Valentine garde cette main dans la sienne et entame quelques pas vers la semi pénombre.
Tant que personne ne le contredirait il continuerait à tracer une direction axée sur celle de sa vision. Dans ce monde évidé de fioritures technologiques, revenir aux moindres conforts primaires semble être le dernier rempart où se raccrocher. Il n’éviterait sans doute pas l’inconnu, les aléas hantés de ses créatures, ni le destin d’un monde aseptisé de toutes créations humaines. Mais ce simple contact, un simple réconfort illusoire, l’audace de continuer à poser un pas devant l’autre sans cesser d’avancer. Et alors, il poursuivrait son chemin sous le ciel dégagé d'une lumière nocturne.
-Je ne sais pas où je vais. Pas encore, avoue-t-il simplement parce qu'il n'a rien de mieux à lui répondre. Les yeux scrutant les environs, il s'éloigne des bruits de musique rudimentaires du village.
Rien ne les oblige à s’exposer à l’inconnu, pas même à s’éloigner du cocon convivial du regroupement rassurant des villageois. Et pourtant, Valentine est déjà en quête d’un quelque chose de plus grand que ce qui échappe à sa connaissance, cette soif de comprendre au-delà de la nouveauté à laquelle il fait face de jour en jour. Il fallait l’avouer, il avait peur, mais ce n’était pas celle qui fige sur place non. La peur, celle qui oblige en permanence à dévaster d’abord pour réparer ensuite, celle qui ne laisse pas le temps de réfléchir pour décrypter le mouvement d’une entité trop grande à contrer, celle qui relève d’un réflexe primaire pour préserver sa survie. Il se cacherait le temps qu’il faudrait, mais pas suffisamment longtemps pour tuer l’envie d’en découvrir plus, toujours plus.
-Mais tu es libre de repartir au village. Le mot libre l’étonne à lui-même alors qu’il réalise soudain ce que la liberté sans sous entendu peut, -pourrait signifier. Ça lui fait l’effet d’un filtre subitement retiré de ses poumons, la fraîcheur d’un air non vicié remplissant son être jusqu’aux strates de sa conscience. Il relâche alors ses phalanges autour des doigts de Pilar.
-Je vais voir là bas. Là bas, au sommet de la colline, plus près de la lune, plus loin de la terre voir ce qui entoure ce mystérieux village formé de nulle part.