Sujet: Mini Potam veut rentrer à la maison Dim 4 Aoû - 12:39 | |
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Invité | Esmeralda Seeds - R.I.P.
Cramponnée dans la machine, je me dis que si le voyage est long, je vais vite avoir mal aux jambes, être fatiguée et m'ennuyer. Alors avec mon balluchon sur mon épaule, ou du moins cette chose qui me sert de sac, je m'assied et pose mon royal fessier de blonde contre ce sol froid qui ne m'a pas l'air très stable. Comme dans les parcs d'attraction, je me dis qu'il faut que je garde les yeux ouverts, que je ne perde rien du voyage. Mais comme moi j'ai autant de couilles que le chat castré de mamie, j'ai fermé et serré les yeux si fort que des larmes ont commencé à couler. Ça a bougé, je crois, en fait je ne sais plus du tout ce que j'ai ressentis mais une boule m'a serré le ventre tout d'un coup. J'avais peur de vomir, ou alors j'avais envie d'aller aux toilettes ? Je sais pas trop mais moi, les voyages j'ai jamais aimé vraiment ça. Toujours est-il que c'est en serrant les cuisses que j'ai continué ce chemin étrange vers un lieu encore inconnu. Mais j'ai vraiment envie de faire pipi... Je suppose qu'il y aura des toilettes vers ce lieu inconnu non ? Franchement il est pas gêné ce Docteur mes couilles Oliver, il aurait pu me donner un plan ou un petit explicatif je sais pas, et quelle langue ils parlent là bas ? J'espère que ça reste à l'anglais et au français parce que je suis pas très douée ni en espagnol ni en grec. Bon... On arrive quand ? A peine eus-je pensé cela que je sentis une chose différente, c'était bizarre je ne saurais pas expliquer quoi mais je sentais que j'approchais. Et sans savoir pourquoi, quand j'ai ouvert les yeux, j'étais debout au milieu d'un étrange champs de pierre. « Woh... Qu'est ce que c'est que ce truc.. ? » Dis-je en faisant un pas en avant, me prenant les pieds dans une pierre pour m'étaler par terre en beauté. « Ouille... »
Je me redressais et frottais mes genoux en lâchant un petit gémissement plaintif. Voilà que je m'étais écorchée et que je saignais des deux genoux. Bon tant pis, ça ne va pas me tuer. Mais ça pique quand même, et j'ai toujours envie de faire pipi... Je tire un coup sur mon short en jeans et remet en place mon débardeur blanc avec un gros panda dessiné dessus. Oui enfin le reste de mes vêtements ne sont pas aussi bien que ceux ci. Je refais les lacets de mes converses et commence à faire quelques pas. Où suis-je ? Que faire ? C'est ça Terra ? « Ouwh ouwh ? Il y a quelqu'un ? » Je regarde à droite, à gauche, débuche encore mais me retient de justesse à quelque chose avant de tomber sur le cul. Décidément. « Je suis vraiment une empotée... »
Je pousse les herbes de mes petits bras potelés mais ces méchantes elles me reviennent dans la figure. Rah parfois j'aimerais bien être plus grande. Je ne sais pas si je dois encore avancer où si je dois me stopper, je ne sais pas ce que je dois faire, je... Je ne sais pas. Il y a personne, serais-je toute seule dans ce monde de sauvage ? Je déglutis et prend l'élastique qu'il y a autour de mon poignet pour m'attacher les cheveux dans un chignon dégueulasse, y'a des mèches qui pendouillent de partout mais c'est pas graaaaave. Bon, plus qu'une seule solution, je vais hurler. Pourquoi pas hurler ? Au moins quelqu'un me trouvera non ? « QUELQU'UN POURRAIT M'AIDEEEEEEEEEEEER? »
Essoufflée, les joues rouges, je décide alors de m'asseoir sur un rocher et d'attendre, tirant une petite moue boudeuse.
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Sujet: Re: Mini Potam veut rentrer à la maison Mar 6 Aoû - 13:17 | |
| Frostbitten Requiem to a Forgotten Elegy
S. Ashton Awyer | HOME IS NAUGHT. And it’s too late for regrets, now.
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STEP EIGHT. « It was an idiotic tendency, I guess, to let my avid curiosity mingle with my awful personality and my untamed unpredictability. It’s probably the reason why I ended up in that frozen box. Kohaku used to say that he liked it, so it was my pride, my most precious feature, something that linked me to him. How foolish of me. » L’été, les saisons qui défilent comme des étoiles filantes et qui nous heurtent de leurs changements atmosphériques. L’été, de la sueur sur mon cou, chaude et indisposante, alors que je me terre dans l’ombre de l’un des hauts rochers du champ de pierre. Les hautes herbes sont aplaties là où je me suis installé, là où on peut lire le nom des défunts et des disparus. Certains ont protesté à l’idée de faire du champ de pierre, notre point d’arrivée dans le Nouveau Monde, un cimetière, mais la perspective de garder un souvenir, une sépulture pour les défunts a bien vite gagné le cœur de notre maigre population. Personnellement, c’est le seul truc dans lequel je considère m’être impliquer avec ferveur. Après tout, disparaître sans laisser de trace, sans personne pour se souvenir de nous, c’est . . . désemparant. Je veux donc me rappeler tous ces gens qui sont morts et qui continueront de mourir. Parce que c’est la seule manière dont leur existence pourra perdurer, ne serait-ce que sous la forme d’un nom inexacte.
De mon recoin, omoplates appuyées contre la pierre, j’ai tout le loisir d’observer la nature qui m’entoure au calme. Lena mettra sûrement un moment à comprendre que je me suis échappé et les autres ne se préoccupent plus trop de mon inertie coutumière. Ils ne me dérangent pas, je ne les dérange pas. Je m’occupe de moi-même ou choppe le fruit du labeur de Lena. C’est une pratique à laquelle tout le monde semble s’être habitué. Puis, il fait bien trop chaud pour faire quoique ce soit aujourd’hui. Je contemple donc deux Redwalls, communément appelés ‘coureurs des champs’, se poursuivre parmi les herbes, apparaître puis disparaître à une vitesse folle.
But, oh, of course, l’existence en a après moi, donc ma quiétude n’est que de courte durée. La lumière se manifeste, intense, projetant des ombres tout autour. Le couple de Redwalls, à l’ouïe de craquements d’herbe non-loin de nous, ainsi que de l’explosion d’une voix détalent et disparaissent, sans revenir cette fois. Je soupire, tend l’oreille avec une moue dérangée.
Ouais, t’as totalement raison, t’es une sale empotée. Une sale empotée qui hurle et qui va bien réussir à nous faire tuer s’il elle continue. Je me redresse, plantant mes paumes et poussant pour me relever. Mon foulard rouge, reconfiguré en ceinture que j’ai nouée autour de ma taille, s’accroche dans les herbes environnantes n’étant pas pliées en deux. Si mes percepteurs sensoriels ne sont pas totalement défoncés, elle doit se trouver quelque part derrière mon gros rocher, je pousse donc la végétation d’une foulée de gestes agacés. Quelques pas, quelques mouvements de bras semi-rageurs, puis j’émerge de derrière mon coin précédemment calme et je la vois. Elle a cru bon de s’installer sur un rocher, comme une princesse qui attend qu’on vienne la sauver. Dans tous les cas, elle en a le gabarit, on ne lit pas l’effort sur son corps potelé, ni l’adversité ou la difficulté. Je grimace.
Je m’approche d’elle en une succession de pas rapides, grinçant des dents. Pourquoi faut-il toujours qu’ils crient ? Leur a-ton retirer cet instinct primaire qu’on appelle l’instinct de survie ? On ne fait pas bruit, on observe d’abord, puis lorsqu’on s’aperçoit être dans un territoire sauvage, on évite d’attirer la faune locale avec de la cacophonie inutile.
« Shut the hell up ! You’ll attract the predatory species. Do you want to get killed so early on ? »
Je baisse les yeux sur sa silhouette, le détaille d’une manière sèche, ronde, endommagée, dépourvue de cargo et possiblement d’intellect. À quoi ce connard d’Oliver pensait-il ? T’as les hanches d’une bonne mère pondeuse, pourquoi ne pas t’envoyer sur Terra, tu feras un merveilleux ajout à mon projet mégalomaniaque. Tu sais que j’y ai aussi envoyé ma fille adoptive ? Psh. Alan Oliver et son complexe de dieu. J’accroche ses genoux des yeux, Remarque les stries rougies. Manquait plus que ça. Du sang.
« Woah, you sure did lack luck. What a brutal arrival. ». Les paroles sont lancées d’une voix laconique, sarcastique, et je désigne ses genoux du menton. Vaut mieux ne pas trainer dans le coin. Après tant de mois passés ici, je ne m’inquiète plus trop lorsque je m’aventure seul dans le champ de pierre et ses environs, mais avec une nouvelle arrivante qui ne parait pas briller d’une forme physique des plus notables, ça pourrait vite mal tourner. Un regard à la pierre tombale et un souvenir pour cette jolie blonde qui s’est fait harpé par le vautour translucide.
Je soupire, reporte mes prunelles sur la petite newbie et secoue la tête, interdit.
« Anyway, follow me if you want to get to the others. Or just go the other way and enjoy a few more hours amongst the livings. »
Je ne me retournerai certainement pas pour savoir si elle me suit.
- Traductions:
¤ « Ferme ta gueule ! Tu vas attirer les espèces prédatrices ! Désires-tu mourir si tôt ? » ¤ « Woah, t’as vraiment pas eu de chance. Quelle arrivée brutale. » ¤ « M’enfin, suis-moi si tu veux rejoindre les autres. Ou va dans la direction opposée et profite de quelques heures supplémentaires parmi les vivants. »
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Sujet: Re: Mini Potam veut rentrer à la maison Ven 9 Aoû - 12:04 | |
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Invité | Esmeralda Seeds - R.I.P.
Est-ce que c'est dans ce genre de situation qu'on doit se repentir sur soi-même ? Qu'on repense à tout ce qu'on a fait de mal et qu'on essaye de se faire pardonner en parlant à une chose inexistante qui serait supérieure et qui nous aurait créé. Une sorte de Dieu oui. Moi toutes ces conneries, j'y crois pas. Pas pour faire ma rebelle, pas pour me donner un style parce que c'est trop cool de pas avoir de religion, non c'est juste parce que je comprend pas. C'est ma maman et mon papa qui m'ont fait, c'est pas un vieux barbu qu'on nomme Dieu et qui aurait clouté son fils sur une croix. Depuis la nuit des temps des cons croient à ce genre de choses, et faut croire que ça les maintient sur terre... Enfin aussi quand on voit comment la vie à tourné dans notre monde... Qu'on s'étonne pas à croire à ces conneries. Moi je crois en ma famille, aussi petite et décomposée soit-elle. Je crois en mes amis, aussi sauvages soient-ils. J'ai jamais vraiment fréquenté d'humains, j'ai jamais eus vraiment d'amis de ma race, mais pourtant, j'avais les meilleurs amis du monde. Charles Hubert le tigre du Bengale, Sophie la girafe frigide et trop sérieuse, Pabu le panda roux qui me volait mes biscuits et Philibert mon bel étalon farouche qui adorait ruer pour me faire mordre la poussière. Ils n'étaient peut être pas parfaits, mais c'était mes amis. Des amis que je ne reverrais peut être jamais.. Qu'est ce qu'il m'est passé par la tête le soir où j'ai accouru chez le Docteur Oliver pour le supplier de me trouver une solution. Pourquoi cet homme pas très sympa m'avait aidé ? Il savait que j'allais perdre tout ce que j'aimais en venant ici ? Était-ce simplement un délire sadique ? Et puis, je suis où là au juste ? J'avais accepté sans réfléchir, j'avais pris quelques affaires qu'il m'avait conseillé et puis j'étais partie, tout simplement. Et là, plus j'attends sur ce gros rocher, plus je flippe ma race parce que merde... Je suis toute seule dans un lieu que je ne connais pas. Si ça se trouve la population est cannibale ! HAN mais avec mes grosses cuisses et mon fessier rebondit, ils vont vouloir me manger toute crue ! Gniiih ! Il faut que je me cache, que j'aille dans un autre lieu ou que-sais-je encore ? Je pourrais faire comme Mamie quand j'étais petite. Quand j'avais peur, elle me disait de creuser un trou et de me mettre dedans parce que au final, qui viendrait se mettre dans un trou avec une poule mouillée ?! Ouais... Ça a pas duré longtemps, j'aimais pas qu'on me traite de poule mouillée alors j'ai vite oublié le danger et je pense qu'encore maintenant je suis totalement inconsciente du danger qui m'entoure. Je me jetterais dans la gueule du loup en pensant à un gentil toutou. Mais là j'ai peur d'être seule tout simplement. Il me faut de la compagnie. Rien qu'à regarder les espèces de fleurs autour de moi, je me rend compte que je suis dans un lieu totalement différent. Les animaux aussi doivent être différents, mais avec le boucan que j'ai foutu, pas un seul ne m'entoure. Bravo Ralda, t'es vraiment une empotée. Et si y'a des animaux plus énervés que toi encore, ils risquent de te bouffer tout cru. Merde. Je suis vraiment conne. C'est là qu'à choisit le Prince Charmant pour débarquer et sauver la Princesse en détresse que je suis. Il est où son beau cheval blanc ?! D'abord interloquée je reste silencieuse, la bouche légèrement entre-ouverte sans me donner un air débile mais plutôt attendrissant. Le Prince Charmant semble de mauvais poil mais HEUREUSEMENT pour moi, il parle Anglais. Sachant que je ne maîtrise que deux langues en tout dans ma vie, il avait deux chances pour que je comprenne ce qu'il me dise. L'anglais étant ma langue natale, c'est encore plus pratique. Je me lève donc de mon rocher et frotte un peu de mes mains, mon short pour retirer la terre qui aurait pu s'y loger. Je remet en place mon débardeur et prend mon balluchon sur mon épaule. J'ai tellement de questions qui se bousculent que je n'arrive même pas à articuler un seul mot. Je suis vraiment débile quand il s'agit d’interagir avec d'autres personnes. C'est donc avec mon accent du Michigan que je lui répondis un peu après, réagissant. « Oui bah t'es drôle toi, y'a cinq minutes j'étais tranquille et voilà que je me retrouve dans un endroit désert avec une flore incroyable ! » Je fronçais les sourcils en observant encore la flore autour de moi. C'est dingue, ce n'est rien que je ne connaisse.
Il a pas l'air super sympa ce mec. Je me contente de hausser les épaules ensuite et je descend de mon rocher pour être face à lui. Ouah je suis minuscule en face de lui. Je suis toute intimidée d'un coup, mais n'ayant pas froid aux yeux, je me détourne un peu de lui pour observer autour de moi. Bon sang toutes ces années d'études pour remarquer qu'en fait on ne sait rien sur ce qu'il y a ailleurs ! Je rêve d'un calepin, je rêve d'un crayon, pour prendre en note tout ce que je vois autour de moi. Je rêve de partir à l'aventure et observer toutes les espèces animales qu'il peut il y avoir ici et toutes les noter et apprendre leur caractéristiques. Après tout, c'est ma spécialisation, c'est peut être pour ça que j'ai été envoyée ici et qu'il m'a fait venir si vite, ils manquaient peut être de gens. Ignorant totalement sa phrase sur mes genoux en sang, je me retourne d'un coup vers lui, plantant mon regard de biche dans le sien. « On est beaucoup à être ici ? Avez vous déjà visité tout le territoire ? Avez vous réussit à dresser une carte des lieux ? » Je me tait d'un coup. Peut être qu'agresser les gens avec des question qui ne sont pas essentielles pour le moment n'est pas une bonne solution. Mais je veux savoir !.
Le fait qu'il me propose d'aller voir « les autres » me réconforte dans mon idée. Au moins je ne serais pas seule avec ce prince mal luné à apprivoiser. Le Prince de ces lieux, majestueux et talentueux, déambulant sur son territoire comme s'il l'avait créé. On dirait mon Tigre. Mon roi. Comme Charles Hubert, je saurais apprivoiser ce gros tas de mauvaise humeur. Je le suis alors, d'abord un peu en retrait, puis petit à petit je me rapproche de lui et l'observe en coin, puis, quand j'en ai marre de le détailler, je regarde autour de moi, émerveillé, mes yeux pétillent. Je n'oublie pas que je suis sur un territoire hostile où la faune ne connaît pas bien l'homme et n'y est sûrement pas habituée, ils seront sûrement agressif envers nous. Voilà pourquoi il disait que j'allais mourir. Il ne me connaît pas lui. Il ne connaît pas mes talents. Enfin qu'il me considère comme une petite grosse incapable, je m'en fiche. Je sais que sous mon air potelé, je suis musclée et sportive malgré tout, je sais que sous mon air ingénue, je sais bien plus de choses que je n'en fais voir. De toute façon il n'a pas besoin de le savoir. A quoi cela lui servirait au fond ? « Je m'appelle Esmeralda, et toi Grumpy ? »
Je continue mon chemin auprès de lui, puis je m'arrête d'un coup, devant une petite fleur aux nombreuses pétales, un peu colorée et pas très haute. Je me fige devant elle, puis m'agenouille, lui faisant signe de m'attendre. « Tu vois ça !! C'est forcément un leucanthemum de la classe des Asterales et pourtant c'est sûrement pas ça vu que tout est différent que dans l'autre monde. Pourtant... » Je redresse mon nez, regarde autour de moi, puis enfonce mes doigts dans la terre. Je les retire et les frotte négligemment contre ma cuisse dénudée. « ... La position géographique et la texture de la terre sont idéales pour qu'elle pousse ici. Il va me falloir tout réapprendre ! C'est incroyable tu te rends pas compte ! »
Je me redresse et finalement le rejoint après un dernier regard pour ce qu'on appelle dans notre monde une simple Marguerite, du moins ça y ressemblait alors que ce n'était pas ça. Je suis émerveillée et mes yeux brillent, j'ai hâte de toute découvrir. Je ne sais pas vraiment où je suis, je ne sais pas du tout où je vais, je marche avec ce grand inconnu qui pourrait être un Tigre ou un Ours, mais dans tous les cas, je sais qu'il ne me fera pas de mal. Lentement, j'attrape un bout de son haut de ma petite main potelée et m'y accroche pour le suivre et ne pas le perdre pendant que je m'émerveille sur tout ce qui m'entoure. Mes genoux me piquent mais je ne suis pas une chochotte. Je sens que je ne vais pas m'ennuyer par ici.
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Sujet: Re: Mini Potam veut rentrer à la maison Ven 23 Aoû - 16:40 | |
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S. Ashton Awyer | Elle semble fascinée, plus que je n’ai jamais réussi à l’être depuis mon arrivée sur la surface de Terra, ses yeux brillent de tout ce qu’il y à découvrir plutôt que des larmes qu’elle se retient de verser, sa langue sert à poser des questions plutôt qu’à hoqueter des regrets. Je la toise, interdit, visage toujours vissé dans cette expression coutumière, un désintérêt dédaigneux qui ne vaut pas grand chose lorsqu’on connait ma contribution aux tâches quotidiennes qu’incombent notre existence de gibier. Me prendre au sérieux ? Les gens ont appris à ne pas trop m’accorder d’importance, voici Ashton, le prince d’outre-tombe, le parasite, qui gribouille et feuillète ses carnets plus qu’il ne sort prendre du soleil. Ou du moins, j’aimerais bien que ma vie se déroule ainsi, sans qu’on ne me porte attention. Malheureusement, il y a Lena qui guette toujours d’un œil et cette jeune mère que je ne peux m’empêcher de surveiller de loin. Parce que personne ne veut voir un enfant mourir trop jeune et que derrière mes yeux rôdeurs persistent un malaise. De la projection, assurément. Pas que je ne me heurte à des sentiers battus pour l’épauler non plus, je me contente d’observer, inerte, à jamais inerte. Parce que l’empathie tue plus qu’elle ne contribue à la vie.
« Not really. No. We have some incomplete drawings. »
Des réponses systématiques et laconiques à chacune de ses trois questions, sèches, mais dénuées d’hostilité apparente. Après tout, elle a stoppé ses cris et je ne peux prendre sa première réponse comme une attaque personnelle ou une demande non-désirée. Elle semble tout simplement charmée, mes sifflements de vipères filant au-dessus de son crane de noblesse boulotte. Je me pare donc de cordialité neutre, mes phalanges se perdant dans le tissu de mon foulard reconverti en ceinture, et tente de me montrer un tantinet enclin à l’échange, ou plutôt, enclin à son insertion à notre petite société. À vrai dire, j’aurais préféré qu’elle n’apparaisse jamais, que la lumière ne vienne pas illuminer le champ de Pierre, qu’elle ne vienne pas troubler mon moment de paix relative, mais beggars can’t be choosers, I suppose. Je socialiserai avec les rongeurs plus tard.
Son énergie semble inépuisable et son dépaysement se manifeste comme une chute diluvienne de surprise enfantine. J’envie presque cette force d’être, palpable sous les doigts qui fredonnent contre mon foulard. Mes yeux roulent, motion circulaire, qui monter mon exaspération face au surnom dont elle m’a affligé, grand bien te fasse, petit porcelet. Son prénom, lui, m’arrache toutefois un sourire, qui vient étirer la commissure droite de mes lèvres pour la première fois depuis des lustres. J’ose même un ricanement, usé.
La bohémienne, sensuelle et terrible, est loin d’être comme je me l’étais imaginée. À vrai dire, il m’est plus simple de fermer les yeux et de m’imaginer un sourire dantesque et des cheveux d’un blanc synthétique, de m’imaginer un corps rachitique et des mimiques voluptueuses. Je soupire. Kohaku me hantera jusque dans mes rêveries enfantines portant sur des vieux films du passé. I never forgot you, does that make you even a little bit happy ? Hah. J’en doute, tu n’as d’yeux que pour le ciel.
« Quasimodo . . . Ou peut-être Frolo. I wonder. »
Nul doute que la référence au Bossu de Notre Dame lui sera inconnue, mais la confusion qui viendra potentiellement assombrir ses traits en vaudra peut-être la chandelle. Une raison de plus de ricaner. Étrangement, cette fille, porcelet humain, me donne envie de rire, pas pour la beauté du sarcasme ou l’amour de l’ironie, plutôt parce que je suis encore en vie et que s’il y a un truc de bien dans ce foutu monde à la noix, c’est bien cela. Je me suis réveillé, encore une fois et tant et aussi longtemps que je trouverai la force de perdurer, j’aurai peut-être une chance de . . .
De quoi, de le revoir ? De transmettre son héritage ? J’ai une chance de trouver et de comprendre pourquoi je me suis réveillé, je suppose, extirpé de mon sommeil glace par les mains tétanisées de Dannyck Charron. Oui, cette Esmeralda, sans les boucles noires et la démarche féline, me rappelle cela. Pft. Et elle apprendra mon nom bien assez vite, dur de ne pas connaître tout le monde lorsqu’on squatte un village de moins de 50 habitants. C’est à peine le tiers d’une liste d’ami facebook normale de là où je viens. Soit.
Elle fléchit les genoux et se prosterne devant la végétation locale, un bout de plante simplet et sans grand intérêt que j’aurais certainement piétiné distraitement si elle n’avait pas jugé bon d’en souligner l’existence. Il s’agit d’une fleur tout ce qu’il y a de plus banale, un organisme lambda, complètement insignifiant lorsque comparé à certains des spécimens observables dans ce Nouveau Monde. Je l’observe, m’arrêtant dans ma marche, sourcil levé. Sa tirade excitée me heurte de son intellectualité, du latin que j’entends dans ses mots, de la comparaison qu’elle établi. Des connaissances, environnementales. Une petite savante de la nature. Je ricane de nouveau, sarcasme pointillant mes mots, dissonant avec le soulagement frottant mes synapses.
« Well, I regress. You may actually prove useful. They’ll be happy. Maybe they’ll even leave me the fuck alone for a while . . . »
Ses connaissances pourront peut-être nous permettent de déterminer quelles plantes sont comestibles et quelles plantes sont dangereuses. Peut-être saura-t-elle comment les apprêter dans un but médicinal. Là où je suis peu enclin à m’encombrer de son interrogatoire, je me promets d’en glisser un mot à Lena,. La chasseresse pourra relayer l’information aux autres villageois, chose que je me refuse totalement de faire. Contre toutes attentes, je m’agenouille près d’elle, rivant mon regard sur la petite plante et ses pétales pailletés de couleurs, clignant bêtement des yeux. Les paroles de la bohémienne reconfigurée résonnent dans ma tête. « Tu ne te rends pas compte ! ». J’effleure la manifestation végétale du bout des doigts, visage apathique en scrutant les détails.
« No, I don’t. But you can tell me about it all you want. I actually like flowers. »
William dans ma tête, ses ongles grattant une feuille verte et ses lèvres baisant les bourgeons d’un lilas. William qui sourit, perdu dans la quiétude de son solarium, William qui me remarque et me souffle : « Bon matin, jeune Sacha. Have you come to take a look at the flowers ? I have a new one I intended to show you. ». De précieux souvenirs qui brusquent nostalgie et dépaysement en mon âme et laissent mes traits s’adoucir dans une contemplation distraite de ce qui aurait pu être. Et qui ne sera jamais. Tout de même, aussi sympathique un cours 101 sur la végétation locale pourrait s’avérer, les dangers constamment présents serpentent toujours dans un coin de ma tête. Aussi enthousiaste soit-elle, rien de son ancienne existence n’a pu adéquatement la préparer à la vie ici, vaut mieux rentrer et la laisser se familiariser avec son nouvel environnement dans un lieu plus sécuritaire. Ça lui laissera le temps d’apprendre à jauger les dangers et de peut-être réussir à passer l’année. Bravo Oliver, la plupart de tes pionniers meurent avant même d’avoir laissé leur marque sur ton purgatoire terrestre. Connard.
« See the smoke rising up in the horizon ? That is where we are going. I guess it’s going to become the place you call ‘home’ even though I can’t manage to call it that myself. »
Je lève un bras et pointe dans la direction du village, le centre des activités qu’elles soient sociales ou pratiques. C’est le cœur de cette civilisation bourgeonnante qui a pullulé dans l’esprit malade d’Alan Oliver jusque dans celui de sa nièce et qui se transmet lentement d’arrivants en arrivants. C’est de la folie et nous en sommes les prisonniers que ce soit par choix ou par obligation. La fumée, âcre et grise, tourbillonne dans le ciel. Je me relève quittant la fleur pour me remettre en marche, lançant cette fois un regard condescendant par-dessus mon épaule.
« We should hurry. The sooner we get there, the sooner you can start your new life and stop being my problem. »- Traductions:
« Pas vraiment. Non. Nous avons quelques dessins incomplets. » « Eh bien, je régresse. Tu t’avéreras peut-être utile. Ça leur fera plaisir. Peut-être me foutront-ils même la paix pendant un petit moment . . . » « Non, je ne me rends pas compte. Mais tu peux m’en parler autant que tu veux. J’aime bien les fleurs, à vrai dire. » « Bon matin, jeune Sacha. Es-tu venu jeté un oeil aux fleurs ? J’en ai une nouvelle que j’avais l’intention de te montrer. » « Tu vois la fumée qui s’élève dans l’horizon ? C’est là que nous allons. Je suppose que c’est l’endroit que tu apprendras à considérer comme chez toi, même si je n’y arrive toujours pas, personnellement. » « On devrait se dépêcher. Le plus tôt on arrivera, le plus tôt tu pourras commencer ta nouvelle vie et arrêter d’être mon problème. »
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Sujet: Re: Mini Potam veut rentrer à la maison Mar 27 Aoû - 14:41 | |
| Je suis le son que personne ne fait, je suis l'ombre dans la nuit, et le vent dans tes cheveux
La Faune | Un papillon inconnu, sorti de nulle part, se met à virevolter autour de votre partenaire, puis autour de vous et vient enfin se poser sur votre main. |
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Sujet: Re: Mini Potam veut rentrer à la maison Sam 14 Sep - 8:30 | |
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Invité | Esmeralda Seeds - R.I.P.
Il peut se moquer de moi, me détester, grand bien lui fasse, moi je n'en ai rien a fiche, je vivrais au jour le jour et découvrirais toute la faune et la flore de cet endroit magique. Ils n'ont que des dessins incomplets, dommage. Dommage. Depuis combien de temps sont-ils ici ? J'en sais rien mais c'est vraiment bizarre. Je regarde autour de moi, on dirait un peu un cimetière. Cet endroit est-il vraiment dangereux ? Et pourquoi est-ce qu'on a tous été envoyés ici ? Oh j'ai hâte de voir le village pour voir toutes les civilisations qui s'y trouvent. Je le regarde alors, interloquée, ne comprenant pas ce qui le fit ricaner et encore moins ces prénoms qu'il me présentait comme les siens. « Quasimodo ? Frolo ? Mais qui est tu ? Je comprend pas ce que tu racontes.. » Soupirais-je avant de secouer la tête, tant pis, ce serait Grumpy. Ces prénoms me disaient quelques choses, un vague souvenir qu'un vieux professeur de littérature m'avait une fois raconté, mais je ne m'en souviens pas. Je fronçais alors les sourcils tentant de me souvenir, mais rien à faire, ça ne vient pas. Boarf, ça ne devait pas être important, peut être que mon prénom était celui d'une héroïne de roman, ou peut être le sien, toujours est-il que Grumpy n'est pas du genre amusant aujourd'hui. Bon tant pis, avançons et nous verrons bien ce que l'avenir nous réserve, je retrouve mon sourire en regardant à nouveau autour de moi, mes genoux me piquant. C'est magnifique. Je sais que j'ai toujours l'impression de m'extasier sur tout et n'importe quoi, mais que pourrais-je faire d'autre ici ? Il y a tant de choses à découvrir à savoir, à enregistrer, noter... Oh mon dieu, qu'ai-je fais de mon calepin ? Il doit être dans mon sac. Mince. De toute façon je ne sais pas dessiner, cela ne sert à rien que je perde du temps encore à le chercher au fin fond de ce sac alors que messire Grumpy semble pressé de partir. Je roule des yeux en y pensant. Vraiment, c'est Grumpy Prince ce type. Bon c'est pas grave, j'ai assez de sympathie pour deux, je tiendrais le coup et je lui apprendrais a faire son TroD4ark avec moi. Non mais oh, il est pas né celui qui me fera déprimer, moi la grande Esmeralda Seeds ! « Utile ? » Interloquée, je pose mon regard verdâtre sur lui et observe son faciès discrètement. C'est un bel homme, pourquoi est-il si désagréable ? Je secoue un peu la tête et soupire. « On ne m'a pas envoyée ici pour rien voyons... Tout le monde sait comment Il est. » Ah cher docteur. Je commence à comprendre votre jeu. Je me doutais bien qu'il n'allait pas accepter de m'envoyer ici juste parce que j'avais perdu toute ma famille, que je n'avais plus d'espoirs en rien et qu'il me fallait un peu d'air frais. Terra, centre de vacances pour dépressifs. Ouais non c'est pas encore ça. Bon sang j'ai envie de faire pipi... Je suis un peu plus sérieuse là, forcément qu'ils aurons besoin de mes connaissances ici. Je sais comment utiliser la nature à notre avantage et même si cela ne se voit pas, je suis très bonne en survie dans un milieu sauvage... Je suis juste assez maladroite. Grah mes genoux piquent. Il s'agenouille devant moi et je le regarde à nouveau. Il me surprendra beaucoup je crois. Je souris en coin en le voyant effleurer la fleur et finis par avoir la banane. Il est génial. Je croise son regard et souffle à mon tour. « Je vais te fatiguer à parler sans cesse, mais je retiens la proposition. » Oh oui je parlerais sans cesse jusqu'à ce qu'il me fasse taire d'une façon ou d'une autre. Ça peut être drôle. Maman disait toujours que j'étais un bol d'air frais, grisant et fatiguant à la fois mais tellement agréable, il suffisait de m'écouter et de me regarder pour sourire. J'espère pouvoir apporter un peu de joie autour de moi. N'est-ce pas Grumpy ? Hmm. Bref allons y, on ne va pas rester toute notre vie ici non ? Je frotte mes mains contre mes cuisses, salissant mon short en jeans puis je regarde à l'horizon, notant la fumée qui s'élève, un petit sourire orne alors mes lèvres rosées et pulpeuses, je secoue la tête, il faut y aller, j'ai hâte de voir les autres même si je n'ai jamais été une personne sociable... Je préfère de loin la solitude, ou la compagnie d'un animal quelconque. Ils sont tellement plus affectueux. Je le suis donc, mes doigts serrés autour de son haut comme si j'avais peur de le perdre, je ne le lâcherais pas, mes genoux sont encore en sang et j'ai toujours envie de faire pipi, c'est vraiment pas pratique ici, mais je saurais me retenir jusqu'au village je crois, et au mieux, j'aurais bien vite oublié mon envie. Mais je fronce les sourcils. « Pourquoi commencer une nouvelle vie ? Non, je ne fais que continuer celle que j'ai entamée il y a 19 ans, Grumpy. » Je lui adresse un petit sourire amusé, je ne suis pas du genre à faire table rase du passé, bien au contraire. « Je resterais ton problème, tu doit être le seul humain avec qui j'apprécie de discuter depuis... Oh. Des mois. » Si ce n'est des années. Nous marchons, et nous avançons dans un paysage qui m'était alors inconnu, j'observe, note dans mon esprit et parfois je lui parle, de fleurs, de fleurs en tout genre, de celles que j'aime, celles qui ont un bon parfum, celles qui font des tisanes extraordinaires et quand j'en croise une qui y ressemble, je lui montre, et je lui explique. J'essaye de ne pas trop parler latin, parfois mon Français natal ressort dans mes paroles, mais je me contente de hausser les épaules, s'il ne comprend pas, tant pis, il demandera, je lui expliquerais. Mais d'un coup, je plaque ma main contre son ventre pour l'arrêter, les yeux rivés sur une petite chose qui vole autour de nous. Des ailes blanches, légèrement tachetées, il tourne autour de Grumpy, puis autour de moi, la main toujours agrippée au haut de ce pauvre jeune homme qui n'a rien demandé, mes yeux pétillent, j'adore les papillons. Je le laisse voler autour de nous avant qu'il ne se pose sur la main que je lui tendais, je lève la main et la porte à mon visage pour l'observer, fascinée. « Regarde... Il a une corne ! » Je parle tout bas, comme si j'avais peur de faire peur à cet animal magnifique. « Papilio Cornea Littéralement, Papillon Corné. Lui je l’appellerais : Yuki. Il est blanc comme neige et on m'a dit une fois que ça voulait dire Neige en japonais. » Et il reste dans ma main. Je relâche le haut de Grumpy et glisse mes doigts dans son foulard pour me tenir toujours à lui, lui faisant signe de reprendre la route, je le suivrais, les yeux toujours rivé sur mon beau papillon. Ouahou. J'adore ça. Ça peut vous sembler bizarre mais je donne un nom ou un surnom à tout ce qui me touche. Vous voyez Grumpy a eut son surnom bien assez vite et la première chose que j'ai fais, c'est nommer ce papillon qui serait mon nouvel ami jusqu'à ce qu'il quitte ma paume, pour le moment, il ne semble pas déterminé à la quitter. C'est amusant quand il agite ses ailes, il semble laisser une poudre blanche sur ma peau. Je me demande quelles sont ses propriétés... Elle sent bon.
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Sujet: Re: Mini Potam veut rentrer à la maison Ven 27 Déc - 13:10 | |
| Frostbitten Requiem to a Forgotten Elegy
S. Ashton Awyer | La confusion n’en vaut pas tout à fait la chandelle, mais la voir s’empêtrer dans les noms que je lui ai présentés réussi tout de même à m’arracher un rictus en coin. Un sourire vaguement goguenard qui volète autour de sa, ahem, voluptueuse silhouette. Elle ne s’offusque pas assez pour me paraître agaçante, mais se montre suffisamment perplexe pour que je puisse y trouver mon compte. À demi du moins. Ses cheveux s’agitent doucement alors qu’elle secoue la tête en ma direction, mais son dévolu ne se repose pas bien longtemps sur ma forme et j’ai à peine le temps de remarquer le passage des secondes qu’elle s’est déjà remise à contempler avec des yeux brillants d’admiration le contenu du paysage local, c’est-à-dire, des petites plantes rases, des pierres, oh, encore des pierres et beaucoup trop d’herbes hautes. Rien de particulièrement enchantant, pourtant, je vois tout son corps tendu dans l’émoi qu’impose un changement de décor mystifiant et, avançant, mon esprit me susurre qu’elle déchantera bien assez vite. Ce monde, bien que parfois magnifique, est tout d’abord impitoyable, cruel et n’accorde que trop rarement des secondes chances. C’est la prison des ingénus et des malchanceux, mon pénitencier et le berceau de dieu de ce taré d’Oliver à la con. Espérer l’avènement d’une nouvelle civilisation en accordant si peu d’importance à la vie des autres est la preuve même de la cupidité humaine. Les gens ne changeront pas, ils se battront, car c’est ce qu’ils savent le mieux faire, puis ils reconstruiront cet univers où ils s’arrachent la domination à coup de canon et d’armes nucléaires.
Nos genoux fléchis, les siens écorchés et certainement à vif, les miens couverts et en bon état, porte nos visages sur l’apparition banal d’une fleur se trouvant dans un lieu tout aussi banal. Le champ de pierres à perdu beaucoup de cet aspect mesmérisant au fil des mois, après tout, après le village, c’est le lieu que nous avons tous côtoyé lors de notre arrivée et que certains d’entre nous retrouvent de temps en temps comme un point de repère familier, le lien qui nous uni à notre univers natal. Le souffle de la nostalgie, le cimetière de ceux qui n’ont pas pu vivre assez longtemps.
Esmeralda, bohémienne de chair et de jovialité, ne mâche pas ses réponses, ripostant par mon affirmation condescendante de son utilité par sa propre pique, légère, sans la moindre tonalité mesquine, mais tout de même lancée pour me rappeler de ne pas trop la sous-estimer. Mes sourcils se froncent et mes lèvres redeviennent placides, une expression portant tout ce cynisme mal foutu qui m’a toujours habité et qui ne fait que croître, adoptant des proportions disproportionnées, depuis que je me suis réveillé dans l’une des chambres d’amis de doc mégalo. Ma langue glisse sur mes lèvres en une vague pause qui présage une prise de parole imminente, alors que la nouvelle pionnière adopte un large sourire.
« You’d be surprise. He also sends in the people who have no hope for a life on the other side anymore disregarding the fact that they most likely do not possess the ability to live out there in the wilderness. »
Ma propre personne, en l’occurrence, vestige des siècles passés, dépourvue d’identité, à peine génétiquement assimilable aux générations d’humains actuelles. Je me pointe du doigt de manière anonyme, cherchant toutefois plus à désigner Oliver et sa diluvienne folie, celle-là même qui le fait persister à envoyer des gens, sa propre fille adoptive, dans une brèche dont il ne connait pas réellement l’issue. Des calculs, des calculs. Des calculs qui ne peuvent prouver que son trou temporel ne déchire par les êtres qui le pénètrent en un millier de petites particules sanguines. Oliver est fou et je le suis encore plus d’avoir encore une fois accepté qu’on me berne. Et cette fille prétend qu’elle va me fatiguer à force d’ouvrir la bouche, à force de communiquer cette joie de vivre si foncière qu’elle donne envie de s’y intégrer aussi. C’est peut-être à tort, mais je n’y crois pas vraiment. Elle me fatiguera beaucoup moins que la majorité des fatalités que je croise dans ma vie de tous les jours, moins que les regards bruyants de Lena ou que les pleurs d’Olivier au creux de la nuit. Quoique je ne suis pas hypocrite, vraiment, tout me fatigue un peu, ici.
La marche reprend, ponctuée par sa voix et sa main serrée dans mon vêtement, comme pour ne pas perdre la possibilité de rejoindre le village sans se perdre et dans un état de sécurité relative. Je la laisse faire, attrapant du bout de ma langue ces souvenirs qui me susurrent que si j’avais pu toucher la première personne que j’avais vu, lors de mon arrivée, peut-être celle-ci serait encore vivante. Ou moi mort, mais on entre, en pensant cela, dans le dédalle des infinies possibilités. Je la laisse donc faire, au cas, où, sans vraiment la contempler, sans ralentir ma cadence, laissant mes mains écarter les hautes herbes et mes jambes s’aventurer à la hâte sur le sol du champ de pierres. Mes prunelles sont rivées sur la colonne de fumée qui s’élève posément dans le ciel, révélatrice de feu, de connaissance du feu et de toute la déchéance que cela implique.
Je la lui montre et elle me répond une réponse qui me donne envie de me moquer, qui me donnerait peut-être un peu envie de pleurer en d’autres circonstances. Continuer sa vie, huh ? Tourner la page et apposé à la nouvelle feuille vierge un nouveau titre de chapitre, comme dans toutes les histoires qu’on pouvait lire dans les livres qui croisaient notre chemin lorsque nous étions encore établie dans l’Ancien Monde. Continuer sa vie. J’ai plutôt l’impression d’avoir laissé la mienne en suspend le jour où j’ai suivi Kohaku Joshua à l’intérieur de son institution scientifique pour la seconde fois de ma vie. J’ai plutôt l’impression de m’être divisé en deux et d’avoir perdu une partie de moi. Et je chuinte encore sous la douleur de la perte.
« That is quite the optimistic way to put it. Some people are not that positive. »
Je ne suis pas optimiste, je n’ai pas l’impression de continuer à vivre, j’étouffe simplement, portant un regard vitreux, incapable de me résoudre à avancer ou à reculer, voir même à mourir. Jamais mourir, car aucun d’entre eux n’auraient souhaité que j’en arrive là et que cela signifierait l’annihilation de mes tous derniers espoirs, de la possibilité infime qui persiste en moi. Je vais te retrouver ou tu me retrouveras. Je bats des paupières, laisse mes pupilles se heurter à cette fumée grise qui valse dans le ciel clair de l’été.
Esmeralda sourit, toujours accrochée à moi, et je me demande si elle sait faire autre chose que de simplement vivre la tête haute. Présomptueux jugement qui exprime toutefois l’impression qu’elle me donne, celle d’être une boule d’énergie, littéralement une boule, sans soucis ou inquiétudes, une tête folle lâchée sur un grand terrain qui attend le premier faux-pas pour pouvoir la dévorer.
Et si je suis la première personne à qui elle apprécie parler depuis longtemps, elle est la première que je ne me lasse pas d’écouter au bout de trente seconde depuis des années. Depuis que je me suis réveillé, trop loin de mon époque de base. Ou non, depuis que j’ai laissé Mathaëlle derrière.
Nous poursuivons notre route et elle en profite pour tenter de me fatigue, claquant sa langue contre ses dents, parlant doucement, de fleurs. Je me répète, mais je les aime bien, celles-là, les princesses aux pétales qui faisaient des apparitions grandioses dans chacune des histoires portées au jour par mon oncle William. À mesure que notre court périple s’allonge pour laisser place à sa passion, je me surprends presqu’à apprécier le moment, à me laisser porter par ses mots qui s’habille de familiarité, mais aussi de nouveauté. J’apprends des faits utiles, des idées que je pourrai relayer à Lena en échange d’un peu de paix et de tranquillité. Dans ces mots, je décèle aussi la présence de son latins, français si la constatation n’arrive pas à m’arracher une expression autre que cette neutralité arrogante que je placarde à l’accoutumée sur mes traits, elle parvient tout de même à me toucher. Cette langue est précieuse. Parfois, Toujours. Je ne pose pas de questions, par contre, laissant ses phrases bondirent dans l’air pour y mourir, emmagasinant posément l’information.
Jusqu’à ce qu’elle écrase sa main potelée contre mes abdominaux, du moins. La source de son émerveillement actuel ? Un papillon, un vulgaire papillon qui mourra d’ici quelques heures si on se fie à la règle qui régit la longévité de ceux qui existent de l’autre côté. Tout de blanc vêtu, l’insecte promène son corps picoté de noir tout autour de nous, agitant ses ailes monochromes avec la grâce qui incombe tous ces êtres qui ne vivent pas suffisamment longtemps pour exhiber autre chose. Je fixe sa corne lorsque Miss l’Hippo me la désigne, protubérance anormale qui me rappelle ces drôles de blattes informes, alors qu’elle, énamourachée qu’elle est, doit l’apparenter à la parure d’une céleste licorne.
Yuki. Blanc. Voilà un terme récurrent dans mon existence, un terme qui ne cessera jamais de persister entre mes synapses, un terme que je préférerais souvent oublier sans en être capable. Oui, yuki signifie bel et bien neige en japonais, mais je tais cette connaissance, car d’elle émanerait des questions auxquelles je ne souhaite pas me confronter.
« It is as white as snow . . . Does it snow where you come from ? »
La bestiole dépose son enveloppe éphémère au creux de la paume de la bohémienne transfigurée et le contact qu’elle exerce sur mon corps se déplace, fourmille vers un autre endroit. Je reprends la route avant même de voir le geste qu’elle me lance, réinitialise nos déplacements avec plus de fougue que précédemment. Nous avons perdus beaucoup de temps, alors qu’elle piaillait et si ce papillon l’ensorcèle, il brise le sortilège que la quiétude avait sur moi. Je tire sur son bras un peu sèchement et la toise.
« We should hurry. »- Traductions:
« Tu pourrais être surprise. Il envoi aussi les gens qui n’ont plus l’espoir d’avoir une vie de l’autre côté sans se soucier du fait qu’ils ne possèdent probablement pas la capacité de vivre ici, dans ce monde sauvage. » « C’est une manière bien optimiste de le considérer. Certaine personne ne sont pas aussi positives. » « Il est aussi blanc que la neige . . . Est-ce qu’il neige de là où tu viens ? » « Nous devrions nous dépêcher. »
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Sujet: Re: Mini Potam veut rentrer à la maison | |
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