"Je n’aime pas voir le désarroi lacéré le visage des gens. Il me prend toujours par surprise, me donne envie de rire uniquement pour me faire culpabiliser quand je réalise la gravité de la situation. Ce n’est pas une pauvre poufiasse qui se lamente sur le cas d’un homme qui ne la mérite pas, ce n’est pas un vieillard aigri qui se perd dans la non-existence de son plein chef, non, c’est la maladie qui frappe sournoisement contre une porte close, qui s’invite tel le plus décadent des voleurs, armée de sa faux. Mes doigts tiraillent ma veste bleue, uniforme emblématique de mon lieu de travail, alors que je regarde la mine morne et condamnée de mon patron. Je me demande ce que ça fait, de savoir qu’on va perdre quelqu’un si soudainement, sans rien pouvoir y changer, ce que ça fait de goûter l’impuissance jusque dans nos os telle une irréductible gangrène. Je me demande, mais je ne sais pas. Tout ce que je connais se résume à un dédalle de suicides et de décès de grands-parents déjà mal en point. Mais lui, cet homme chauve habituellement si énergique, il le sait, il connait ce sentiment. Marianna m’a dit que ce n’est pas la première fois . . . Pas la première fois qu’il perd quelqu’un de cette manière. En se la voyant arracher après des semaines passées à espérer en vain. Le désespoir creuse ses traits, le fait paraître plus vieux qu’il ne l’est réellement. On dirait un fantôme, on dirait un enfant, lui qui est habituellement si adulte et vivant. Ça me picore le cœur, mais je me contente d’observer, préférant le silence des yeux à la maladresse des paroles. Je risquerais d’envenimer ses blessures, risquerais d’annihiler l’espoir encore présent dans son cœur. Car je suis convaincue qu’il espérera jusqu’au dernier moment, combattif, insistant. C’est humain de se faire des scénarios, de s’imaginer le pire, comme le mieux . . . et c’est aussi pourquoi, dans cet instant gris où une gamine pleure à sa mère qu’elle veut les souliers Barbie plutôt que ceux de Dora, où mon patron déambule sur notre aire de travail, l’air hagard, que je décide que l’espoir est encore plus cruel que la mort. La mort ne ment pas, l’espoir, lui, ne se gêne par contre.
Je replace la boîte contenant les baskets de Dora sur son étagère.
Je me demande pourquoi on espère."
Euh. Ouain. Un bout de brouillon de texte random que j'annexais à un autre. ( Au lieu de faire mon plan de devoirs . . . Mauvaise moi. ) C'est plutôt moche quand je relis oô. ^^'