Mon histoire à moi ? C'est pas compliqué. Je pourrais vous en faire un résumé tout mignon et tout, mais je préfère tout vous raconter. Bon, par tout, je veux pas dire depuis le stade du fœtus, non plus.
Tout d'abord, il faut savoir que je suis un orphelin de la nation. Je sais pas si c'est mes parents qui m'ont abandonné ou si ils sont juste morts. En fait, j'en ai strictement rien à faire. Ils n'ont pas été là pour moi, alors je vois pas pourquoi leur identité, leur vie ou quoi que se soit devrait m'intéresser.
Quand j'étais petit, j'étais dans un camp d'orphelins de la nation, évidement. J'ai eu la formation générale. Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été au dépend de la nation.
J'avais deux amis à cette époque. Eux et moi, on était aussi différent que chats et chiens. Melanie, la seule fille du trio, était plus énergique, plus excitée, tellement que parfois, je croyais qu'elle ne connaissait pas le sens du mot ''calme''. Nathan, le plus jeune du trio, était un peu comme une grosse brute au cœur tendre. Il cherchait toujours des poux là où il n'y en avait pas. Il était aussi un peu notre protecteur. Dis comme ça, c'est un peu stupide, mais si l'un de nous avait des ennuis, il était le premier à prendre notre défense. Et moi ? J'étais plus calme, plus doux, sensible.On avait même tendance à oublier ma présence et j'étais facile à effrayer.
Nous étions des inséparables, si je peux dire. Lorsque nous étions dans le même groupe pour les chambres, c'était les instants les plus agréables. Nous chuchotions une partie de la nuit, jusqu'à en tomber d'épuisement. Quand j'y repense, ça me manque. À ce moment là, la vie, c'était quelque chose de simple, de facile. On avait juste à aller à nos cours, apprendre et comprendre ce qu'on nous montrait.
Nos cours étaient peu nombreux et peu approfondis, c'était plus pour déterminer dans quel branche on nous placerait. Melanie, Nathan et moi, on espérait tellement pouvoir être dans la même branche. Mais on savait qu'espérer ne servirait à rien. On s'est donc fait une promesse : se retrouver une fois affranchis.
Puis, vint le moment si redouté. Melanie fut envoyée dans la branche physique. Ils allaient faire d'elle une garde de fer. Nathan fut envoyé dans la branche physique, lui aussi, mais je crois pas qu'il ait été envoyé dans la garde de fer. Moi, j'ai eu le droit à quel chose de plus doux, de plus simple. J'ai eu le droit à quelque chose qui me plaisait. Le dessin. Bon pas le dessin à proprement dit, on m'envoyait plus dans une autre branche. C'est là-bas, seulement, que j'ai compris. L’État allait faire de moi un architecte.
Lors des premiers cours, je ne comprenais pas grand chose. J'avais pas le moral non plus. Je voulais seulement être avec mes deux amis. J'avais tout le temps envie de pleurer, je mangeais peu, aussi. J'inquiétais mes professeurs.
C'est seulement un mois après mon arrivée que quelqu'un est venu me voir. C'était mon professeur d'histoire de l'architecture, un homme bien. Il est venu me voir et m'a demandé :
«
Dis-moi, quelque chose ne va pas ?»
Sur le coup, j'étais surpris. Je ne savais pas comment réagir. Après avoir pris le temps d'analyser la situation, je lui ai tout simplement dis que mes amis me manquaient, que je voulais les revoir. Il a tout simplement souris. Il m'a dit que pour l'instant c'était impossible et que ça serai le cas pour un moment. J'ai pleuré et il m'a réconforté. Mais, c'était le premier contact humain et chaleureux que j'avais avec quelqu'un depuis que j'étais arrivé là. Et, depuis ce jour, chaque fois que ça va pas, je vais le voir et il me réconforte. Il me donne des solutions aux quelles je n'aurais pas pensé seul. En fait, Allen, de son nom, a toujours été comme un gardien.
Je devais avoir quelque chose comme treize ans lorsque je découvris qu'il était de la résistance. Mais, même si je ne savais pas ce qu'était la résistance, je voulais en faire partie puisque l'homme que je prenais comme un père en était. Je n'ai pas osé lui demandé si je pouvais faire parti de ce groupe sur le coup, mais je lui ai promis de n'en parlé à personne, puisqu'il semblait nerveux à l'idée que je le fasse.
***
Je venais d'avoir dix-sept ans. J'allais bientôt commencer à travailler en tant qu'architecte. J'allais bientôt quitter la supervision de mes professeurs et travailler seul … Bon, pas tout à fait puisque j'allais travailler pour l'État encore un moment.
Même si Allen n'était plus mon professeur, je passais souvent le saluer. Je n'avais toujours pas oublié l'idée de faire partie de le résistance, même si je n'étais pas certain de ce que c'était. Je me disais que si un homme gentil et bon comme Allen en faisait parti, ça ne devait pas être mauvais. Puis, une journée, j'en avais marre de pas savoir c'était quoi la résistance, je suis allé voir Allen. Je lui ai posé des dizaines de questions auxquelles il a patiemment répondu.
Il m'a expliquer ce qu'était la résistance. Il m'a dit qu'il attendait cette journée depuis longtemps m'avouant par la suite qu'il me considérait comme son fils et qu'il avait du mal à m'imaginer étant dans l'autre camp. J'ai souris. Moi non plus je ne m'imaginais pas être dans le camp opposé à mon père.
***
2190, voilà l'année qui a dû marquer le plus ma vie. Je suis tombé amoureux pour la première fois. Le plus drôle c'est que je n'aurais jamais cru trouvé l'amour en allant acheté des légumes. Car oui, cette fille, Amy, je l'ai rencontrée en allant acheter des légumes pour le souper qu'Allen allait faire pour mon anniversaire.
Donc, j'étais à l'épicerie et je fouinais dans les rayons des légumes lorsque je l'ai vue. Comme ça, au premier regard, il ne c'est rien passé de magique. Ce n'était pas un coup de foudre ou quoi que se soit. C'était juste le fruit du hasard. Je l'ai percutée, comme dans bien des histoires qui n'ont aucune originalité, mais qui pourtant ne se produisent jamais dans la vie de tous les jours. J'ai bredouillé des excuses minables et je me suis dépêché d'aller payer pour rentrer.
Si je n'aurais pas revu cette fille au parc deux jours plus tard, je l'aurais oubliée, comme bien des rencontres que j'ai pu faire, sans y porté davantage d'attention. Donc, comme je l'ai dit, je l'ai croisé deux jours plus tard. Elle était assise sur un banc. Je ne l'avais pas vraiment remarquée avec la foule qu'il y avait.
«
BONJOUR !»
En entendant cette vois je me suis retourné, surpris. Je ne l'ai pas reconnue.
«
Je suis Amy! Vous vous rappellez ? Vous m'êtes rentré dedans il n'y a même pas deux jours !»
Holà ! Laissez-moi dire que sur le coup, elle m'a semblé plus qu'étrange. Je regardai le sol, je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire.
«
Vous savez, en général, je ne me souviens pas des gens facilement, mais vos cheveux sont tellement beaux que je ne pouvais pas ne pas vous reconnaître … »
Je n'avais jamais entendu personne me dire qu'il trouvait mes cheveux
beaux. J'étais surpris et, tel le pire des crétins, j'ai regardé les siens. Ils étaient bruns, un brun normal, comme il y en avait des milliers.
«
Vous trouvez, moi j'aurais préféré avoir des ch ... »
Je n'ai même pas eu le temps de terminer ma phrase qu'elle m'interrompait la parole. Elle avait posé un doigt sur mes lèvres et me faisait signe de me taire.
***
Après notre première rencontre un peu loufoque, on est rester en contact. Il y avait eu comme un déclic. On est rapidement devenus amis. Mais, très rapidement, l'amitié que j'éprouvais pour Amy s'est transformé en amour. C'était la première fois de ma vie que je tombais amoureux. Au départ, je ne savais pas comment y réagir. J'avais peur qu'elle me rejette. J'avais peur qu'elle soir dégoûtée. J'avais peur.
J'ai finis par en glisser un mot à Allen. Il a rit. Je me sentais vraiment ridicule. C'était si stupide que ça ? Au bout de quelques minutes, j'ai fini par lui demander pourquoi il riait. Il m'a répondu qu'il n'en croyait pas ses oreilles. Il ne pensait pas que je viendrais le voir un jour pour lui parler de ça. Il en a profité pour me donné un mini cours de sexologie … J'avais beau tenter d'y échapper j'y arrivais pas … J'avais dix-neuf ans et demi, je pouvais bien m'épargner ce genre de truc non ?
Pourtant, j'avais oublié un truc. J'étais un orphelin de la nation qui n'étais pas affranchi. Je ne pouvais pas fondé de famille ou m'installer avec la personne que j'aimais. La réalité qui m'a été lancée au visage m'a refroidit, si je peux le dire comme ça.
***
Quelques temps plus tard, je me suis enfin décidé. Je voulais lui dire. J'avais tout préparer, rien ne pourrait gâcher la soirée. J'avais fait un souper assez compliqué à faire grâce à mon père. Il m'avait montré à faire du bœuf braisé sur lit de champignon portobello et à la sauce au poivre. J'avais mis une nappe et des chandelles sur la table. Je ne savais pas si j'en faisais trop ou si je n'en faisais pas assez et ça faisait monter un stress que je ne connaissais pas. Un stress qui sortait de celui de tous les jours. J'avais peur qu'elle s'enfuit en courant, qu'elle ne veuille plus m'adresser la parole.
Quelques minutes plus tard, j'entendis toquer. J'ouvris et je vis Amy. Je lui ai souri. Mon père qui était encore là est sorti en se faufilant dans le peu d'espace qu'il restait dans le cadre. Avant de nous quitter il nous souhaita de passer une bonne soirée.
Nous nous installâmes à la table, lorsque j'eus servis le souper. J'ai vu dans ses yeux cette lueur d'amusamment, elle avait compris mes intentions. J'ai senti une vague d'inquiétude me traverser. Je commençais à empiler les erreurs. J'ai renversé du vin ; j'ai brisé une assiette ; j'ai fait tomber un cadre.
Je l'ai entendue rire. Elle s'est levée et m'a rejoint à la cuisine, où je préparais le dessert. Elle m'a entouré de ses bras, me murmurant :
«
Calme toi un peu, tu pourrais te blesser. Je ne partirai pas. Je ne cesserai pas de te parler. Je ne t'en voudrai pas. Peu importe ce que tu arrive à t'imaginer ... Je n'ai aucune raison de t'abandonner...»
Ses simples mots m’ont rapidement calmé. Lorsque j’eus fini avec les desserts, nous retournâmes nous asseoir a la table. Puis, une fois mon assiette finis j’ouvris la bouche pour lui dire. Lui dire que je l’aimais. Mais comme souvent, elle ne m’a pas laissé le temps de parler. Elle s’était levée et m’embrassait, et ce avant même que j’eus le temps de le réaliser.
***
Il m’est difficile de parler d’elle. Les trois années que l’on a passé ensemble furent, certainement les plus belles de ma vie. Nous parlions toujours du futur. Nous prévoyions nous installer ensemble aussitôt que je serais affranchis. Souvent, le soir, lorsque je n’avais pas sommeil et qu’elle était la, nous préparions les plans de notre maison. On avait même parlé du nombre d’enfants que nous aimerions avoir. Trois, nous en désirions trois.
J’ai appris qu’elle faisait partie de la résistance. Lorsqu’il y avait une réunion, Allan s’occupait souvent de nous y apporter. Il était rare que l’on nous voie tous les trois ensembles. On ne voulait pas attirer l’attention. Surtout, si l’un de nous était démasqué, il ne fallait pas qu’il mène les autorités au deux autres.
Ces mesures que je trouvais stupides m’ont sauvé la vie. Amy est morte dans un accident de voitures … Selon les médias. Je savais que ce n’était pas ça. Amy était prudente lorsqu’elle prenait las route et il était très rare qu’elle prenne la route. En plus, la journée même je l’ai vu vue. Nous avions passé quelques heures enlacés et à faire les courses.
Lorsqu’Amy est rentrée chez elle, elle n’était ni ivre, ni droguée, ni rien qui aurait pu causer un accident. Elle avait été démasquée, voila ce que c’était passé. Et, pour avoir désiré un monde meilleur, elle est morte.
Il m’a fallu bien du temps avant de m’en remettre. En fait, si je n’avais pas eu la visite surprise d’un ami, je ne m’en serais jamais remis, je crois.
***
J’étais dans ma chambre, comme souvent. Rien faire, ne rien faire était à la fois douloureux et bienfaisant. Je pleurais, encore. J’avais l’impression de ne faire que ça, pleurer. Je n’avais que 23 ans et j’avais l’impression d’avoir vécu des siècles.
J’étais perdu dans mes pensé. J’étais là, là où elle était, dans mes souvenirs. Je n’avais jamais entendu la porte de l’appartement s’ouvrir, ni même entendu les gens qui y ont entré. Par contre, lorsque la porte de mon cocon a été ouverte, je me suis retourné, j’ai regardé les intrus.
Il avait Allan et un autre gars. Il avait les cheveux vert forêt et les yeux gris. Les épaules large et plutôt imposant, j’avais l’impression d’avoir à faire à un garde de fer.
«
T’as pas l’air bien vieux. Il était temps qu’on revienne non ?»
Mais … Mais de quoi parlait-il ? J’entendis une voix de fille dire :
«
Il est là ? Nathan, tu pourrais être plus gentil ! »
Nathan ? Ce nom me disait quelque chose. Mon cerveau réquisitionna quelque secondes avant de faire le lien. Nathan …MON Nathan ? Non, impossible, il n’avait pas les cheveux verts …
Je me suis assis sans rien dire. Je fixais mon père, un peu inquiet. La fille que je n’avais, jusque là, pas vu, passa entre Nathan et Allan. Son visage, son visage n’avait presque pas changé. Certes, elle était plus mature, plus belle, mais ce ne pouvait être personne d’autre que Melanie.
«
Melanie ? »
Elle se contenta de sourire et de me prendre dans ses bras. Elle me traita comme un enfant, me gardant dans ses bras.
***
S’ils n’étaient pas apparus, comme par magie dans ma vie, je crois que je ne serais pas là, à vous raconter mon histoire. J’ai appris qu’ils étaient affranchis depuis environ un an ou deux. Ce que je trouvais troublant, puisqu’ils n’avaient que vingt-et-un et vingt-quatre ans. Ils étaient vraiment jeunes, mais affranchis …
J’ai réussis à soutirer quelques informations à Nathan. Il n’aimait pas parler de son ancien métier. Il avait été assassin pour l’État. Il semblait s’en vouloir atrocement. Je savais qu’il n’aimait pas l’état, mais j’aurais dit que c’était plus que ça.
C’est seulement quelques années plus tard, après qu’il ait intégré la résistance avec Melanie que j’ai su pourquoi, depuis qu’il m’avait retrouvé, qu’il affichait un mine sombre. On buvait au bar du coin.
«
Tu sais … J’m’en veux. Ta copine, elle avait rien fait de mal … mais … On m’avait demandé de le faire, j’étais obligé si … si je voulais te retrouver, toi et Mel’. Je … Je travaillais pour Ségolène et … et … Ton Amy elle … »
Il semblait tellement souffrir de ça. Autant j’avais envie de le réconforter, autant, j’avais envie de le tuer. Il était mon meilleur ami, mais il était celui qui m’avait enlevé la femme de ma vie. Je me suis levé, et ait immédiatement raccompagné Nathan chez lui. Je ne voulais plus en entendre davantage.
***
Je ne lui ai pas parlé au moins un mois ou deux, le temps que je digère la nouvelle, le temps que je me convaincs que ce n’était pas vraiment sa faute. Lorsque je lui ai reparlé, il était soulagé, on aurait dit que toute sa tension venait de disparaître. J’étais moi aussi soulagé. J’avais peur qu’il m’évite, qu’il tente de me fuir.
***
«
J’ai entendu parler d’un projet. Zachary, Nathan, la personne vous l’expliquera. C’est le docteur Oliver, un vieil ami à moi. Mais si vous acceptez, vous serez livrés à vous-même, sans possibilité de retour …»
J’ai pas tout compris, mais Je lui ai répondu :
«
Mais … mais … Je … je ne suis pas encore affranchis, je ne peux pas non ?-
Pour ce projet, que tu sois affranchis ou non, n’importe pas. Mais si tu y vas … tu ne reviendras pas. Melanie ira avec jusqu’au centre du docteur, elle est déjà mise au parfum et elle a décidé de ne pas y aller, elle restera avec moi.»
C’est comme ça que nous sommes partis pour le projet Terra. Lorsque nous arrivâmes, Melanie nous présenta Oliver qui, lui, nous expliqua le projet. J’ai immédiatement adhéré. Ce monde pourris sur lequel on vivait, on pouvait le troqué pour un monde pur où l’homme était libre. Le seul problème était qu’il n’était pas garantit que nous survivions. En plus, Melanie ne voulait pas venir.
J’ai passé quelques jours chez le docteur ou il m’enseignait à survivre. Nathan m’a dit qu’il me rejoindra, mais dans plusieurs mois, il n’était pas prêt à quitter totalement notre monde.
Le jour de mon départ, je suis passé en ville. J’y ai acheté quelques papiers pour faire des plans, quelques crayons. Bon, en fait, j’en ai pris autant que possible. J’en ai profité pour me dénicher des vêtements chauds, les plus chaud possible, et quelques plus légers. Un manteau et des bottes, je ne savais pas s’il y avait de la neige là-bas.