Mon histoire
You may have been many things, many persons. But this is about who you are now,
Tell me who you are. How did you become what you are now?
Je connais mal le début de ma vie. Pour m'en rappeler, je dois aller chercher dans mon dossier officiel...Ah... Voilà...Heinrich Klein, né le 26 novembre à Dresden, Allemagne. Fils de Emmerich Klein et de Coleen Moore, tous les deux exécutés pour dissidence et complots contre le régime quand j'avais 3 ans.
On peut dire que je démarrais mal dans la vie. Orphelin, comme des milliers d'autres avec une grosse dette envers l'état, la dette de devoir rattraper l'erreur de mes parents, tous les deux des criminels et des ennemis. Et pour couronner le tout, j'étais roux. Oui. Je commençais à peine ma vie et je partais déjà avec l'handicap d'être différent des autres. Alors que tout ce que je voulais c'est d'être conforme, d'être normal....Oui, ça commençait mal.
Comme des centaines d''autres allemand, j'ai été envoyé dans les centres spécialisés pour orphelin. Après avoir effectué une batterie de test, on m'a envoyé dans la section médecine. La vie à l'orphelinat n'était pas difficile, tant que l'on se conformait strictement aux règles. Je travaillais dur et je m'isolais le plus souvent des autres enfants qui avaient tendance à me laisser de côté ou à se moquer de moi à cause de ma couleur de cheveux. Les mentalités ne changeront jamais, le petit roux sera toujours le bouc émissaire. Jusqu'au jour où j'ai décidé de prendre les choses en main et de changer de style capillaire.
Et qui sait, peut-être était-ce à cause de l'arrivée à l'âge de la raison, ou de ce changement de look radical mais les autres orphelins me traitaient avec plus d'égard et de gentillesse. J'avais même réussi à me faire quelques copains. C'était le bon temps, je dirais, une des périodes les plus insouciantes de ma vie.
Jusqu'à l'âge de mes 17 ans, où je réalisais quelque chose d'important et qui a scellé mon destin. A l'âge de la puberté où le corps devient mature et affine ses désirs. A cet âge là, j'ai compris que je n'étais pas comme les autres garçons. J'ai compris que j'étais déviant, contre-nature. Contraire à la norme. Et que si jamais quelqu'un le découvrais j'étais foutu, j'étais bon pour connaître le même destin que mes parents. Alors, je me suis fermé aux autres, comme une huître. J'ai menti. J'ai fait semblant. Pour survivre, pour être comme les autres.
C'est à ce moment là que mes sourires sont devenus vides et que j'ai commencé à faire des cauchemars, des cauchemars où l'on frappait à la porte au beau milieu de la nuit pour m'emmener et m'exécuter.
Elève brillant et fraîchement affranchi, je fus engagé comme assistant par le docteur Rosenthal, un homme proche de la retraite mais encore plein de vigueur, la barbe et la moustache bien taillée. Le docteur Rosenthal était vraiment un homme brillant et sage. Toujours discret, toujours poli, il est devenu mon repère, mon modèle. Par exemple vous saviez qu'avant les docteur prêtaient serment de ne " pas nuire" ? Je crois que cela remontait de la Grèce antique.... Intéressant, n'est-ce pas ?
Il avait une culture générale impressionnante et je peux être fier d'avoir profité de son enseignement. C'est lui qui m'a appris à exercer de façon pratique. Jour après jour, je devenais un vrai médecin, uniquement grâce à lui. Il m'a construit. Je me sentais à ma place. Je me sentais normal, et même utile. Et apparemment, j'étais suffisamment brillant et prometteur à ses yeux pour qu'il me laisse travailler avec lui sur ses recherches.
Contrairement à la plupart des autres médecins qui centraient leur recherches sur les nouvelles technologies et les nouveaux outils de la médecine, le docteur Rosethal prônait un retour à la base, et aux médecine alternatives. Les plantes, les huiles, les aliments... tout ça. Durant les 6 ans que j'ai passé avec lui je l'ai accompagné pour ses recherches. La plupart du temps cela consistait à se rendre à des colloques en Angleterre, des recherches aux Etats- Unis et parfois même en Amérique du sud.
Et durant ces voyages, je découvrais une autre facette du docteur. Il était fatigué. Il était désabusé. Parfois nous discutions philosophie avec un de ses anciens collègues anglais ou encore américain. Et je découvrais un autre aspect de sa personnalité, un aspect qui ne me plaisait pas trop et qui me mettait franchement mal à l'aise. Il lui arrivait...de remettre le régime en doute. De parler comme un résistant...et certain de ses fréquentations et bien...j'avais des doutes.
Des doutes qui me gardaient éveillés la nuit, cauchemardant éveillé sur le jour où ils se rendraient compte de la vraie personnalité du docteur et que j'en serai complice.
Alors, dès notre retour à la mère patrie, j'allais voir les autorités compétentes et je leur parlais de mes doutes. Ils me prenaient au sérieux et me demandèrent une série de noms, que je donnais lorsque je le pouvais. Et je rentrais chez moi, le coeur léger.
Le soir même, le docteur Rosenthal avait été interpellé et interrogé. Trois jours plus tard, relâché par manque de preuve et brutalement assassiné le jour-même. Vous parlez d'une coïncidence...
Pendant tout un moment j'ai fait profil bas. Je savais que n'importe qui pourrait me relier au décès du docteur. Donc, pendant un an, j'ai simplement travaillé à l'hôpital, laissant ses recherches de côté. Jusqu'à ce que je sois appelé par les autorités pour une "intervention spéciale". C'est un peu une sorte de service militaire pour les médecins. Certains le voient comme une sorte formation. D'autres décident de suivre ce chemin particulier de la médecine. Concrètement ?
On vous fait enfiler une blouse noire et des gants. On vous donne rendez-vous dans le bâtiment principal, tout en bas, là où on garde les prisonniers. Souvent en rentrant dans la salle, il y en a un ou une de préparé. Le plus souvent attaché pendant qu'un inspecteur essaie de lui faire cracher les verres du nez. On n'appelle pas les médecins pour les simples criminels. Ceux-là ils peuvent les tabasser et les torturer eux-même pour les faire parler. Les médecins, on les appelle pour ceux qu'on doit absolument garder en vie, mais qu'on doit quand même faire parler.
Les outils sont déjà prêts et sous l'ordre de l'officier spécial on s'exécute. On disloque, on presse, on découpe. Tout ça proprement et avec précision. Parce que nous ne sommes pas des barbares, non. Nous sommes des allemands. Et au bout d'une semaine de formation, les cris et les pleurs ne vous importune plus, pas plus que l'odeur du sang, ou le son des os qui craquent. Cela fait partie de la routine.
Et puis vous repartez, sachant que vous pouvez être rappelé en cas de besoin.
Et quelques mois plus tard, j'ai décidé de reprendre les travaux du docteur Rosenthal. J'ai poursuivi son oeuvre, par respect pour lui. Et j'ai été appelé pour aller porter ses conclusion aux grand congrès des médecins d'Amérique du Nord. L'accueil fut mitigé, je m'y attendais. Tout le monde se tourne vers le futur et personne ne regarde en arrière. Rosenthal se plaignait souvent de ça. C'est durant la pause, en allant me chercher un café que je m'éloignais un peu de la délégation allemande et que je tombais par hasard - ou bien était-ce le destin ? Sur le docteur Oliver. Enfin, c'était ainsi qu'il se présentait et semblait éprouver un certain enthousiasme vis à vis de mes recherches et de me conclusions.
« Je n'ai fait que poursuivre le travail du docteur Rosenthal, c'est à lui que revient le mérite, pas à moi» précisais-je dans un anglais parfait si on excluait le soupçon d'accent allemand.
Il m'informait qu'il était familier avec les travaux du docteur, et questionna son absence au congrès. Un peu pris au dépourvu, je lui dévoilais la vérité : le docteur avait été exécuté pour dissidence il y 4 ans, et que j'avais été son assistant d'où la raison pour laquelle je présentais les résultats de ses recherches. Il semblait surpris, puis resta silencieux, perdu dans ses pensées. De mon côté, je sentais mes épaules s'affaisser. Je savais ce qu'il devait penser. Il pensait probablement la même chose que tout le monde. Comment pouvais-je encore être en vie et bien portant avec un mentor dissident ? Ce n'était pas le genre du régime de laisser ce genre d'éléments instables libres. Alors évidemment, il n'y avait qu'une conclusion à tirer et c'était la bonne : j'étais le délateur. Et même si les rumeurs suggéraient que j'avais pu le faire par ambition, parvenu près à tout juste pour récupérer son crédit et prendre sa place, ils avaient tort. Mais ça il ne pouvait pas le savoir, bien sûr... Et je ne pouvais démentir ce qu'il ne disait pas...
Le Dr. Oliver semblait avoir disparu le deuxième jour du congrès. Tant mieux pour moi, je souhaitais l'éviter de toute façon. Après une autre journée d'exposés plus qu'enrichissant, je rentrais à l'hôtel avec le reste de la délégation allemande.
Seulement je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Ma rencontre avec le Dr. Oliver avait ravivé ma mémoire et ma culpabilité. Je ne pouvais pas fermer les yeux sans repenser à la façon dont j'avais cruellement poignardé cet homme dans le dos, un homme qui ne m'avait voulu que du bien. J'avais besoin de prendre l'air. Je me suis rhabillé, j'ai pris mon manteau et mon sac, lourd des conclusions que j'avais "volée". Je signais à la sortie de l'hôtel et je me baladais dans les rues de la ville, pensant rentrer à temps pour le couvre-feu, peut-être même aller boire un verre dans un bar...
Sauf que le destin me réservait autre chose. Le destin ou le "karma".
Je ne me souviens plus très bien. Juste une douleur à l'arrière du crâne. Une goût amer dans la bouche, des coups. Du noir. Longtemps; très longtemps. J'avais quelque chose sur la tête. Un ronronnement de moteur....J'étais convaincu que j'allais mourir. Ils m'avaient trouvé et j'allais mourir. Ce n'était qu'une question de temps.
J'étais terrifié.
Un bruit de claquement métallique et je perdais conscience à nouveau.
Je me réveillais plus tard, dans une drôle de pièce qui ressemblait vaguement à un laboratoire. Et une voix qui me parlait, une voix familière mais pas tellement. Je trouvais l'origine de cette voix. Le Dr. Oliver était là et moi j'étais entravé sur quelque chose qui ressemblait à un lit d'hôpital. Il semblait absorbé par un dossier qu'il avait sur les genoux. Comme je m'agitais il m'expliqua d'une voix calme le sort qu'il me réservait. J'avais été la cause de la mort d'un des résistants et ces personnes qui m'avaient enlevées et bien...elles avaient l'intention de me tuer. Etrange moi qui avait cru que ma mort viendrait uniquement du régime... Je devenais pâle. Mais il m'expliquait qu'il avait prévu autre chose pour moi. Une punition ou une rédemption, selon ma façon de voir les choses.
Il délira à propos d'un projet fou, d'une terre insolite, d'un monde propre et nouveau. L'endroit où il comptait m'envoyer. Il allait me faire disparaître. J'allais mourir. Cet homme était fou. C'était tout simplement impossible ! C'est ce que je lui criais. J'essayais de me débattre mais rien n'y faisait. Après une vaine lutte, je laissais tomber et je me murais dans le silence.
Je récoltais ce que j'avais mérité.
C'était ça où la mort de toute façon. Autant saisir ma chance. J'avais plus peur d'une mort certaine que d'un sort inconnu.
Une autre personne entra dans la pièce. Un autre homme, un candidat, un volontaire, peu importe comment le docteur pouvait appeler les participants à son projet, pénétra dans une machine et disparut.. Après s'être assuré de ma résignation et m'avoir convaincu que c'était la meilleure chose à faire, il me rendit mon sac et je me jetais dans la gueule du loup.
- Spoiler:
Objets emportés :
[list][*] Vêtements simples
[*] Manteau
[*] Bretelles
[*] Papiers
[*] Crayon
[*] Une boîte en inox comportant les instruments chirurgicaus suivants : une paire de ciseaux, une pince kocher, un bistouri, une pince, des agrafes chirurgicales.
[*] un paquet de mouchoirs en papier