Sujet: La grossesse est une gastro qui dure neuf mois Mer 31 Déc - 3:53 | |
| Je suis un volcan qui se noie de l'intérieur, je m’étouffe avec la vapeur qui ne peux s'échapper
Lola O'Ceann | Le froid de l'hiver, mordant et sec, rougissait mes joues. Le vent glacé pétrifiait dans ma gorge et dans mon nez l'air qui entrait par petites goulées interrompues. Cet hiver n'était pas agréable. Ce n'était toutefois pas les gifles de froid et l'oxygène transi qui me dérangeait. C'était plutôt les chevilles enflées, les nausées, les crises de larmes... Et ce ventre. Ce damné ventre rond et encombrant. Moi qui croyais être d’un naturel maladroit, je sais désormais que je ne connaissais pas la maladresse avant d’avoir connu cet… État.
Le ventre ne m'avait toutefois pas empêchée de provoquer le danger plus que dans le reste de ma vie entière. Avant le grand froid, avant d'arrondir autant, j'avais pour la première fois escaladé une falaise pour ramasser une pierre brillante, j'avais nagé loin, loin dans le grand lac, et plonger dans ses profondeurs afin de récolter des algues, j'avais dormi hors du village, avec une couverture et une gourde d'eau pour seul bagage, afin me rendre loin et trouver de l'obsidienne.
Quand je suis arrivée sur Terra en fragile enfant de bonne famille, aux pieds sertis de sandales précieuses et au cœur lourd de craintes, je n’aurais pu imaginer un jour faire toutes ces choses. Aujourd'hui, je ne connais plus la peur. Je connais les dangers, et je sais pertinemment que je m’y expose de plus en plus, mais j’ai perdu toute capacité de m’en formaliser.
Même maintenant, même avec mon satané ventre, j'avais bravé le froid pour rejoindre une caverne et y ramasser des champignons rares ailleurs en cette saison - On ne plaisante pas avec la faim avide et pointilleuse qui anime la grossesse. Bref, j'étais revenue au village avec ma besace de cuir que je serrais contre moi comme en promesse d’un tête-à-tête intime.
Quelques personnes ne semblaient pas encourager mes excursions. Théodore d’une part, semblait s’inquiéter pour moi… tant mieux , pensais-je. Mon docteur, quant à lui, n’appréciait pas du tout mes nouvelles habitudes et me sommait sans cesse de calmer mes élans d’aventure et de me reposer. Il semblait tout particulièrement anxieux parce que malgré l’approche du troisième trimestre, j’avais perdu beaucoup de poids plutôt que d’en avoir gagné… Hormis le ventre qui lui, bien sûr, continuait de grossir et de prendre de la place.
Il était tout particulièrement chiant depuis qu’une première femme enceinte était morte en couche...Je suppose que c’est une inquiétude plutôt raisonnable.
À la fois pour le rassurer et pour éviter de me faire gronder plus tard, je me suis directement rendue à sa hutte. J’y entrai donc, mon sac sur l’épaule, les mains reposées sur la protubérance anormale qui siégeait mon corps. Plus que trois mois et c’est fini. Plus que trois mois et je n’aurai plus jamais besoin d’y penser… pensais-je.
La tête blanche de Gavin n’était nulle part en vue.
Avec la chance que j’aie, c’était à prévoir qu’il ne serait pas là. Il y a toutefois une petite blonde qui erre dans la clinique comme un fantôme. Je ne la connais pas plus que je ne connais personne d’autre. Tout ce que je sais, c’est qu’elle est ceinturée comme moi, quoique peut-être un petit peu moins que moi. Personne ne me l’a dit, et je n’ai aucune idée de l’identité du père, mais tout dans sa posture et son air fatigué le laisse entendre. Ça saute aux yeux.
- J’espère que pour toi ça valait le coup. Commençais-je en guise de bonjour, après avoir tracé sa silhouette d’un regard blasé. « Tu’sais si Gavin nous f’ra l’honneur de montrer sa belle gueule avant l’hiver prochain ? » Dis-je finalement.
L’affabilité n’a jamais été une qualité me caractérisant.
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Sujet: Re: La grossesse est une gastro qui dure neuf mois Jeu 29 Jan - 16:44 | |
| Invité
Invité | Leane Larsson - R.I.P. Titubant, Leane évoluait dans l'espace autour d'elle sans réellement savoir ou elle allait. Les larmes coulaient, s'échappaient de ses yeux sans qu'elle n'ait aucune emprise que ce soit sur ces foutus sentiments qui la submergeait. Négatifs, tous négatifs. Elle avait peur, elle se sentait plus que mal, et horriblement misérable. Et pire que ça, elle avait honte. Ce fameux soir, tout ce qu'elle avait sû ressentir était la peur, le dégoût et la honte. Une fois de plus ces sentiments l'oprèssèrent, lui tordant le cœur, semblant écraser son cœur, le maltraiter comme on presse une éponge pour en faire sortir l'eau.
Plus qu'au cœur, c'était a la tête qu'elle avait mal. Ces larmes incessantes commençaient a lui provoquer une satanée migraine. Pourtant elles coulaient silencieusement. Léane se sentait complètement démunie, et seule. Elle ne parlait pas beaucoup, et depuis son arrivée a Terra elle ne s'étais pas fait d'amis finalement. Pourtant aujourd'hui, pour la première fois de sa vie, elle qui pourtant avait toujours refoulé ses besoin d'extériorisation, avait toujours fait en sorte de garder le contrôle et de s'en sortir seule sans avoir besoin de personne, oui, pour la première fois, elle, Leane Larsson, éprouvait le besoin de se confier a quelqu'un. Quelqu'un qui partageait sa peine, ou qui la comprenait un minimum.
Elle se laissa tomber par terre et s'assit. Qu'importe ce qu'on pourrait penser de cette blondinette au teint cadavérique et au visage mouillé par ses larmes, elle avait besoin de soulager ses jambes tremblantes, fatiguées, tout comme son dos, de porter ce fardeau. Au sens propre comme au sens figuré d'ailleurs. Elle posa son regard gris argent sur son ventre. A chaque passage au centre, elle repensait a ce soir là. Et a chaque fois elle craquait et paniquait. Trop de questions et d'inquiétudes se bousculaient dans sa tête, elle n'avait aucune idée de comment elle allait faire. Aucune, et puis, elle n'avait pas envie de faire. Leane avait fui son ancienne vie. Elle l'avait fuie de toutes ses forces. Elle pensait qu'elle, tout autant que n'importe qui, peut-être même plus que bien des gens, avait besoin, un besoin de fuir. Elle était jeune et ce dont elle avait besoin, c'est de croire en un avenir. Pour pouvoir survivre, c'était sa seule option. Comment allait-elle faire avec cette chose qu'elle osait a peine nommer même dans sa tête, qui serait là, pour lui rappeler chaque jour cette nuit là, ou on lui a volé son innocence, sa vie ? Comment allait -elle pouvoir, élever, aimer la chose qui lui rappelait l'être qu'elle aurait souhaité oublier plus que tout au monde, la personne qu'elle déteste, qu'elle aurait souhaité ne jamais rencontrer ?
– J’espère que pour toi ça valait le coup. Tu’sais si Gavin nous f’ra l’honneur de montrer sa belle gueule avant l’hiver prochain ?»
Leane leva brusquement les yeux sur une jeune femme qui la toisait, attendant manifestement une réponse a une question que Leane avait a peine comprise. Sa bouche s'ouvrit, béate d'incompréhension, et dans un bafouillement absurde, elle tenta de lui demander de répéter. Puis elle compris le sens de la phrase et secoua la tête avant de se relever afin de faire face a son interlocutrice. Elle était tout l'inverse de Leane, tout ce qu'elle aurait voulu être actuellement, la chaleur qu'elle dégageait avec ses cheveux roux et flamboyant, la témérité, le courage, et plus que ça, elle avait l'air sûre d'elle, vraiment. Aujourd'hui, Leane, elle, n'était sûre de rien. Et surtout pas d'elle.
– Je.. je ne sais pas. » Et voilà. |
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Sujet: Re: La grossesse est une gastro qui dure neuf mois Jeu 30 Avr - 5:14 | |
| Je suis un volcan qui se noie de l'intérieur, je m’étouffe avec la vapeur qui ne peux s'échapper
Lola O'Ceann | Dans la pénombre de la hutte, le visage pâle de la blonde se détaillait à mesure où mes yeux habitués au blanc de l’hiver s’adaptaient au gris de l’habitation. Ses yeux bouffis et ses joues humides trahissaient ses pleurs, les sillons rouges creusés sur ses joues le fait qu’elle avait pleuré souvent.
Je la regardai de haut alors qu’elle bafouillait, se confondait et secouait de la tête. La jeune fille semblait perdue, déboussolée. Un sourire amer vint se dessiner sur mes propres traits, amer comme si on l’avait découpé, joli et souriant, ailleurs, mais collé sur un visage qui exprimait tout l’inverse. L’incrédulité traversa probablement mes yeux alors que de sombres présomptions jaillissaient dans mon esprit : qu’elle était pleurnicharde, qu’elle était faible, qu’au fond, elle n’avait sans doute pas à se plaindre à côté de moi, moi qui avais autant souffert, moi qui portais le fruit de la violence, et qui pourtant restait si forte. Moi. Moi, moi, moi. Puis un doute traversa mon esprit : peut-être, en fait, qu’elle aussi était dans une fâcheuse posture. Des idées d’autant plus sombres, certaines portant même le visage de mon profanateur, vinrent frôler mon esprit, lesquelles idées j’expirai d’un soupire. Elle n’était pas ici depuis assez longtemps pour ça. Alan Oliver ne l’aurait pas envoyée si … Ou bien peut-être que oui.
Peu importe. Tout mon corps me criait de partir et de la laisser toute seule. Au fond, je n’avais pas envie de le savoir ce qui se passait dans sa tête, et surtout pas dans son corps. Ça ne me regardait pas. Ce n’était pas de mes affaires. Après un haussement d’épaules, je tournai les talons, puis me dirigeai vers la sortie, mais si je ne voulais que sortir cinq secondes plus tôt, une impulsion me donnait désormais plutôt envie de rester. Le sentiment était comparable à l’impulsion de lancer du bout des bras un objet précieux et fragile. Irrésistible. Et suite à un débat intérieur accompagné de quelques frémissements indécis, je reviens vers elle. Je m’assois un peu à l’écart et ouvre mon sac entre mes jambes.
- J’suppose que je vais l’attendre un peu. Tu veux un champignon ?
Dis-je en en croquant moi-même un. Gros comme des pommes, bruns et blancs, spongieux. Délicieux. Je fis d’abord comme si de rien était, puis je soupirai à quelques reprises face au demi-silence et aux reniflements. Quelques instants plus tard à peine, je m’exclamais d’impatience.
- Oh mais tu vas l’dire, ce qui se passe avec toi, Miss ? Mon accent irlandais était plus prononcé que jamais avec dans la bouche une bouchée tout juste arrachée à un deuxième champignon.
La misère nue de la blonde me rendait inconfortable, alors je j'enveloppe la mienne en serrant sévèrement mes bras contre ma poitrine gonflée. Son regard était à faire pleurer le diable et ses murmurent crachés étaient incompréhensible, mais à ce point-co, j'ai compris... Et je n'étais pas impressionnée.
- Mais r'prend toi. Tu es encore là. Vis ta vie.
Léane n'avait pas l'air convaincu et j'étais de plus en plus inconfortable.
- N'te laisse plus faire merde...
La jeune fille pleurait. N'en pouvant plus, je sors. Je viendrai voir Gavin plus tard.
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Sujet: Re: La grossesse est une gastro qui dure neuf mois | |
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