Si d’aventure vous veniez à nager longtemps dans le petit lac non loin du village, vous trouveriez, après un bout de chemin, que son eau pure ce fait soudain beaucoup moins claire et que son fond se fait soudain beaucoup plus vaseux. Les grandes palmes de papyrus bordant les rives deviendront de plus en plus grosses et nombreuses… À un moment, le vallon inondé dans lequel vous êtes se divisera en deux chemins, comme coupé par une espèce de petit ilot. Les deux flots sont marécageux. Si tu prends celui de gauche, tu reviendras progressivement à un courant d’eau claire, si par contre tu prends celui de droite, c’est dans une eau encore plus floue, verdâtre et peu invitante que tu te retrouveras. Heureusement, il y aura autour de toi de nombreux ilots de terre plus ou moins fermes sur lesquels te refugier. L’air que tu respireras sera humide, il y aura autour de toi une cacophonie de sons : c’est l'orchestre d’espèces te criant leur existence. Sur les ilots, il y aura des arbres, minces, mais hauts, bougeant fluidement au gré du vent comme s’ils étaient toujours prêts à s’écrouler. Tout sera vert, gris, bleu, orange et tout aura tendance à bouger…

Si tu t’y aventures vraiment très, très loin dans ce marais, tu finiras par déboucher dans une grande vallée déserte, jumelle à celle où tu habites probablement.

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