HistoireLa fenêtre donnait sur un immeuble à l’aspect monolithique et il s’agissait bien de la seule chose que l’ont pouvait apercevoir. La pièce en elle même ne semblait pas avoir été entretenue depuis des années, fissures et moisissures faisaient offices de seule décoration. Certainement pour cacher la misère, un vieux tapis avait été disposé sur le sol. À proximité de la fenêtre se trouvait un homme, sur son fauteuil. Sans réelle conviction, il lisait un journal, qui d’ailleurs s’apparentait beaucoup plus à recueil de propagande qu’un papier informatif. Mais alors même qu’il s’apprếtait à ranger son journal, le silence n’était plus. Il s’agissait d’un bruit de sabot. Au fil des secondes, le son devenait de plus en plus clair et audible. C’est donc avec prudence que l’homme se leva en direction du seuil.
“Papa ?” Il s’agissait sans conteste, d’une fille relativement jeune. L’homme ne marchait plus, il s’était carrément précipité pour ouvrir la porte. Alors, se tenait un autre homme, tenant dans ses bras la source probable de cet appel.
“Je dois dire que, madame Walter m’a procuré beaucoup de plaisir, John.” Du sarcasme pur et profondément mauvais dont ne pouvait répondre le propriétaire des lieux que de par une expression d’effrois, terrorisé. “Vous connaissez les règles, vous avez vous même servis dans nos rangs.” John Walter voulu à son tour prendre parole, mais il fut coupé avant même d’avoir pu émettre un son. “Mais... mais... mais ! Si vous me dites ce que je veux savoir, il se pourrait qu’une certaine... clémence soit accordée à votre fille.” Le propriétaire des lieux commença alors à divulguer des noms, des lieux, tout.
Une détonation avait retenti, et John Walter s’était écroulé sur le sol, inerte et baignant le sol de son sang. L’homme s’adressa alors à la jeune fille. “Bienvenue dans notre grande famille, Lucie.”
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Pour un début de matinée, le ciel était particulièrement dégagé au dessus de la toundra. La seule présence humaine dans les parages n’était qu’une jeep suivant le sentier avec deux hommes en sont bord. “Eh, attend.” Le conducteur freina net, sortant son passager de ses rêvasseries. “Comment ? Où ça ?” Les deux hommes sortirent du véhicule. “Regarde, juste devant.” Ils s’approchèrent davantage.
Devant eux, se tenait un petit garçon, huit ans au grand maximum. La première chose que l’on pouvait remarquer, c’était ses yeux d’un bleu profond qui n’étaient que d'avantages mis en valeur par sa chevelure sombre et bouclée. De par sa condition d’enfant, ses traits n’étaient pas suffisamment encore développés pour être notifiés, mais il paraissait être incontestablement issu des peuplades des steppes. Il avait les pieds nu et son seul vêtement était un vieux manteau tombant presque jusqu’aux mollets de l’enfant.
“Comment est-ce que tu t’appelles ?” Le garçon fixa alors son interlocuteur, Aleksandr était son nom, ou plutôt, Alexander. L’homme lui demanda ensuite où est-ce qu’il habitait, l’enfant affirma alors habiter ici même et il renchérit même en spécifiant que ses parents étaient tous deux morts de la maladie il y a bien longtemps et ce, de manière calme et sereine sans même une once de mélancolie ou même de nostalgie.
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“Eh bien, exprimez-vous.” Alexander était menotté, debout devant le bureau, dans lequel siégeait le chef de la garde lui même. “Mon nom est Graham Bross, j’ai été en contacte avec ce regretté John et, il m’a parlé de vous et du Docteur... ” Le visage de son interlocuteur se mit alors à se décomposer. “Eh bien... étant donné la situation et la nature de votre inculpation, je pense que l’on peut s’arranger...”
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Les coups se succédaient bien trop vite, le jeune homme n’avait même plus la force pour riposter ou même de geindre, il ne put remercier le sort d’avoir fait intervenir un éducateur pour les séparer. “Explique-toi.” Le regard de l’instructeur était dur, mais Alexander répondit avec suffisance. “Il est faible. Tellement faible qu’il en chiale toutes les nuits le soir. Alors, j’ai pensé que je pourrais lui faire un cadeau avant la prochaine jonction.” Il réajustat son col et accorda un bref regard à sa victime qui avait été aussi tôt embarqué pour l’infirmerie. “Ça ne pourra que l’endurcir et permettez-moi de douter de votre bon sens si vous me reprochez mon excès de zèle.” Ces paroles n’avaient rien d’être des menaces en l’air, le lendemain il allait devenir inquisiteur, l’habilitant par la même occasion à débusquer tous les traîtres de l’État.
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“Alors, docteur ? Le général Johnson ne m’a que vaguement expliqué l’objet de vos études. Je ne suis pas le seul à y prendre part, n’est-ce pas ? Et de quoi s’agit-il réellement ?” Il avait posé ses questions, et le Docteur lui y apporta des réponses. Il y était question d’un monde parallèle où plus d’une vingtaine de personnes auraient déjà été expédiés.
Normalement, il aurait simplement assassiné le docteur puis dénoncé Carl Johnson, mais Alexander avait d’autres ambitions. Si il était arrivé jusqu’ici, d’autres le pourront aussi. Il se pensait dès lors le seul à pouvoir organiser la tenaille, non, la chasse aux pionniers.