Caspar Liebert - R.I.P. Lorsqu'il pénétra dans le cylindre métallique du docteur Oliver, Caspar n'était pas sur de comprendre ce qu'il faisait là. Il était ouvert d'esprit et pour avoir côtoyé des scientifiques, savait à quel point il était possible de repousser les limites de ce que le commun des mortels percevait comme la réalité. Pour l'instant, il avait juste l'impression de vivre une scène de mauvais film de science-fiction des années 90.
Le chercheur américain lui avait expliqué sans trop entré dans les détails que son appareil lui permettrait de voyager instantanément dans un lieu très éloigné et encore sauvage où quelques rebelles avaient déjà été envoyés avant lui. Il n'était pas très loquace alors Caspar avait préféré ne pas se montrer trop insistant. L'excitation de voir enfin de ses yeux ce qu'il n'avait toujours fait qu'imaginer, mêlée à son sens du devoir exacerbé le poussait simplement à poursuivre l’expérience jusqu'au bout pour revenir plus tard faire son rapport.
A ce moment, le jeune espion ne savait pas encore qu'aucun retour n'était permis. Quoi qu'il en soit, il était trop tard pour faire marche arrière. Les parois de sa cellule technologique grésillaient déjà. De vifs arcs électriques bleutés claquaient tout autour de lui hérissant ses cheveux sur sa tête, puis toute sa peaux fut parcourue d'un léger frisson. Quelle angoisse ! Caspar essayait de garder son calme, il resta droit et fière comme un militaire, pourtant ses yeux roulaient dans tous les sens, à l’affut d'on ne sait quoi ...
Aux alentours, rien que le chrome de la machine vibrant d'une note stridente, brillant d'un bleu de plus en plus lumineux. Il venait de perdre tous ses repaires, plus de haut ni de bas, rien que la sensation de ses molécules se désolidarisant au gré de l'électrostatique. Il tourna la tête et aperçu brièvement une étendu blanche constellée de taches grises éparses et grossières. Un froid mordant lui remonta le long de l'épine dorsale et lorsqu'il regarda de nouveau devant lui, une gigantesque plaine blanche s'étendait tout autour de lui.
S'en était trop pour un seul homme. Le voyage interstellaire n'était pas une expérience des plus reposante, il tomba un genou à terre.
Après quelques instants d'une léthargie aussi bien physique que mentale, Caspar reprit doucement ses esprits. Il se redressa timidement au centre d'un cercle de deux mètres de diamètres dans la neige fondue. Il n'avait pas encore vraiment froid, mais cela ne tarderait visiblement pas, car, à perte de vue, c'était l'enfer blanc qui régnait, ponctué ça et là de menhirs sombres répartis aléatoirement. Dans quel monde étrange et inhospitalier avait-il atterri ?
Ce n'était pas le moment de flancher. Certes, il ne s'était pas attendu à cela, mais maintenant qu'il y était, le tout était de survivre assez longtemps pour mener son enquête au bout et revenir sur Terre chargé d'informations juteuses pour l'état-major. Il enfila rapidement les vêtements les plus chauds de son équipements, en espérant qu'ils lui permettent de tenir assez longtemps pour trouver une source de chaleur convenable. Après plusieurs longues minutes de marche harassante dans la poudreuse, aucune forme ne se dessinait dans la brume glacée. C'en était fini de lui, il était dans un cimetière sans fin et l'une de ses pierres dressés allait assurément lui servir de stèle funéraire ...