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MessageSujet: On abrite tous une perte ou un manque, quelque chose en creux qu'on a fini par apprivoiser. On abrite tous une perte ou un manque, quelque chose en creux qu'on a fini par apprivoiser. EmptyVen 8 Juil - 17:01

Eye Of The Tiger
Masculin

Théodore Lefaucheux

Théodore Lefaucheux


Je me redressai avec un soupir. J'allai enfin voir la fin de cet enclos. Bien que le travail manuel m'apaisa, j'avais hâte de pouvoir passer à autre chose, comme terminer la rénovation de l'abri de Terrence. J'avais jusqu'à présent essayé d'alterner les deux chantiers mais l'enclos avait fini par passer à la trappe. Mais, comme me l'avait si prestement rappelé Léna, elle reviendrait bientôt avec la progéniture d'une laie sauvage pour Émilie-Anne et il faudrait bien qu'il soit terminé pour les y parquer.
Lorsqu'elle était venue me voir avec cette idée, l'hiver commençait à céder la place à de meilleurs jours. Le village, revigoré par cet apport de lumière, s'était mis à grouiller d'activité, tout un chacun ayant encore en tête l'hiver cruel dont nous sortions. Les réserves de nourriture, bien que faites avec le plus grand soin, avaient fini par s'épuiser, nous laissant face à une nouvelle expédition nécessaire, un nouveau fiasco qui avait avalé les chasseurs volontaires, qui avait emporté Pavel. On avait guère vu la frimousse d'Émilie-Anne depuis et rares étaient ceux qui avaient pu traverser le nuage qui l'entourait. Son absence, inhabituelle, perturbait. Les regards se jetaient souvent dans la direction de sa maison dans l'espoir de la voir sortir comme à l'accoutumée, alors que les mains, les jambes se déliaient, s'organisaient pour préparer cette nouvelle année.

Depuis, les mois avaient passé. L'hiver s'était bel et bien enfui mais pas dans le cœur de la jeune mère. Et aussi fort que Léna me soutienne que l'idée lui ferait plaisir, la ramenant parmi nous, je n'en étais pas convaincu. Émilie-Anne était plus renfermée que jamais, prisonnière de sa douleur, inaccessible, même pour ses enfants. Olivier parcourait le village à la recherche de mille bêtises à faire, la dernière en date étant de crier au loup, et les jumeaux nous faisaient à tous savoir que rien n'allait derrière les tentures closes. J'avais parfois demandé à Terrence comment elle se portait mais les nouvelles n'étaient pas bonnes. D'autant plus que déjà mère de trois enfants, elle en attendait manifestement un quatrième, dernier vestige de l'existence de Pavel. J'avais du mal à imaginer comment elle pouvait ne pas réagir aux insistantes demandes d'Olivier et encore moins aux pleurs de Fred et Georges. Ils étaient tout ce qu'il lui restait de l'homme qu'elle avait aimé, pourtant, leurs larmoiements déchiraient souvent le village. Sans la présence d'Aschton, tonton par excellence de tous les enfants et Terrence, ils seraient sûrement ininterrompus. Mais comment imaginer ce à travers quoi elle passait ? Avais-je seulement perdu un être aussi cher ? Non. Inutile de se laisser aller à la juger donc.

Plutôt que de laisser mon esprit vagabonder, je reportai mon attention sur mes mains. Petit à petit, l'enclos avait pris forme : j'avais monté les différentes parties séparément, parfois sous le regard glacé de Terrence alors qu'il m'expliquait sa vision pour son abri. Après quoi, je n'avais plus eu qu'à en assembler les morceaux, les plantant en terre pour les stabiliser et les nouant ensemble solidement grâce aux enseignements d'Aliochka. Les angles avaient nécessité des renforts mais j'avais finalement réussi à me débrouiller.
Ne manquait plus que l'essentiel, la porte, et l'enclos serait près à accueillir de petits marcassins sauvages. Montant les gonds sur la charnière, la plus belle pièce de l'ensemble, je vérifiais que tout fonctionnait à merveille une dernière fois.
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Dernière édition par Théodore Lefaucheux le Mar 6 Sep - 12:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: On abrite tous une perte ou un manque, quelque chose en creux qu'on a fini par apprivoiser. On abrite tous une perte ou un manque, quelque chose en creux qu'on a fini par apprivoiser. EmptyMar 23 Aoû - 1:17

Je suis mère des terres fertiles, j'accueille en mon sein celui qui y chasse
Féminin

Émilie-Anne Larose

Émilie-Anne Larose
L’hiver avait passé, emportant avec lui son lot de perte. Quelque brebis avait succombé au froid, mais la perte n’était pas suffisante pour diminuer le troupeau de façon subséquente. Le poulailler, quant à lui, ne comptait parmi ces morts que les bêtes abattues pour leur viande. Quant au chatchèvre de Ashton, on ne comptait aucun mort évidence même considérant qui les eu rentré dans sa hutte une bonne partie de l’hiver. Mais ces morts semblaient si insignifiantes pour la fermière, elle avait perdu bien plus que de simples bêtes, elle avait perdu son pourvoyeur, son ami, son amant, pire! Le père de ses enfants : Pavel.

La perte de son aimer avait produit une dépression chez la jeune femme. Elle aurait pu sombre dans les ténèbres et empoter avec elle le seul héritage vivant de gaillard, mais une âme charitable l’avait secourue, pour la deuxième fois. Terrence, avec sa patience et sa grande douceur, avait pris soin des jumeaux orphelins ainsi que de leur mère. Ils les avaient tous nourries habiller et consoler en temps voulu et encourager chacun à progresser. C’est ainsi que les jumeaux avaient fait leur premier pas et commençaient tout juste à balbutier quelques mots, tendis qu’Émilie-Anne avait, pour sa part, recommencer a filler la laine et a prend soin de ses petits.

Olivier ne supportait pas la présence de Terrence, le voyant en partie comme un rival et comme un voleur. Aux yeux du petit garçon, cet homme maigrichon cherchait à voler la place de son père. Pour ne rien arranger, sa mère lui avait appris qu’elle était de nouveau enceinte. Le petit pensa automatiquement que le père de son frère ou de sa sœur avenir allait être l’envahisseur de son foyer, mais rien de ce qui sortait de l’imagination hargneuse de ce petit ne s’aviariait vrai. Il n’avait de cesse de disparaitre se réfugiant entre la tente d’Ashton et l’abri de l’une ou son ami Alex l’accueillait à bras ouvert.

Le village avait bien remarqué que cette femme si présente dans les activités de culture et d’élevage avait pris beaucoup de retard. Contrairement aux années précédentes, elle avait demandé l’aide nécessaire pour la tonte des moutons avec peu d’enthousiasme et elle ne portait plus son aura de satisfaction et de bonheur habituelle. Troublé, lors d’une fête de la lune – ou la fermière ne se rendait plus – plusieurs membres de la communauté avec discuter d’un plan d’action pour lui venir en aide. Il fut décidé que quelqu’un se relèrait pour prendre soin du troupeau de bicornes alors que Théodore et possiblement quelques autres allaient construire un nouvel enclos alors que la jeune femme, entrainer de force par Lena, irait chercher quelques cochons dorés pour agrandir la ferme du village.

C’est donc un beau matin de printemps que Lena réveilla sa comparse. Retissante au début, Larose n’eut pas le choix d’accepter quand elle vus que Terrence, déjà au courant de tout, avait préparé un bagage pour leur périple vers les porcins.

Elles partirent donc au sud-est du village pour trouver les créatures qui fourniraient huile et viande au village. Le chemin fut d’une longueur excessive, peu motiver la rousse trainait de la patte malgré les menaces et parfois les encouragements de la guerrière. Son corps, trop longtemps inactif, lui semblait lourd et douloureux, les pauses étaient donc fréquente et pénible pour la brune qui avait habitude de marcher rapidement vers sa cible.

Elles posèrent un bivouac la première nuit et mangèrent quelques morceaux de viande et de légume sécher. C’est alors que Lena discuta avec sa protégée. Loin d’avoir la compréhension et de douceur d’une bonne conseillère, sa rudeur et sa façon de dire les choses sans détournement permis à la jeune mère de réaliser bien des choses. Comme le disait la chasseresse, Pavel ne reviendrait pas plus, car Anne s’apitoyait sur son sort et ce dernier serait même dégouté de retrouver sa tendre dans cet état.

Le lendemain, chemin fessant, la discussion de la veille tournait et tournait encore dans la tête de la Québécoise. Lena n’avait pas faut et elle devait se reprendre, après tout, cette ferme et ces enfants qu’elle délaissait était les siens, ceux qu’elle avait construire et élever avec amour grâce à cet homme rencontré au tout début de cette aventure.

Cette journée-là, les deux femmes trouvèrent des traces de leur proie, mais ne trouvèrent aucun représentant. Elles durent traquer deux jours supplémentaires pour trouver quelques bêtes et une journée supplémentaire pour les attraper. En tout et partout, elles trouvèrent plusieurs femelles avec leurs petits. C’est grâce à un système ingénieux composer de filet et de corde que les deux comparses réussir à enlever plusieurs marcassins. Les malfaisantes durent d’ailleurs attendre plusieurs heures dans les arbres avant que les cochonnes décident d’abandonner une partie de leurs porcelets aux mains des bipèdes.

Grâce à leur glorieuse prise, il était temps de revenir au village. C’est donc une journée supplémentaire qu’il leur fallut pour arriver finalement devant l’enclos que Théodore finissait de construire.
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MessageSujet: Re: On abrite tous une perte ou un manque, quelque chose en creux qu'on a fini par apprivoiser. On abrite tous une perte ou un manque, quelque chose en creux qu'on a fini par apprivoiser. EmptyMar 6 Sep - 14:23

Eye Of The Tiger
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Théodore Lefaucheux

Théodore Lefaucheux


Me mettre à travailler le bois m'avait ouvert de nouveaux horizons. Je me savais habile mais m'amusai à me tester sur des petites choses très fines depuis que j'avais attaqué un bâton perdu de la pointe de mon couteau. Bon, l'enclos n'était pas un travail d'orfèvre mais la porte, au moins, se rapprochait déjà plus d'une certaine ingéniosité menuisière. Dans ce monde sans métal, il fallait contourner les problèmes. J'avais donc sculpté à même le bois les gonds, creusé à la bonne dimension les accroches qui accueilleraient ces derniers en leur sein. Avant l'assemblage, il me faudrait les huiler avec patience pour les protéger du temps et des intempéries, action qu'il faudrait ensuite renouveler tous les ans.
Pour la fermeture, j'avais préparé un étau de bois à poser en embrassade sur le haut des piquets du montant et de la porte. Le poids de la porte empêcherait qu'elle ne bouge d'elle-même et l'étau éviterait que les marcassins, futurs cochons, y parviennent. Du moins, je l'espérai. Le système demandait à être testé et je priais pour ne pas avoir à courir comme un dératé dans le cas contraire.

Je m'assis sur une chute de bois et rapprochai l'écuelle remplie de gras que j'avais apporté. Vérifiant que la porte tenait contre le montant, j'entrepris donc de masser le bois de mes doigts pour faire pénétrer la graisse dans les fibres. Entre les gonds et les accroches, je répétai l'opération trois fois avant de laisser reposer.
La sensation du travail bien fait m'envahit alors. Ce n'était pas un gros travail, cela avait surtout demandé du temps mais maintenant qu'il était presque fermé, je me rendais mieux compte de ses dimensions. J'en étais vraiment fier. Il allait servir tous les jours et apporterait du nouveau dans notre quotidien. Mais mon attention tiraillait aussi du côté de mon autre chantier qui allait pouvoir m'avoir à lui tout seul et j'avais hâte d'y retourner. Je me découvrais avec ces deux ateliers un réel amour du travail du bois. Je pouvais pendant des heures imaginer ce que je pouvais faire ressortir d'une bûche, polir inlassablement une planche d'un galet plat, jusqu'à pouvoir en faire caresser la surface à Ivy sans qu'une écharde n'attaque sa peau fragile. Un tas de branches de bois récupéré sur la plage reposait devant l'abri, attendant leur tour pour que je les ouvrage en forme allégorique. Mes mains s'occupaient machinalement de triturer des ongles ou du couteau tout morceau que j'attrapai. Aussi mes pensées dévièrent facilement vers l'abri de Terrence. J'aurais pu m'y diriger maintenant mais je tenais à voir Émilie-Anne lorsqu'elle et Léna reviendraient.

Cette entreprise, c'était la première véritable sortie de la rouquine depuis la disparition de Pavel. Pavel. Je me refusais à le penser mort. Cet ours, cette entité avait survécu aux Humains, je ne pouvais pas croire que la nature, même inhospitalière, de Terra ait pu l'avoir. Pourtant, je savais qu'il fallait laisser cette pensée là où elle se trouvait : dans les replis de mon esprit. Plus personne n'essayait plus de redonner d'espoir à Émilie-Anne, il la dévorait de l'intérieur. Il était important qu'elle passe à autre chose et, si cela signifiait enterrer Pavel, au moins verbalement, il était de notre devoir de le faire. Peut-être devrait-on célébrer quelque chose en son honneur bientôt, lui faire un hommage digne du personnage, un cadeau d'adieu digne de l'amour qu'Émilie-Anne nourrissait pour lui. Je gardais l'idée dans un coin du crâne, réactivant mes doigts sur la deuxième couche de gras.
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