ses mains d'un doigt, soupesant son anxiété en notant distraitement que le ton des conversations avait changé. La foule ne profitait plus des artifices ludiques du parc d'attraction. Les voix rampaient comme de la rouille sur les merveilles de la foire, laissant s'écailler le plaisir.
Les naufragés. Des mirages dont on pouvait discerner le passage sur le sable de la plage, des silhouettes qui hantaient les conversations, jetant un filet de doute sur les certitudes de ces existences que rien n'avait su ébranler jusqu'à présent. Nous étions seuls, après tout, les totems qu'Alan Oliver avait planté dans son bout de paradis vierge de toute pensée. Nous étions seuls, nous étions des pionniers.
Nous étions . . .
Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas réellement attardé sur les fondements de la cinglante utopie que nous piétinions de nos existences, longtemps que le reflet d'Alan Oliver n'avait pris sens que dans les tréfonds des regards de Lena et Eve, miroitant à la manière d'un cauchemar latent que je m'offrais le loisir d'obstinément ignorer.
Ma compagne, partenaire d'âme dans ce monde qu'elle incarnait mieux que quiconque, lorgnait la cacophonie grimpante depuis ma droite, silencieuse et attentive. Le jeu des flammes sur son visage lui conférait un air sévère, plus pensif qu'à l'habitude. Je m'inclinai contre son flanc, effleurant épaule de mon bras.
Théodore interpellait le groupe, figure d'autorité rendue tremblante par les flammes, berger qui rameutait ses moutons. Il atténuait, de par sa simple prise en charge, la panique échauffée qui animait les pionniers. Une imposition de pragmatisme dans cet univers qui n'avait décidément plus rien avoir avec une fête foraine. J'humectai mes lèvres, détachant mes mains de la silhouette d'Eve pour les agiter dans les airs dans l'imitation de ces applaudissements muets qu'on réservait habituellement pour les assemblées. C'était de contexte, saupoudrait une touche de familiarité dans l'abcès de notre démocratie rudimentaire.
Still not quite like home, though.
Émilie-Anne, contre toutes attentes –ou peut-être pas considérant son amour des figures d'autorité tirant les dés de son avenir – , fut la première à contribuer à ce qui promettait de devenir un débat. Je relevai les mains pour 'applaudir' à nouveau, instantanément imité par Eve. Heh. Here you go, Milianne. Double approbation. Elle proposait la paix, au travers de la matérialité abstraite d'une offrande et démarrait la discussion sur un ton pacifique. Je ne pouvais que soutenir ce genre de sentiment qui nous écartait de la peur, de l'irréflexion.
Je toussotai, me redressant imperceptiblement, mon bras se froissant contre la chaleur émanant de Lena.
" Never saw them either, ", commençais-je d'une voix blanche.
" But Milianne is right, we could always send someone as an emissary to show that we mean no harm and establish common guidelines. They are quite obviously aware of our presence here and nobody can fault them for being cautious. "
Nous étions les pionniers d'un monde qui ne nous appartenait pas, drapeaux qu'un colonisateur azimuté avait forcé dans la terre d'une contrée qu'il voulait rendre sienne. Nous étions des structures étrangères, des parasites qui suffoqueraient l'éden. En son nom, en le nôtre, pour son symbole et notre survivance. Peut-être que ces gens apparus sur notre île - cette île - appartenaient réellement à cet endroit, à Terra. Peut-être que ces terres leurs revenaient et que notre présence les indisposait de par son impossibilité. Ou peut-être qu'au-delà du faisceau du champ de pierres s'étendaient d'autres brèches, des portes s'ouvrant sur un monde qui ne pouvait logiquement pas se résumer par une seule île aussi vaste soit-elle.
" They either are natives, born on Terra, or individuals that somehow did not end up in the Stoneyard. "
Dans tous les cas, Alan Oliver s'était mis les pieds dans les plats. Il s'était trompé - le mot pétillait entre mes lèvres avec un goût de limonade. Peu importe la manière dont on tournait le rubic cube de notre situation présente, le connard était passé à côté de certains détails, de certains calculs. Le dogme de ses recherches s'effondrait sous mes yeux et, plutôt que de la crainte, plutôt que de l'inquiétude, son échec m'emplissait d'une satisfaction jubilée.
Je m'inclinai contre Lena, dissimulant les allures torves de mon expression à l'intérieur de ses cheveux, papillonnant mon sourire dans un tracé démarrant sur sa tempe et terminant sur ses lèvres. Je soufflai d'une voix que la fébrilité des habitants ne suffisait à enterrer, emmiellant mes syllabes de volupté : " In any case, since Alan fucked up, I call first punch when he gets here. Ok ? "
- Traductions :
" Je ne les ai jamais vu non plus, "
" Mais Milianne a raison, nous pourrions toujours envoyer quelqu'un comme émissaire pour montrer que nous ne leur voulons aucun mal et pour établir des lignes directrices à notre cohabitation. Ils sont visiblement conscient de notre présence ici et personne ne peut leur reprocher d'être vigilants. "
" Ils sont soit des natifs nés sur Terra ou des individus qui n'ont pas terminé dans le champs de pierres. "
" Dans tous les cas, comme Alan s'est planté, je réclame le premier coup de poing lorsqu'il arrivera ici. "
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Sujet: Re: Mascarade sous la lune Jeu 10 Nov - 3:23 | |
| Pionnier
Terrence Clément | Assis en retrait, il était une ombre projetée contre le mur. Il observait les festivités avec une fébrilité qu’il ne laissait pas transparaitre sur son visage figé dans un sourire placide.
Au début, après être arrivé avec Émilie-Anne, il avait pris part aux discussions, socialisant avec un plaisir féroce, quoique timidement montré, se délectant discrètement de la nature humaine. Lorsque l’ambiance festive s’était assombrie, toutefois, il s’est éloigné avec appréhension, toujours fasciné, mais un peu mal à l’aise.
L’avenue des étrangers inspirait la peur, et la peur, il le savait trop bien, inspirait la violence. Il n’aimait pas la violence.
Parfois, lorsqu’il fermait les yeux, il oubliait le Nouveau Monde et le bonheur qui y régnait. Il se souvenait de l’Ancien Monde, de la dictature, de ce qu’on lui avait fait faire, pire, de tout ce qu’il n’avait pas fait. Surtout, il se souvenait du sentiment terrible qui l’avait longtemps accablé. Celui-ci se manifestait souvent comme une masse informe et râpeuse qui semblait se violer un chemin dans sa gorge, qui essayait de forcer sa route jusque dans son ventre… Sans succès. La peur lui remontait alors dans la bouche avec un gout sec et amer. C’était l’inactivité la plus douloureuse, la plus interminable, la plus épuisante. C’était des sauts émotionnels entre l’espoir et l’accablement, et lorsque le dernier prenait le dessous, il s’abandonnait à des pensées terribles : à l’envie de croire et de se livrer à une force supérieure, bénévolante… et alors il se détestait autant qu’il les détestait eux. Plus tard, il s’était toujours pardonné parce qu’il constatait, désabusé, qu’il en sortait toujours plus incrédule que jamais.
Il n’avait jamais été surpris, mais il avait toujours eu mal.
S’ensuivait toujours la honte, la peur d’affronter les autres ; ceux qui souffriraient des manigances auxquelles il participait, les victimes. Par moment, il ne savait pas comment il pourrait jamais se tenir devant eux. Il aurait voulu les enlacer, choir à genoux devant eux pour faire tomber tous leurs maux, mais il avait toujours échoué en réussissant à se tenir droit, à endosser le rôle du méchant.
Il avait eu mal de ne pouvoir rien faire. Il s’était noyé dans son impuissance.
Maintenant, le chaos et les démonstrations craintives lui donnaient mal au cœur, parce qu’il savait qu’autrefois, il aurait dû utiliser celles-ci pour manipuler la situation d’une manière ou d’une autre. Il était également perplexe et déçu de voir autant de méfiance envers les nouveaux arrivants de la part de pionniers eux-mêmes issus de partout. Non. Il savait qu’ils n’avaient pas peur des gens en eux-mêmes : ils avaient peur de l’inconnu, de la différence, du vécu qui éloignaient les autres d’eux-mêmes.
Il avait peur des actions à venir de ses comparses, et, en demeurant impatient de voir la suite avec un intérêt marqué, il avait aussi peur de lui-même.
Après Théodore qui avait su commencer à le rassurer avec sa tentative de ramener l’ordre, son Émilie-Anne l’avait surpris en se levant. Depuis qu’elle avait retrouvé des forces, il la trouvait plus belle que jamais, mais ce soir, en prenant la parole, il la trouvait plus lumineuse encore. Sa prestance éclipsait la lueur du feu, et sa douceur, sa gentillesse, surpassait aussi sa chaleur. Il la regardait intensément, enchanté, ému. Elle était la preuve que le terme humanité méritait sa connotation positive.
Le silence revient après l’ajout d’Ashton. Avant que les chuchotements ne deviennent trop opaques, il se lèva à son tour pour dissiper les murmures vaporeux.
- Si nos nouveaux voisins ont rencontré d’autres groupes, peu importe l’expérience qu’ils ont eue avec eux, nous avons besoin de le savoir. Et même si ce n’est pas le cas, ils possèdent certainement des connaissances sur le Nouveau Monde que nous n’avons pas et qui pourraient se montrer vitales à notre survie.
Sa voix était forte, mais douce, et son ton était pragmatique.
- J’appuie la proposition d’un contact humaniste, il faudrait toutefois établir un plan minutieux : un émissaire seul court le risque de rencontrer des barrières culturelles ou langagières. En contrepartie, trop d’émissaires en même temps risqueraient de mettre à vif leurs inquiétudes, de les fermer à la communication...Natifs ou pionniers, dans les deux cas, devant un cadeau, ils comprendront certainement la philanthropie qui anime nos intentions.
Il prit une pause avant de continuer.
- De notre côté, il faudrait tout d’abord déterminer ensemble les limites de notre engagement envers eux. Que voulons-nous ? Un traité de paix, une alliance, une unification ? Tout en se souvenant de ne pas assumer les finalités de nos intentions, de rester ouverts à leurs souhaits et à leurs besoins.
Un sentiment d’espoir tout nouveau au creux du ventre, il craignait les autres comme il craignait l’accablement, mais il n’en montrait rien, droit et fier, soutenu par l’altruisme qui naissait autour de lui. |
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Sujet: Re: Mascarade sous la lune Jeu 10 Nov - 17:43 | |
| Faire tenir l'infini dans la paume de la main, et l'éternité dans une heure
Lune Escher | Oser prendre la parole, pour enfin avancer, un mot à la fois Lune la regardait rire. Pas à distance, mais de tout près, pendant qu’elles parlaient ensemble. De son côté, ses lèvres étaient incontrôlablement poussées vers ses joues, qui elles, venaient s’appuyer sous ses yeux croissants d’étoiles. Elle sentait au passage son parfum voluptueux qui restait dans ses poumons, l’intoxiquant d’un bonheur durable, même lorsqu’elle se retrouva assise loin d’elle plus tard dans la soirée.
Elle n’avait jamais été aussi heureuse et confortable de sa vie. Malgré le dur travail, les dangers, les deuils, elle se sentait à sa place au sein du village, au sein du Nouveau Monde, dans son rôle d’humaine, de pionnière, de femme qui aime les femmes, de maman.
D’ailleurs, Alex riait avec Olivier et Eve. Malgré les jeux et le plaisir évident qu’il éprouvait, de temps en temps, il atterrissait sous sa jupe rassurante et familière, ses doigts creusant la chaire de ses jambes comme pour enterrer sa timidité. Elle le prenait alors par les aisselles et le retournait avant de le repousser gentiment vers ses amis. Elle le trouvait aussi mignon qu’elle s’inquiétait de le voir aussi réservé. Étant elle-même assez timide à cause de ses difficultés langagières, parfois, elle s’inquiétait de ne pas être la meilleure influence pour lui, voire de lui nuire tout court.
Malgré ses insécurités piquées à vif, elle avait une contribution à amener à la conversation qui s’imposait avec sévérité. Elle avait voulu parler après l’intervention d’Émilie-Anne, mais une boule dans son ventre lui coupait la voix dans la gorge et engluait sa langue dans sa bouche. Elle écoutait les deux interventions suivantes sur le rythme de son cœur qui battait dans ses oreilles.
Elle sentait à côté d’elle Alex qui s’agitait à force de sentir son propre inconfort. Elle essaya alors de parler, sans que personne ne lui prête attention, personne, sauf son fils duquel elle croisa le regard curieux et effrayé. En se perdant dans ses yeux anxieux, tout le reste du monde sembla soudainement s’arrêter et elle trouva la force de se lever pour s’obliger à parler plus fort, à être entendue.
- Je n’ao vui personne… Mais je sei qu’ils ont des bateaux. Je pensa qu'ils viennent para la mer et qu’ils sont vers le norte....Le nord.
Elle prit une pause, et en entendant les interrogations grimper à travers les murmures, elle ajouta :
- Des provisions près de la plaja, accessivles uniquement par bateau, ont été prises... Seulement de la nourriture. Émilie-Anne a raison, ils ont provablement besoin de noss’aide.
Il y avait alors un silence, comme si on s’attendait à ce qu’elle ajoute autre chose alors qu’elle n’avait plus rien à dire, ou en tout cas, rien qu’elle se sentait prête à articuler. Pour les limites à établir abordées par Théodore, puis réitérées par Terrence, elle ne savait quoi penser, et encore moins quoi dire.
Certes, elle s’inquiétait des conséquences qu’une confrontation difficile pourrait avoir sur son fils, sur ses amis, sur elle-même, mais elle s’inquiétait aussi de leur avenir en général, avec ou sans les autres. Il y aurait toujours des situations à affronter et différentes façons de le faire. Selon elle, il faudrait plus d’informations, et à cet effet, elle se reposait surtout sur le bon sens des autres. La diplomatie n’était pas sa force.
Chancelant un peu du haut de ses longues jambes, elle retrouva sa place assise. Elle se sentait épuisée, mais son fils la regardait avec une certaine admiration, ce qui fit fondre l’arrière-gout de nervosité qui avait accompagné sa prise de parole. Elle sentit alors une chaleur se former au creux de sa poitrine, elle se sentait bien à nouveau. |
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Sujet: Re: Mascarade sous la lune Mar 22 Nov - 22:31 | |
| Je suis le plus beau, le plus fort, je suis ton roi, ton dieu tout puissant ; vénère moi !
Jun Hyo Jin | Des intrus menaçaient le village. Jun s’attendait à un vrai conseil de guerre, au lieu de quoi il fut attristé de voir autant de faiblesse dans le cœur de ses subalternes. Comment pouvaient-ils ne pas voir la menace qui plombait sur eux ? Et surtout l’occasion qui se présentait dans la solution... Ces envahisseurs étaient une source potentielle d’ennui qu'il fallait réduire à néant, et pour être productif, en mettant au travail forcé. D'ailleurs, c'était selon lui une façon tout à fait humaine de les épargner et de leur faire preuve de clémence.
Jun s'imaginait déjà avec un ou plusieurs esclaves qui lui obéiraient au doigt et à l’œil. De préférence beaucoup de femmes, pour qu'il puisse profiter de leurs atouts féminins, et ainsi maximiser leur utilité.
Il s'avança vers le brasier où il projeta dans le feu sa coupole remplie de liqueur fortement alcoolisée, créant dans les flammes des mouvements impétueux. Pour accompagner ce geste, il avait regardé Théodore avec un sourire fendant. Très conscient de sa peur du feu, il aimait ainsi rire de la nounou de sa fille imprévue. Son regard tomba subséquemment sur cette dernière, à qui il sourit également en se remémorant des circonstances de sa naissance.
Lorsque le calme revint parmi les flammes, il jeta un regard sur l'assemblée pour découvrir avec plaisir les regards sidérés, effrayés ou encore désapprobateurs qui répondaient à son geste. Inspirant avidement le chaos et la peur, il expira ensuite un nouveau monologue :
- Ces gens sont très certainement dangereux ! S'ils ne nous ont pas encore approchés, c'est qu'ils ne cherchent pas à être nos alliers : ils nous espionnent des loin afin de trouver nos points faibles pour venir nous voler ! PIRE! Pour nous tuer afin de prendre notre village.
Jun s'approcha ensuite d’Ashton qui était entouré de ses enfants.
- Tu crois vraiment qu’ils laisseront tes bambins tranquilles? Pour peu que nous sachions, se sont peut-être des cannibales !
Il prend une courte pause pour rediriger son regard sur la foule, puis reprend son discours.
-La meilleure défense, c’est l’attaque! Et de les asservir nous donnera des travailleurs en plus d'informations et de ressources ! Et en plus... Jun eu alors un rire qui en disait long sur sa pensé... Les femmes pourront réchauffer nos lits et contribuer à la prochaine génération.
C'était peut-être l'alcool qui coulait dans ses veines, mais il tenait déjà pour acquis que tous les villageois acquiesceraient en faveur de son raisonnement. Ainsi, il se tenant droit tel un conquérant en s’imaginant le dénouement à venir. |
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Sujet: Re: Mascarade sous la lune Sam 14 Jan - 23:54 | |
| je suis une actrice qui connaît le jeu qui ne lui fut jamais écrit
Lena M. Oliver | Il faisait chaud et l’air festif, musqué, enfumé, entrait dans ses voies respiratoires avec une lourdeur empyreumatique. Malgré tout, c’était la lumière que le feu produisait qui lui réchauffait le plus les yeux et qui rependait dans son crâne une sensation de brulure.
Lena enfonçait ses doigts dans le sol frais pour se rappeler que, dehors, il faisait froid. Elle avait vaguement envie de se lever et de sortir sans n’en aviser personne, juste pour quelques instants, pour prendre l’air, mais elle savait qu’elle n’y arriverait pas sans attirer des questions et elle n’avait pas envie de répondre à qui que ce soit.
Alors elle ferma les yeux, mais sursautait à chaque fois que le sommeil la bordait de trop près. Elle écoutait pour rester éveillée, mais sentait qu’elle ne tiendrait plus longtemps en demeurant ainsi. Elle ouvrit finalement les paupières, les yeux comme des plaies ouvertes, juste à temps pour toiser Ashton qui abandonnait ses lèvres avant qu’elle n’ait eu la chance de répondre à son affection.
Ses propos l’irritaient. Alors que l’idée du docteur perplexe, défait, l’amusait bel et bien, les implications l’effrayaient. Elle imaginait des morts solitaires et des égarés désespérément perdus, ainsi que des villages différents s’ériger dans des paysages étrangers et vastes comme l’étendue de son impuissance. Le Nouveau Monde se complexifiait et s’élargissait, tout comme la distance entre le confort et la survie. Elle était terrifiée, submergée simultanément par toutes les inquiétudes refoulées depuis les cinq dernières années. Ashton ne réalisait pas. Non, ne s’en préoccupait pas. Malgré son bras passé autour de ses épaules, elle était au bord de l’effroi plus qu’au bord de lui.
Elle était trop fatiguée pour protester contre son enjouement ; ils n’avaient pas beaucoup dormi la nuit précédente.
Après les interventions de Terrence et de Lune qu’elle écoutait à demi, les vociférations de Jun retentissaient dans l’air. Lena posa sur lui des yeux songeurs, témoignant à la fois de son ennui et de son incrédulité. Si le scénario qu’il dépeignait s’avérait et que les étrangers leur voulaient du mal, le village n’avait, en toute honnêteté, aucune chance. Elle pensa quelques instants, marinant dans sa tête tous les éléments amenés par ses compères. Le mélange des propositions sucré-amer remontait dans sa gorge un gout âpre et bilieux.
- I'm fucking amazed that none of you actually grasp the situation we are in... We. Are. Dying. And in no position to choose either to help or oppose them whatsoever. We need them. And if we somehow do manage to merge with them, and if we all work really really hard, we may, and I say may, manage to actually construct some sort of not overlly consanguineous civilization together. Vomit-elle avec une perplexité agressive.
Elle laissa ses propos se perdre dans le silence. Seuls les ricanements étouffés d’Ashton parvinrent à ses oreilles avant qu’elle n’enchaine, sur un ton moins acide et plus pragmatique
- We are certainly not gonna enslave them ; if they got on our shores, they probably could go elsewhere if they so choose. Then our ridiculously small group would go back to slowly die off and fall to oblivion.
So we are gonna be very very nice to them and hope they do join us and save our asses.
Finit-elle avec un ton mielleux et complaisant. Et elle pensa, en regardant Jun avec un vague dédain, qu’elle espérait effectivement découvrir d’autres géniteurs potentiels parmi les naufragés. - Traductions:
Je suis complètement abasourdie de constater qu'aucun de vous ne comprend que notre village est en voie de mourir. Nous n'avons pas le luxe de choisir entre l'altruisme ou l'opposition. Nous avons besoin d'eux pour survivre. Et peut-être que si on arrive à les mettre de notre côté, et si on travaille tous très, très fort ensemble, on pourra construire un semblant de civilisation, aussi consanguine soit-elle.
Et nous n'allons certainement pas les asservir. Voyons. S'ils se sont retrouvés sur nos plages, c'est qu'ils savent probablement comment prendre la mer et partir, et alors nous repartirons de notre côté vers l'extinction.
Notre meilleur plan c'est d'être de plus invitant possible et espérer qu'ils veillent bien nous rejoindre et sauver nos culs.
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Sujet: Re: Mascarade sous la lune | |
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