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Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO !

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MessageSujet: Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! EmptyJeu 2 Jan - 17:03

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Anonymous

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Dietrich Krueger - R.I.P.

Premier arrivé, premier servi, et je prend place en premier dans la machine que nous présente le Doc, dont j'ai oublié le nom, peu importe, nous ne nous reverrons pas, à ce qu'il paraît, c'est un aller sans retour à ce que j'ai compris. Pour moi, c'est sauver ma peau pour une vie nouvelle, une renaissance vers mon aspiration, la liberté, un monde où nous avons le droit de rêver, de penser. Je ne pouvais dire que mon rêve se réalisait, je n'avais jamais osé rêver d'une telle chose, j'étais trop limité par les connaissances que m'accordait le savoir humain, l'Histoire de l'humanité ayant disparu, nous n'avions plus accès à tant de connaissances que nous offraient nos ancêtres. Nous avions tant perdu... Mais ça... j'ignorais l'étendue des pertes...

Une lumière nous envahit tandis qu la machine démarre dans un tintamarre assourdissant, nous secouant sans vergogne. Etait-ce la traversée entre les deux univers qui occasionnait de telles secousses, ou bien le fonctionnement normal, non moins rassurant, de l'appareil ? Je m'agrippait à ce que je pouvais, accoudoirs, manettes, mains, humain, peu importe, je n'avais pas le pied marin, j'aimais le plancher des vaches et ces tremblements me rendaient malade. Malade de peur ou mal de mer ? Oublions ce détail et entamons la traversée...

Aveuglé, je perdis toute notion, espace, temps, je ne savais plus où nous étions, quand, comment, pendant quelques secondes, comme une perte de connaissance qui avait duré quelques instants. Et pourtant, un paysage nouveau s'offrait à nous, un paysage vierge de toute présence humaine, aucune constructions, pas de fils électriques suspendus entre des poteaux de bétons, rien, que l'harmonie de la Nature qui a pris le dessus sur le monde. Comment avait-il évolué ? En ne permettant pas l'accroissement d'une espèce telle que l'humain...

Nous voici projeté en avant, retenant mon souffle, je manque de tomber, me retenant d'un pas. Je reprend souffle, un nouveau souffle, comme si je remontais à la surface de la mer déchaînée de l'Ancien Monde qui m'avait englouti dans ses flots tourmentés, m'octroyant tout espoir de me débattre. Les chaînes se défont et coulent, me lâchant dans ce monde avec pour seul souvenir ma mémoire et mes possessions. La cigarette me manquera, mais trouverais-je de quoi pallier le manque de nicotine. Je n'étais pas un accroc, et l'air pur emplissait déjà mes poumons, me confortant dans l'idée que je n'aurais pas besoin de ces palliatifs à la nervosité.

Le vent souffle doucement dans mes cheveux, me portant les rumeurs des insectes qui volètent légèrement, les oiseaux chantant sans que cela ne deviennent désagréables tels les cris des corbeaux réclamant le désespoir avec agacement. Ca sent la liberté. La vraie, la vie. Celle que nous aurions dû avoir à la naissance, avec l'égalité. La vérité. J'ouvrais pour la première fois les yeux, comme un nouveau-né qui pousse son premier cri. Le cordon ombilical a été coupé et je sens une montée émotionnelle m'envahir, une bouffée de chaleur monter jusqu'au cerveau, donnant comme une décharge électrique, à m'émerveiller de cette soudaine réalité.

Mais je n'étais pas le seul à m'ébahir de cette démonstration de plénitude , je n'étais pas seul à être arriver ici, en ce monde, et je ne savais pas si je devais être rassuré ou non. Moi qui ai toujours travaillé seul, ça me faisait un effet bizarre. Non pas que je le considérais comme un poids, je ne le connaissais pas. Enfin... Sa tête m'était familière, à ce que j'ai eu le temps d'entrevoir avant de passer du côté obscure de la Force du Nouveau Monde. J'eus mon instant de découverte face à toute ces nouveautés, maintenant que je le regardais un peu mieux, je me rappelais de quelque chose, de lointain, tout en étant flou. Je l'avais déjà croisé auparavant, mais où ?

Me tournant vers lui, je fis un pas ou deux en avant et lui tendis une main amicale, avec un sourire sincère, j'étais légèrement plus grand, forcément plus musclé, j'en déduisis que c'était une tête pensante, et j'avais déjà quelques surnoms en tête, mais pas tout de suite, ce serait mal vu :

« Je crois qu'on va devoir travailler ensemble pour survivre un peu ici ! Je m'appelle Dietrich ! Et toi, c'est quoi ton nom ? »

J'avais parlé en un anglais bien maitrisé, grâce à ma double nationalité qui m'avait permis d'apprendre la langue sur le tas, pour peaufiner les bases apprises à l'école pour exercer mon emploi. Cette langue était universelle, et à part les moins riches qui n'étaient pas passé par le programme Orphelin dans les pays non-anglophones, tout le monde connaissait quelque bribes de ce langage. Malgré cela, je conservais un accent fortement prononcé d'Allemand de Frankfurt. Que voulez-vous, on ne pouvait renier ses origines. Je lui avais tendu la main en signe de coopération, même si j'avais pour habitude de travailler seul, il ne fallait pas être trop con pour comprendre que dans un tel monde, inconnu et mystérieux, nous devrons nous serrer les coudes. A bas la diplomatie et tous les rangs, la politesse et tout. Il n'y avait plus de loi ici, seul la bienséance naturelle était de mise. Il était sans doute plus intelligent que moi, mais j'avais les jambes, nous formerions un bon duo pour commencer en ce monde, car même un assassin doit avoir quelqu'un pour le diriger, le guider, une tête au dessus de lui pour agir.

Mais maintenant que je le voyais de plus près, je penchais la tête sur le côté d'un air curieux et je remarquais qu'il était quelque peu échevelé, alors plutôt que lui tendre la main, je l'époussetais, car il n'avait franchement pas l'air frais, ce qui était plutôt étonnant, car le voyage n'avait pas été si... mouvementé que ce que je pensais, après tout, entre deux mondes... Mais j'en étais ressorti presque aussi frais que quand j'étais entré.

« Ca va ? Pas trop remué par le voyage ? »

Lui demandais-je d'un air inquiet.


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MessageSujet: Re: Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! EmptyJeu 2 Jan - 17:48

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Heinrich Klein - R.I.P.

    J'avais pénétré dans la machine sans enthousiasme, laissant le sas se refermer derrière moi avec un soupir lugubre. J'avais l'impression d'être un astronaute qu'on envoyait sur une planète hostile , droit vers une mort certaine. Qu'est ce que le professeur en savait ? Un voyage sans retour...un nouveau "départ" tous ces termes ne désignaient-ils pas une version de la mort ? Un bruit sourd résonnait dans mes oreilles un vrai vacarme, pendant que tout tremblait autour de moi avec un bruit de réacteur de boeing 747.

    Et un sentiment de fin du monde s'empara de ma poitrine quand une lumière blanche m'aveuglait.
    Pendant un instant je n'existais plus. J'ai cru que j'étais mort. Ma perception était complètement absente, plus de conscience. Comme un ordinateur qu'on éteint de force.

    Et puis je redémarrais, d'un seul coup tout revint. Je voyais, je sentais, je vivais. Mon coeur battait dans ma poitrine et une douleur me vrillait le crâne alors que mes paupières s'entrouvraient pour découvrir un monde nouveau-né. Tout se bousculait dans ma tête.
    Ca avait fonctionné. J'étais en vie et en pleine catatonie.

    « Je crois qu'on va devoir travailler ensemble pour survivre un peu ici ! Je m'appelle Dietrich ! Et toi, c'est quoi ton nom ? » dit-une voix en anglais avec un accent allemand bien reconnaissable.

    Je ne pouvais pas répondre tout de suite. C'était trop pour moi. Pris de vertige, je tombais à genoux sur le sol, plaquant ma main contre ma bouche. J'ai cru que j'allais vomir, de peur, de dégoût, je ne sais pas. Et comme pour toutes les choses désagréables et répugnantes de ma vie, je ravalais mon haut-le-coeur, fébrile et tremblant avant de reprendre une respiration rapide .

    Tellement de sentiments et de sensation désagréables me transperçaient à cet instant que j'étais incapable de les processer intelligemment. Mon côté rationnel reniait l'information tandis que l'autre exprimait la panique interne de façon plus somatique. Je me relevais prudemment absorbant de nouvelles images. Des plaines recouvertes de rochers plantés aléatoirement comme si une pluie de météorite avait frappé en même temps que nous. Mes rétines absorbaient toujours le décor quand je répondais d'un ton faible et distrait :

    « J-Je.. Je m'appelle H-Heinrich Klein »

    Mon regard glissa alors sur l'homme qui m'adressait la parole. Il s'agissait bien du candidat de tout à l'heure et désormais je pouvais mieux apercevoir les traits de son visage et ses yeux bleus qui me fixaient avec un air étrange. Je réalisais alors qu'il me tendait la main, mais au moment où je m'apprêtais à tendre la mienne il se ravisa et je la laissais pendre dans le vide, sans le moindre regret.

    « V-Vous êtes allemand, Dietrich ?»

    Evidemment avec un nom comme celui-ci et son accent il s'agissait plutôt d'une question rhétorique. Cependant ce qui me frappait, ce n'était pas seulement cette fébrilité interne qui ne me quittait pas, l'état de choc dans lequel je me trouvais, mais plutôt l'absurdité de la conversation parfaitement normale que je parvenais à construire avec cet individu, qui lui agissait de manière aussi nonchalante que s'il était parti se payer des vacances aux Baléares.

    Moi j'avais l'impression que mon esprit se trouvait à des années lumières du présent, les yeux grands ouverts. J'étais vivant en enfer.

    C'est au moment où les grandes mains pleines de doigts de Dietrich vinrent m'épousseter que je réalisais vraiment où j'étais et tout ce que cela impliquait et que bon sang, je devais me ressaisir, quitte à me mettre des claques. Je reculais d'un pas et je frottais nerveusement mes vêtements, prenant un ton plus calme et plus mesuré.

    « Un peu secoué quand même...mais je m'en remettrai. »

    Je me pinçais, pour confirmer que tout ça était réel et que je n'étais pas prisonnier d'un mauvais rêve.

    Une brise glacée me surpris et je refermais aussitôt les boutons de mon manteau, contemplant la plaine dévastée. Pas un signe de vie humaine dans les environs. Je levais les yeux au ciel, dégageant les mèches rebelles de mon visage et je constatais que le ciel était bleu mais que les nuages pouvaient prendre des nuances changeantes, dissimulant le soleil.

    Tout cet univers devenait alors plus tangible et le choc céda la place à la peur angoissante, que je dissimulais par habitude derrière un masque quasi impassible, au pire, j'avais l'air inquiet.

    «Nous devrions essayer de trouver les autres ...Il y en a d'autres, n'est-ce pas ?»

    J'avais pris le Dr. Oliver pour un savant fou, par conséquent je n'avais pas accordé beaucoup de crédits à ses paroles et il m'était impossible de déterminer s'il avait mentionné d'autres personnes auparavant. Mais..nous ne pouvions pas être les premiers.

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MessageSujet: Re: Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! EmptyVen 3 Jan - 8:24

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Dietrich Krueger - R.I.P.

A première vue, mon camarade d'infortune, oui, d'infortune, car la vie qui se présentait à nous n'était pas rose, c'était une alternative à notre vie ancienne, candide, oisive mais avec son contrepartie, enchaînée, alors que là, nous avions la liberté, mais livrés à nous-mêmes, ne semblait pas le prendre aussi bien que moi. Oui, de mon côté c'était un choix, enfin, un choix entre la mort et ça, ce n'en était pas vraiment un, mais, j'attendais peut-être cette opportunité depuis fort longtemps, cette soif de liberté, sans craindre de me faire tuer par un ami. Certes, ici, je pourrais me faire tuer par un pionnier, par mon compagnon, mais ce serait sans doute pour une meilleure raison que celle de l'échec d'une mission, n'est-ce pas ? De toute façon, en le regardant, il faudrait que je sois un incapable pour me faire avoir par ce gringalet. J'étais un professionnel après tout...

Mais il était pâlichon, était-il malade ? Je n'imaginais pas une seconde qu'on eut pu lui imposer de venir ici, promettant un avenir plus envieux que sur Terre. A moins qu'il n'avait une place hautement placée, mais on avait tous le risque de se faire trahir chaque jour, vivant dans la peur. Rares étaient ceux qui n'avaient pas peur, cela avait engendré une société pourrie, où la trahison était récompensée, mais tu étais seul, quoiqu'il arrive, même si tu gagnais les faveurs du gouvernement, tu n'avais pas le droit de faillir une seconde, sinon il te lâcherait, sans préavis, pas de seconde chance, tu étais un rebut. Je l'avais appris à mes dépens, même si je le savais plus ou moins à force de voir disparaître des collègues, voire de les éliminer de mes propres mains. Cela arrivait, on le faisait froidement, abandonnant les sentiments pour accomplir ce qui nous semblait normal, un mouton de Panurge en bref. Abandonner toute réflexion pour suivre un instinct grégaire... ou de survie, cela dépend du point de vue, j'imagine.

En tant qu'assassin, je n'étais pas encore capable de me dire « ex-assassin », puisque mes compétences relevaient de ce métier, j'avais été éduqué en ce sens, difficile de renier ce pour quoi nous avions été formé depuis l'enfance, renier sa vie entière, en fait. Assassin j'avais été, assassin je resterais. Mais cet emploi m'avait permis de développer un instinct de survie, un instinct animal, de pouvoir chasser une proie, dans toutes les conditions, dans tous les milieux, ce qui m'offrait aujourd'hui un don d'adaptation plutôt hors-normes. Aussi, je ne comprenais pas son attitude, à lui, là, le maigrichon. Nous étions fondamentalement différent, pas sur la même longueur d'onde, et je ne savais si j'étais capable de compatir, ce sentiment restant faible à mon sens, inutile.

Pourtant les paroles semblaient le sortir de sa rêverie, comme si c'était une manière de garder les pieds sur terre, pour éviter de se faire emporter par le désespoir de la réalité qui s'offrait à nous, la réalisation de notre condition de retour à la nature, sans ressources qui coule directement dans nos mains. Il allait falloir se bouger le cul, si nous voulions survivre.

Il se présenta, d'un air incertain, je me demandais presque s'il se souvenait de qui il était. Heinrich Klein, un prénom dont je ne me souviendrais qu'avec un petit mémo débile... genre... « Heineken », ouais, une bonne bière... la sonorité se rapprochait. Avec un nom pareil et un accent dévoilant ses origines, je notais qu'il était germanophone. Il y en avait tant et tant dans le monde, que je ne devinais pas le pays d'où il pouvait venir, mais lui semblait déduire mon lieu de naissance :

« Ouais, j'suis allemand. Toi aussi, je présume ? »

Ca me paraissait logique finalement, je ne réfléchissais pas trop à tout cela, ici, ça n'avait plus vraiment d'importance, à part au niveau de la langue. Désormais, je pouvais enchainer sur ma langue natal. Cela était un point d'ancrage sur une éventuelle camaraderie, les langues rapprochaient les peuples. Nous avons deux langues en commun, pour ne pas se comprendre il faudrait vraiment qu'on ne fasse pas d'efforts..

Je me retournais, lui tournant le dos pour suivre là où il regardait, d'un air inquiet, me faisant part de ses doutes, sur la possibilité de retrouver d'autres personnes ici. J'avouais que je n'avais aucune idée sur cette possibilité, je m'étais lancé dans l'aventure sans vraiment me poser de questions, c'était ça ou la mort, le choix était vite vu.

« J'en sais foutrement rien. En tout cas, il faut bouger, si on reste ici, on va geler sur place si on se fait pas bouffer par des bestioles. Déjà, on devrait trouver une source d'eau potable, car là où il y a de l'eau, il y a de la vie, et donc de la ressource. »

J'étais très sérieux, il devait le savoir, mais dans son état, je me demandais s'il était apte à penser à ce que nous devions faire en urgence, agir, donc. De toute façon, même s'il en était pas capable, je le ferais bouger, aussi violemment faut-il, genre une claque. Car même si je suis un solitaire,habituellement, il fallait être con pour se dire qu'on était capable de se débrouiller seul en ce monde. Et il avait certainement des compétences que je n'avais pas, alors... Autant en profiter.

Concernant l'éventualité de trouver d'autres personnes, il ne me semblait pas que c'était le plus urgent, au contraire. Nous les rencontrerons en temps voulu, mais il était hors de questions que nous perdions notre énergie à les chercher. Il fallait parer à notre propre survie, surtout que nous n'étions sûr de rien. Je me retournais dès lors vers lui et le scrutait.

« On va déjà faire l'inventaire de ce qu'on a. Montre un peu ce que t'as en poche. »

De mon côté, pour le motiver à m'écouter, je sortais de mes poches mon couteau, ma gourde et du fil. J'étais vraiment parti main dans les poches. De toute façon, je ne possédais pas grand chose de plus dans l'autre monde...
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MessageSujet: Re: Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! EmptyVen 3 Jan - 16:28

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Heinrich Klein - R.I.P.

    Je n'ai jamais été très chanceux dans ma vie. Je suis né avec des handicaps. Mon premier handicap était la dissidence de mes parents. Dès que je l'ai su, j'ai baissé la tête et je n'ai eu de cesse que de vouloir rentrer dans le rang et me rendre utile à notre nation. Mon deuxième handicap était ma rousseur - insignifiant penseriez-vous ? Aujourd'hui je serai d'accord avec vous, mais à l'époque...Je haïssais ces cheveux roux qui me distinguaient dans la foule, qui m'isolait des autres, qui me discriminait. Mais une dette, ça se paie. Une couleur de cheveux ça se change facilement. Mais ce que j'avais dans le coeur, ma déviance, celle-là n'était guérissable par aucun remède, ni aucune rééducation.

    Alors j'ai vécu ma vie comme un condamné, sans le montrer à personne, tentant de me fondre dans la masse, dans éveiller les soupçons.

    J'ai vécu dans la peur, toute ma vie.

    Mais je savais qu'un jour, ce handicap causerait ma perte. Et j'étais convaincu que ma déchéance viendrait pas le régime.

    Mais ce qui c'était passé défiait l'entendement. Je sais ce que vous pensez. Je devrai me sentir libéré ici. Pas de règles, pas de régime, pas de loi, pas d'exécution. Vous pensez que je devrai être libre de ma prison, dans le nouveau monde. En effet, peut-être que la panique qui m'envahissait n'était que le résultat d'une longue histoire d'oppression domestique mise en contraste avec cette liberté sauvage. Ou peut-être que j'avais vraiment eu très peur de mourir, simplement.

    En tout cas je n'étais pas prêt, ça c'était certain. Et j'apprendrais à me dépends que lorsqu'on a vécu sa vie dans une cage, dans une prison, conditionné, on la quitte pas aussi facilement, pas avec un simple changement de décor. Et de la même façon, les mentalités ne changent pas...

    C'était certainement le cas du candidat numéro 1. Je le jugeais vaguement du regard, mais dans la panique, je me sentais incapable d'inférer quoi que ce soit. C'était un homme, d'un âge difficile à déterminer, probablement proche du mien. Il était grand et bien bâti, la mâchoire carrée surmontée d'un bouc bien fourni, les cheveux courts et sombre et semblait européen. La seule fantaisie venait de l'éclat doré qui ornait son oreille.

    Il me confirma qu'il était allemand et me tutoya par la même occasion.

    «Oui c'est exact. De Dresden.» reprenais-je dans ma langue maternelle en réajustant la position de mes lunettes.

    Au moins j'éprouvais le soulagement d'être dans le même bateau qu'un compatriote, nous n'aurons aucun mal à communiquer. Mon anglais est impeccable mais malheureusement pour moi mes registres sont limités. Je ne connais pas le vocabulaire très routinier. Je serai incapable de vous demander de me passer la louche ou une passoire en anglais, en revanche je pourrais aisément argumenter sur n'importe quel sujet et vous décrire une opération étape par étape.

    Je m'inquiétais des autres colons, il devait y en avoir, il me semblait que le docteur l'avait sous-entendu...Et si c'était le cas, est-ce que tout le monde arrivait par le même endroit ? Est-ce que le transfert s'était bien passé, nous étions en vie, ça oui mais...étions nous arrivés à la bonne destination ? A moins qu'ils ne soient tous morts...

    « J'en sais foutrement rien. En tout cas, il faut bouger, si on reste ici, on va geler sur place si on se fait pas bouffer par des bestioles. Déjà, on devrait trouver une source d'eau potable, car là où il y a de l'eau, il y a de la vie, et donc de la ressource. »

    Au moins je devais reconnaître que Dietrich avait l'esprit pratique à défaut d'avoir le sens de la formule. Et il semblait plus sérieux que tout à l'heure. J'étais soulagé de réaliser que mon compagnon n'était pas aussi nonchalant, ni aussi débile qu'il en avait eu l'air tout à l'heure. J'hochais la tête.

    «Bonne idée.» Je balayais les plaines du regard. Pas un seul indice concernant une vie humaine, ni un cours d'eau. «Mais par où commencer ?» murmurais-je, les lèvres sèches.

    Il suggéra que nous commencions d'abord par effectuer l'inventaire de nos possessions. Je me sentais particulièrement mal à l'aise quand je le vis sortir son couteau. Il était armé. Après tout , vu sa dégaine, il n'était pas impossible que je me sois retrouvé face à un membre de l'armée. S'était-il retrouvé dans la même situation que moi, ou bien le contraire ? Et s'il était un résistant ? Quoi qu'il ne soit, je devais tenir ma langue et faire attention à ce que je disais.

    «J'ai bien peur que je ne sois pas venu aussi préparé que vous...»

    J'ouvrais mon sac et je découvrais un tas de feuilles de papier : la version anglaise de mes conclusions, des feuilles vierges, un crayon ainsi qu'un paquet de mouchoirs en papier. Je réalisais que je n'avais rien. J'aurai pu venir à poil, cela aurait été pareil. Je commençais à avoir des doutes concernant nos chances de survies qui devaient être bien maigre. Je tournais la tête en direction d'une pile de rochers. Il était difficile de voir très loin avec ces grosses pierres qui finissaient par se heurter à votre regard et cacher l'horizon.

    «Nous devrions essayer d'y voir un peu plus loin. Nous ne pouvons pas vraiment nous permettre d'errer n'importe où, sauf en dernier recours. »

    Je me tournais sur le côté dans l'idée de grimper sur une pierre modérément haute histoire de scruter l'horizon. Dietrich avait raison, s'il y avait de l'eau il y aurait de la vie : mais s'il y a avait de la fumée on pouvait en tirer la même conclusion. Je m'approchais d'un tas de pierre, là où le sol un peu boursouflé offrirait une bonne prise.

    Sauf que quelque chose d'autre attira mon attention. Sur la pierre, gravé ou taillé maladroitement...un...nom ? Je m'approchais aussitôt pour m'agenouiller près de la pierre, ôter la mousse qui avait commencé à la recouvrir et confirmer mes craintes. Un nom, gravé en caractères latin. Une tombe sans aucun doute. Alors que cette découverte macabre aurait dû me donner des frissons, elle me rassura. J'esquissais un faible sourire et j'appelais mon compagnon avec un enthousiasme modéré.

    « Dietrich ! Je crois que nous ne sommes pas seuls... Regardez. Une tombe. » Je marquais une pause, le temps que lui aussi examine la pierre. « Les autres pionniers ont dû former une société non loin d'ici. »

    Une lueur d'espoir s'alluma dans mon regard.

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MessageSujet: Re: Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! EmptyVen 3 Jan - 19:36

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Dietrich Krueger - R.I.P.

Dresden, je connaissais, au sud de Berlin, non loin de là où j'avais passé mon enfance, adolescence et... toute mon éducation en fait, bien que je n'ai pas souvenir d'avoir visité la ville, car à l'époque, nous étions limité à nos pauvres murs gris et sales de ce qui représentait notre foyer, en charge de nous inclure dans le projet Orphelins de la Nation. Est-ce qu'il en avait fait partie ? Peut-être était-ce là-bas que je l'avais croisé, dans une classe autre que la mienne. Car il avait probablement un âge proche du mien, ce serait donc là que je l'aurais rencontré auparavant, car je n'oublie jamais un visage, ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui, mon « don », ma mémoire eidétique. Mais je pensais qu'il citait le nom de sa ville de naissance... Probablement. Je ne pouvais pas préciser si bien mes origines, je n'avais aucun souvenir sur ce plan et je ne m'y était guère intéressé, trop occupé à pleurer ma liberté volée, bafouée, à espérer en vain.

Cependant, ça restait un frère, en quelque sorte. Peu importe ce qu'il avait été auparavant, dans son métier, j'imagine que de toute façon s'il apprenait qui j'étais, il essayerait de me fausser compagnie, et ça ne m'arrangerait pas. Mais je ne voulais pas ça, car qui sait s'il y avait d'autres survivants ici, je ne refusais pas la compagnie d'un semblable, surtout avec la même culture, ce qui facilitait les choses,j'avais peur que passer la vie ici en solitaire ne nous aliène, pour en revenir à un état sauvage, de primitifs.

Je savais pertinemment qu'il serait dans nos priorités de trouver nos semblables. Par où commencer, comment procéder, toutes ces questions me travaillaient aussi. Dans l'autre monde, c'était tout de même plus simple de retrouver des personnes, grâce aux réseaux d'information. Ici, nous étions complètement démunis. Par contre, dans le projet, on nous avait fait travailler cet instinct de chasseur, au cas où nous nous retrouvions dans des situations incontrôlables dans laquelle la proie se fourrait pour nous perdre. Je me défendais aussi dans ce domaine et renifla un peu l'air, pour essayer d'en détecter les effluves provenant d'un quelconque environnement. Mais le froid commençait à paralyser mes sens, au point que je ne sentais rien de particulier, à part que le vent venait d'une direction qui me semblait être le Nord, par logique, vu le froid qu'il emmenait avec lui. Difficile de se repérer en fait, même avec les étoiles, surtout invisibles encore à cette heure...

Tant pis, nous n'avions plus qu'à se débrouiller à deux pour s'en sortir en laissant tomber nos repères d'antan. Je consultais ce qu'il possédait, constatant qu'en effet, il était venu aussi bien préparé que moi. Je me demandais alors si le Doc Folamour nous envoyait vraiment ici les mains dans les poches comme des touristes, en fait. Bon d'un autre côté, c'est pas comme si je sentais que j'avais besoin de beaucoup d'autres choses... Mon couteau me servirait pour la chasse, et voilà, ce serait déjà pas mal. Par contre du papier, et un crayon, à part pour faire du feu... Je n'en voyais pas trop l'utilité dans l'immédiat. Mais dans le doute, il serait bon de ne pas tout miser là-dessus, ça pourrait être utile plus tard.

« De toute façon, nous devons faire avec pour l'instant... »

Je ne perdais pas pied malgré le constat d'une situation proche du désespoir, mais s'abandonner dans ses bras ne serait pas la meilleure des solutions. Et puis merde, j'avais fait un choix, je n'allais pas le regretter, comme chacun de mes actes, je ne les regrettais jamais, je n'allais pas commencer dans un nouveau monde, j'avais déjà trop de changement d'un coup, celui-ci ne faisait pas partie du plan.

Pendant que le petit alien, en référence à sa couleur extravagante de cheveux, s'occupait à scruter aux alentours, mon regard s'était tourné au sol, d'un air inquiet, constatant qu'il y avait eu du passage par ici, que ce soit animal ou humain, à en constater par les marques laissées par des chaussures industrielles, restées gelées dans le sol durci par la température non loin du négatif, si cela n'avait pas passé le zéro degré Celsius. Accroupi, je passais mes doigts sur les marques de pattes animalières, essayant de reconnaître la créature qui aurait pu posséder de telles empreintes, mais il me semblait que c'était inconnu dans mon répertoire, bien que j'y rapprocherais à une espèce féline de grande taille, ça n'avait rien de rassurant. Je me relevais, le sourcils froncés d'un air inquiet, pour aller voir ce qu'il voulait me montrer : Des pierres tombales. Surpris de voir que les possibles survivants aient pu s'occuper à monter ces funérailles, je fus soulagé en me disant que le blanc-bec avait raison.

« Oui, c'est fort possible, mais ils ont dû s'éloigner suffisamment pour éviter les maladies liés à l'enterrement des corps. Peut-être est-ce pour indiquer aux nouveaux arrivants qu'il y a bel et bien une activité... Astucieux... Ah, au fait j'ai trouvé des traces de pas, mais dans ces hautes herbes, ça risque d'être difficile de suivre la piste... »

Ainsi, ce champ de pierre serait le point de départ pour tous, la « porte d'entrée » de ce monde. Mais alors où sont allés les autres ? Je souhaitais qu'ils ne soient installés trop loin non plus... Mais ce serait idiot. Alors selon la logique des choses... Nous avions la forêt d'un côté et une plaine menant jusqu'aux montagnes, et peut-être une mer de là d'où venait le vent. Je partirais sans doute à l'opposé de la forêt, sans trop aller vers le Nord, de crainte d'aller trop en direction des régions glaciaires... Enfin, si nous admettions que ce monde ressemblait à la Terre... Difficile de briser toute une chaîne de mœurs et d'instinct contenue dans notre ADN primaire... Mais je n'imaginais pas vraiment d'autres alternatives. En lui montrant du doigt, je lui indiquais :

« Je pense que nous devrions prendre cette direction. Peut-être pour trouver des humains, mais au pire, nous serons pas en proie aux éventuelles créatures provenant de la forêt. »

Ces empreintes informaient de la présence d'animaux de tailles remarquables, qui ne connaissaient pas l'homme en tant que prédateur, mais devaient s'en faire une possible proie pour l'instant. Et puis, depuis quelques temps, je ne me sentais pas particulièrement rassuré, peut-être épié, sans savoir d'où pouvait venir le regard qui nous fixait. J'avais beau regardé de toutes parts, je ne trouvais rien, mais ça me perturbait, rendait un peu nerveux et mon poing se resserrait sur le poignard. J'espérais que j'avais simplement une mauvaise impression, une méfiance naturelle face à un environnement inconnu, mais je partageais ma crainte :

« Restons pas là. Cette forêt ne m'inspire pas. Trouvons rapidement ce que nous cherchons, que nous puissions nous trouver un abri où nous pourrons être en sécurité. »

Je pris les devants, d'un pas rapide et nerveux. Nous n'avions de toute façon plus grand chose à faire ici. Mais ce champ de pierre était plus vaste que je ne m'imaginais...
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MessageSujet: Re: Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! EmptySam 4 Jan - 17:35

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Heinrich Klein - R.I.P.

    Je contemplais la pierre taillée avec un sourire, ravi de ma découverte. Certes la présence de tombe indiquait la présence de la mort, mais aussi de la vie, et d'une vie pas forcément très loin d'ici. D'une société suffisamment organisée pour enterrer ses morts et laisser un nom pour la postérité. Il n'y avait pas de traces d'offrandes, ni de fleurs d'aucune sorte. La vie ici devait être trop simple et trop dangereuse pour se laisser aller à ce genre d'hommage superflu. Mon compagnon m'indiqua qu'il avait trouvé des traces de pas. Je me redressais et j'observais les alentours. Il devait avoir l'oeil pour avoir repéré quoi que ce soit ici. L'herbe haute m'empêchait de distinguer clairement le sol.

    « Je pense que nous devrions prendre cette direction. Peut-être pour trouver des humains, mais au pire, nous serons pas en proie aux éventuelles créatures provenant de la forêt. »

    J'hochais la tête en silence, et je le laissais prendre la tête de l'expédition sans aucun regret. Il semblait s'y connaître beaucoup mieux que moi en ce qui concernait la vie sauvage, il était plus prudent de le suivre docilement et d'éviter de lui donner des raisons d'utiliser son arme sur moi. D'ailleurs il n'était pas très curieux à propos de moi. Tant mieux. Peut-être avait-il peur que je lui retourne la question ou bien n'en avait simplement rien à faire. Quoi qu'il en soit, cela m'évitait bien des problèmes.

    Je jetais un dernier regard en arrière vers la tombe. Sans le savoir, j'avais contemplé mon funeste avenir ici. Où que l'on aille on n'échappe pas à la mort....J'aurai aimé pouvoir déterrer le corps, savoir de quoi cette personne était morte : de maladie ? Ou bien avait-elle trouvé la mort dans les bras d'un autre humain ou d'une bête sauvage ? Mais nous n'avions pas le temps. De toute façon la terre était trop dure et le corps probablement trop décomposé.

    Je me tournais donc vers Dietrich qui avançait prudemment dans les hautes herbes.

    « Restons pas là. Cette forêt ne m'inspire pas. Trouvons rapidement ce que nous cherchons, que nous puissions nous trouver un abri où nous pourrons être en sécurité. » Dit-il d'un ton tendu qui ne me rassurait pas.

    Je regardais aux alentours en suivant prudemment son sillage. Je déglutissais mal alors qu'une tension envahissait mon estomac. Si lui était nerveux....Il savait forcément ce qu'il faisait. A moins qu'il ne soit paranoïaque. Mais quel genre de paranoïaque s'enfoncerait dans ces hautes herbes avec un inconnu ? Ca n'avais pas de sens.

    Nous marchions, perdus sur ces terres inconnues, vulnérable et désarmé - en tout cas dans mon cas - sans savoir vraiment où nous allions. Et s'il se trompait ? Je soupirais. De toute façon je n'avais pas de meilleure idée, et quitte à mourir, autant que je ne sois pas seul.... Je pouvais me considérer chanceux de ne pas avoir atterri ici tout seul, à deux nos chances de survies sont multipliées.

    Je marchais soudainement perdu dans mes pensées quand un bruit m'effleura l'oreille. Je m'arrêtais et je n'entendais plus rien d'étrange, mettant cela sur le compte de mon imagination, je reprenais la route, suivant la nuque dégagée de mon compagnon qui ne disait pas un mot, concentré sur le chemin qu'il traçait.

    Jusqu'à ce qu'il disparaisse soudainement de mon chant de vision, enlevé par un éclair rose foncé ?

    Hein ?

    J'avançais dans les herbes qui me barrait le chemin retrouver Dietrich sous un félin aux muscles saillants, le pelage rose foncé. L'animal poussa un grognement ou plutôt un rugissement qui me glaça le sang. La bête dominait mon compatriote de toute sa hauteur, laissant peu de place à ses mouvements. J'aurai été incapable de déterminer qu'il était encore vivant si ce n'était pas pour ses grognement à lui.

    « Dietrich !»

    Sans arme, je ne me sentais pas utile. Mais j'avais l'habitude de l'adrénaline, celle qui me montait au cerveau tout de suite comme lorsqu'une opération commençait à mal tourner et qu'il fallait prendre des décisions rapides. Seul problème : j'étais beaucoup moins préparé à ce cas de figure. Donc je donnais un vif coup de pied dans le bas-ventre de l'animal qui finit par se tourner la tête vers moi, la gueule ouverte, ses dents acérées comme des couteaux et son haleine fétide de chair faisandée. J'ai reculé d'un bond, intimidé par sa prestance léthale.

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MessageSujet: Re: Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! Le champ de pierres - When the world smiles... GERONIMO ! EmptyDim 5 Jan - 17:21

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Anonymous

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Dietrich Krueger - R.I.P.

Marcher dans ces hautes herbes, en essayant de suivre une piste n'était pas évident, même pour un traqueur, surtout que l'herbe était gelée, cinglant nos visages déjà froids à cause de la température avoisinant le zero degré Celsius, si je ne me trompais pas. Nous avons néanmoins de la chance de ne pas avoir droit à la neige, dans ce monde inconnu, mais j'imaginais que cela fonctionnait un peu comme sur Terre, la neige s'accumulait plutôt sur les hauteurs, en voyant les montagnes blanchies au loin, enfin montagnes ou rochers, et la plaine encore verdie jaunâtre, nature morte ou gelée en attendant le printemps, si le printemps était bel et bien la saison qui suivait ici. Mais toutes ces questions ne m'intéressaient pas. Survivre à une saison était le dernier de mes soucis, car je voulais déjà terminer ma journée en entier, avec lui, là, en entier aussi, si possible.

Et mes craintes étaient justifiées. Malheureusement, mon attention avait été occupé à un instant qui me coûta un peu de mon intégrité, trop pressé de vouloir trouver un abri, un lieu où nous pourrions être en sécurité, vouloir sortir de ce champ où le danger nous guettait. De plus, la vue de ces tombes ne m'avait rien inspiré de bon, et je réfléchissais encore à ces humains, qui avaient peut-être été enterré là dans un dernier geste désespéré peut-être, pour laisser une trace de notre passage. Peut-être qu'il n'y avait plus personne, disséminés par je ne sais quel mal, un prédateur, une maladie inconnue, ou simplement l'environnement auquel nous n'étions pas forcément adapté. Et cette perspective me mit face à une réalité : Et si nous n'étions pas fait pour être ici ? Mais si on partait positif, on pouvait déjà remarquer que l'air était respirable, et que s'il y avait des tombes, les humains qui les avaient enterrés avaient pu vivre un peu plus longtemps, car chacune des tombes que nous avions pu voir ne semblait pas avoir le même âge. Aussi, personnellement, si j'avais que peu de chances de vivre, je ne me serais pas embêté à enterrer mes camarades... déjà que je ne comprenais pas forcément ce besoin à inhumer un mort, plutôt que de laisser Mère Nature faire son travail, au moins il n'y avait pas de gâchis...

Ca aurait pu servir à nourrir cette créature qui nous épiait, plutôt qu'elle s'attaque à des proies vivantes, en plein santé, ignorant tout de ce monde, en leur donnant une chance de s'adapter. Mais non... Et heureusement qu'elle s'attaqua à moi, sans doute parce que j'étais un peu plus grand, tout de noir vêtu dans cette végétation couleur chlorophylle, dans laquelle mon compagnon pouvait rester plus discret. Mais ce n'était pas à la couleur qu'un prédateur choisissait sa proie, normalement. Enfin, je n'avais pas le temps de débattre sur le sujet, que je me fis emporter par un poids qui surgit sur mon côté droit, en un éclair, me mettant à terre sans que je ne puisse réagir. Seul le cri de Pousse de Soja me sortit de mes pensées en plus de ce mouvement.

Un rugissement, une douleur aiguë dans l'épaule me signala que j'avais été touché, mais l'adrénaline fit rapidement son chemin dans tout mon corps, me permettant d'ignorer le handicap que m'avait infligé l'animal d'un coup de griffes suffisamment puissant pour déchirer ma veste pour atteindre la peau. Elle pesait son poids sur moi, et je n'avais pas le droit à l'erreur, sinon elle me déchiquetterait le visage. Mais je pus apercevoir qu'il s'agissait d'un félin, une espèce de puma, mais avec une fourrure rose. Etrange couleur, peut-être dû aux reflets du soleil, qu'en sais-je. Mais mon regard était plutôt tourné vers la taille des crocs menaçants qui laissaient passer une haleine fétide de carnivore réclamant sa pitance depuis plusieurs jours. J'avais la chance qu'elle devait être affaiblie alors...

J'étais immobilisé, la bête essayant de viser ma gorge pour me faire taire tandis que je grognais dans l'effort de la retenir par les babines, seul moyen que j'avais pour éviter les dégâts, mon poignard étant rangé dans ma veste sans que je n'ai la possibilité de le tirer.

« Bordel de merde... »

Ouais, j'avais encore la force de jurer, alors que des nerfs commençaient à marquer sur mes temps, tant je résistais à la puissance du monstre. Allais-je finir ici, en pitoyable proie d'un prédateur dont je ne connaissais même pas le nom ? Hors de question ! Et puis, il y avait l'autre là !

D'ailleurs, il se rendit utile, détournant l'attention de la panthère suffisamment longtemps pour que je puisse mettre la main sur mon couteau et l'armer de sorte que je pus porter un coup à l'animal qui eut un mouvement de recul, sentant le danger. Ou alors était-ce pour s'attaquer à la grosse tête, maintenant que celui-ci montrait une certaine résistance ? En tout cas, la créature m'abandonna au sol, peut-être ne craignant pas de préjudices de ma part, pour s'attaquer à son agresseur. Fatale erreur, car il me fallut peu de temps, et oui, j'étais un assassin, pour me relever et lui porter un coup dans le genou, pour l'immobiliser. Un cri déchirant retentit, faisant s'envoler les oiseaux aux alentours et la bête se retourna pour me flanquer un coup de patte qui échoua, car je lui sautait dessus pour lui trancher simplement la gorge, sans espoir qu'elle y survive.

Elle ne mourut pas sur le coup, non, ce serait trop simple. L'instinct de survie était plus fort et les nerfs appelaient à se défendre. Elle lança quelques borborygmes étouffés par le sang qui obstruait sa gorge dans une dernière plainte, essayant peut-être d'esquisser un mouvement de fuite avant de tomber au sol, raide morte.

J'avais pu m'extirper juste après avoir porté mon coup, dans le doute où j'aurais échoué, ou qu'elle me retourne un coup de pattes violent, alors que j'étais déjà blessé. Je restais debout, planté à environ une cinquantaine de centimètres, parmi les herbes couchées par le combat, à observer le cadavre d'un air méfiant, dans le doute où il se relèverait d'un coup sans prévenir pour nous sauter à la gorge. Echevelé, la main droite en sang, celui de l'animal, tenant à la fois le couteau dégoulinant de rouge, et l'épaule gauche, juste en dessous de là où ma veste avait pris un coup, laissant paraître des lambeaux de tissus aussi rougis par mon liquide vital, et une blessure dont je ne connaissais pas la profondeur, j'étais dans un état moins piteux que ce qui aurait pu y avoir, s'il l'autre 'avait pas été là. Mais je restais essoufflé, tandis que mon cœur battait à tout rompre...

Mais petit à petit, je me calmais et la douleur dans l'épaule se voulait fulgurante, au point qu'une fois que je sentis le danger passé, je m'écroulais à genou, là où j'étais, les membres tremblants. Okay, ce n'était pas de la peur, plutôt la nervosité qui ressortait sur mes membres, et j'avais mal. Lentement, j'ouvrais ma main droite, pour laisser tomber l'arme, et dévoiler la plaie que je pouvais regarder pour en voir la gravité, constatant que c'était assez profond. Merde, je devais désinfecter ça... Je me tournais vers mon compagnon, un peu inquiet :

« ...T'aurais... pas un peu d'eau ? »

Je n'étais pas médecin, mais vu comme ça me faisait mal, il fallait faire quelque chose rapidement, j'avais peur de perdre trop de sang. Comme ce jour... Mais là, je ne savais pas quoi faire, et personne ne pourra m'emmener à l'hôpital. Je serais vraiment béni si ce blanc-bec était médecin, mais il avait peut-être des bases, je l'espérais, bien que... je ne voulais pas ralentir le mouvement avec cette connerie, et continuer notre route.
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