R.I.P. - Teva RiddellAvant de partir, je craignais l’inconnu et toutes ces choses qui vous font croire que le pire puisse arriver inévitablement. Le pire, c’était tendance sur terre. Le pire, il dominait le monde et empoisonnait ma vie comme les leurs. C’est pourquoi, lorsque le docteur Oliver m’envoya en remplacement de mon père, j’opinai du chef. Le Nouveau Monde représentait tout mes espérances d’une qualité vie meilleure. Je n’avais qu’une vague idée de ce qu’il pouvait m’attendre de l’autre côté de ce portail lumineux et terrifiant et, pourtant, j’allais m’y submerger entière.
« … Soyez prudente, on ne sait jamais ce qui peut nous attendre aux détours… Et puis, courage. » Furent les dernières paroles que j’allais entendre de ma terre natale. J’avançai craintivement vers le portail et puis, inspirant un bon coup, j’eus le courage de le traverser.
Je fus, pendant un moment, aveuglée par tant de lumière. Un bref moment, j’étais à la fois dans le laboratoire et ailleurs et puis ce fut le vide, le néant et soudain, une blancheur éclatante. Comme tirée de force, je fus projetée sur un sol moelleux d’herbes. Mon arrivée m’avait donné des vertiges et puis, après un moment, je fus en mesure de reprendre le dessus et de respirer correctement. Le docteur m’avait prévenu de cet effet et m’avait conseillé de respirer lentement : mes poumons s’habitueraient à une atmosphère riche en oxygène.
J’arrivai sur Terra par une nuit moite alors qu'un faible crachin d'eau tombait du ciel. J’étais abasourdie par la fraicheur des gouttelettes et pour l’instant, je ne m’inquiétai point du froid qui allait me glacé jusqu’au sang si je ne me trouvais pas vite un endroit à l’abri. Je ne voyais rien autour de moi, la nuit était d’un noir d’encre et les nuages de pluie recouvraient la seule source de lumière de ce monde. Puis, je réalisai que j’étais encore accroupie sur le sol désormais vaseux. J’étais désorientée, complètement couper de tous les repères que je n’avais jamais eus auparavant. Il ne fallait pas avoir inventé la poudre pour comprendre qu’il s’agissait tout simplement de se lever pour mieux voir. Alors, je me levai, or ma petite taille ne me permettait pas d’en voir bien plus. À Tâtons, je décidai d’avancer vers ce qui me sembla être le nord (je n’ai jamais su m’orienter).
(…)