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Twilight - Révélation

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MessageSujet: Twilight - Révélation Twilight - Révélation EmptyLun 18 Aoû - 23:18

Je suis mère des terres fertiles, j'accueille en mon sein celui qui y chasse
Féminin

Émilie-Anne Larose

Émilie-Anne Larose
Twilight - Révélation
Été de l'an 3

Encore une fête de la lune. Tous les villageois s’accordaient pour, une fois par mois, se réunir au centre du village et partager divers petits plats. Cette nuit-là, Ashton taquinait le feu, seul, assis sur un grand tronc disposé près du grand feu. D'autres billots étaient évidemment installés pour permettre aux gens de s’asseoir les uns près des autres. Ashton avait pour seule compagnie les crépitements du feu, les autres villageois préparaient soit encore quelques petites choses, ou socialisaient outre part. Par exemple, Aleksei et Jun discutaient de l’autre coter du feu. Ceux-ci étaient trop loin pour qu'elle et Ashton puissent les entendes et inversement, pour qu’eux entendent les deux antagonistes qui se verraient bientôt réunis.

Dans l’air froid de la nuit, éclairée par la noirceur et réchauffée par un châle de laine tricoté à partir des derniers cadeaux d'Oliver, une ombre serpentait au sol et s’approchait de son opposé. Il était désespoir, mais l’espérance marchait vers lui à pas furtif. Quelque chose avait changé en elle, peut-être était-ce l’année et les quelques mois qui s’étaient écoulés depuis son arrivée en ce monde sauvage, ou plus précisément encore les douces attentions que Pavel lui prodiguait depuis l'hiver...Bref, la rousse s’approchait de l’homme qui lui avait fait une promesse lors de son arrivée : une promesse qu'elle s'était tout juste remémorée quelques jours plus tôt. Il va sans dire qu' elle venait maintenant quérir son dû auprès de la gardienne sporadique de sa progéniture.

Avant d’aller le voir, Emilie-Anne, aussi rousse que le feu central, avait pris le temps de ramasser deux boissons chaudes. Rien d’impressionnant, simplement de l'eau chaude avec des herbes gouteuses qu'elle tendit à Ashton après s'être assise auprès de lui, ce sans s'être inquiétée de la disponibilité de la place. Au loin, des airs de violon commençaient à se faire entendre : Piotr jouait de son instrument, ce qui rappelait à la jeune mère nostalgique les fêtes typiquement québécoises de son enfance.

Émilie-Anne prit une gorgée de sa boisson et plongea son regard dans les flammes. Elle en avait maintenant vu de si près, si souvent, qu'elle commençait à ne plus en avoir peur... Mais elle en restait tout de même méfiante. En général, elle demandait à Pavel de s’occuper de ce qui touchait à l’entretien du feu dans leur magnifique petit nid - qu’il avait d'ailleurs encore grandi au début de l'été, mais depuis, les deux travailleurs n’avaient plus retouché à sa structure, par contre, ils avaient déjà commencé à accumuler ce qu’il leur fallait pour passer l’hiver. Ils avaient entre autres déjà bien rempli dans la petite chambre de rangement, anciennement la chambre d'Émilie, du matériel pour construire des outils et d'autres bidules artisanaux.

La petite mère avait donc donné une boisson chaude à Ashton, mais elle ne lui pipant mot. Elle le laissait ainsi sans lui dire pourquoi elle venait, mais qu’il devait pertinemment savoir qu’elle avait quelque chose à lui dire, car jamais elle n’allait le voir sans une bonne raison. Il pouvait peut-être présentir que l'hésitation signifiait qu'elle avait plus que des banalités à échanger avec lui. La jeune mère n'essayait pas nécessairement de créer cet effet, seulement elle avait soudainement le besoin de remettre en ordre ce qu'elle avait de si important à lui dire, puis à lui demander.



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MessageSujet: Re: Twilight - Révélation Twilight - Révélation EmptySam 13 Sep - 19:28

Frostbitten Requiem to a Forgotten Elegy
Masculin

S. Ashton Awyer

S. Ashton Awyer
“ Come with me in the twilight of a summer night for awhile
Tell me of a story never ever told in the past
Take me back to the land
Where my yearnings were born
The key to open the door is in your hand
Now fly me there. ”


-

STEP FOURTEEN.
« Les nuits chaudes de l’été sont pour moi un souvenir incandescent. Le crépitement des flammes projetant des ombres sur mes partenaires, sur lui, et sa voix, doucereuse lorsque chantée, illuminant la pénombre lointainte. Il a créé mon amour de la musique de par l’intermédiaire de mon obsession pour lui, mais, dans ce cas là, je ne crois pas que ce fut intentionnel. Il n’a jamais particulièrement désiré me faire danser au même rythme que lui, c’est simplement au détail auquel je me suis accroché, car j’avais la certitude de pouvoir le faire mien. »

-

J’étais ce désespoir picoté de percées lumineuses qui crépitaient avec autant d’hésitation que les flammes destinées à illuminer les festivités mensuelles, ondulant, m’élevant toujours plus haut, cherchant un but à atteindre. Partiellement en vain, car depuis mon périple dans les montagnes, je brusquais la terre à tâtons, hurlant silencieusement mon désir d’atteindre quelque chose. Peu importe quoi, juste quelque chose. Une raison qui ne dépendrait pas de lui, mais qui dépendrait plutôt de moi. Une peinture indélébile qui effacerait l’immondice de son sourire de mes synapses.

J’étais désespéré, oui, mais pas exactement de la même manière dont je l’avais été lors de mon arrivée en ce monde de féérie sauvage. Je battais maintenant des jambes pour me sortir des sables mouvants dans lesquels je m’étais enlisé, et mon désespoir provenait davantage de mon incapacité à exécuter correctement la manœuvre plutôt que du désir sombre qui me stipulait de m’enfoncer davantage.

Je luttais contre moi-même à m’en retourner les tripes, observant d’un air neutre les premiers jets de cette fête de la lune s’esquisser. Le feu barbouillait le paysage de teintes blanchies et d’orangés, accentuant les ombres de manière dantesque, laissant son éclairage rebondir contre la coque dorée du pendentif qui reposait contre mes clavicules. Le monde gigotait dans des tons plus sépias qu’à l’accoutumée et j’imaginais l’instant se figer au cœur d’une photographie qu’on brûlerait et dont les coins se plisseraient sous la voracité des baisers de la braise. Mes phalanges, accrochées à la pointe d’une brindille épaisse, bravaient les percées chaleureuses du feu pour en titiller les combustibles, déclenchant de temps à autre des effervescences d’étincelles qui jouaient dans l’air comme des lucioles avant de s’éteindre, avant de mourir.

Tout autour de moi, les pionniers s’affairaient à l’activité sociale qui incombait à l’événement, dressant les denrées de manières à ce qu’elles soient accessibles, échangeant des plaisanteries et des planifications futures. Je les connaissais maintenant tous, à défaut d’avoir réellement interagis avec eux, par leurs noms par leurs visages. Je pouvais dire que les hommes qui partageaient des paroles noyées dans l’air paisible de la nuit n’étaient nul autre qu’Aleksei et Jun, pourtant je ne m’étais jamais directement adressé au premier et n’avais assurément pas prononcé plus qu’une phrase entière à l’endroit du second.

Je pouvais aussi dire qu’il y avait Émilie-Anne, cette jeune mère que je connaissais indéniablement un peu mieux que je connaissais la plupart des habitants du village, qui progressait doucement vers moi, gobelets en main. Je décrochai mes prunelles de la lascivité des flammes, tendant la main dans un geste automatique et me saisissansant du verre qu’elle me tendait, appréciant la chaleur enregistrée par mes capteurs sensoriels. Elle me semblait moins fragile que lors de notre première rencontre, gagnant en force à chaque instant qui passait. Si elle n’était pas le modèle tout défini du survivant parfait, pas un androïde naturel érigé dans le même moule que Lena Moore Oliver, elle s’échinait à devenir le meilleur modèle humain de notre bled sauvage.

Je ne la remerciai pas, portant mes lèvres contre la terre cuite du récipient, aspirant la chaleur qui voletait vers le haut sous la forme de vapeur. Je cultivais, par mon mutisme, ce silence qu’elle n’avait pas encore cherché à brisé. Je savais qu’elle n’était pas venue s’installer près de moi à tout hasard, soudainement désireuse de ma compagnie. Non. Généralement, lorsque les gens s’adressaient à moi, en ces lieux, sur Terra, c’était pour obtenir un gain, pour exécuter une demande, pour une raison précise. Je crois que seuls les enfants m’approchaient sans arrière pensées, sans planifications. Eux et les chèvres. Quoiqu’à y penser, Aleksander et Hans m’apparaissaient un peu comme des gamins.

Je restai longuement inerte, bouche filtrant posément mon thé, esprit partagé entre la présence d’Émilie-Anne à mes côtés, les airs envoutants joués par Piotr et mes méandres habituelles – trop de blanc, toujours trop de blanc, sous mes yeux, dans ma gorge, retroussé à l’intérieur de mes poumons –. La musique s’imposait sous une forme plus rustique que ce à quoi j’avais l’habitude – quoiqu’il n’était plus vraiment question d’habitude considérant que la dernière fois que j’avais pu profiter de mes chansons préférées remontait à plus de quatre ans –, mais me portait tout de même dans une appréciation contemplative. Si j’avais été ailleurs, chez moi, je me serais assurément levé, défiant mes prédispositions un peu hautaines, pour attraper le musicien par le bras, pour m’imposer, pour danser, pour chanter. Pour apposer cette interaction humaine et imprévisible qui lui aurait fait tourner les yeux vers moi tout en me faisant plaisir.

Pourtant, maintenant, la manœuvre créerait potentiellement un malaise qui le ferait arrête, ne serait-ce que brièvement, de jouer. Ce n’était pas une perspective qui m’enchantait particulièrement.

Je décollai les lèvres de mon gobelet.

« J’adore l’entendre jouer. Ça me rappelle l’endroit d’où je viens. »

Je jetai un regard au musicien qui, éloigné du feu qu’il était, se voyait habillé par la pénombre, découpé d’une manière qui le faisait apparaître plus comme une créature que comme un être humain. La musique m’arracha un vague sourire, un flottement ravi et j’orientai donc mon visage vers la rouquine, une expression plus affable qu’à l’accoutumée dessinée sur mon visage.

« Qu’est-ce que tu veux ? Je ne vois Olivier nulle part, alors je doute que tu nécessite mes talents de nounou. »
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MessageSujet: Re: Twilight - Révélation Twilight - Révélation EmptySam 13 Sep - 21:44

Je suis mère des terres fertiles, j'accueille en mon sein celui qui y chasse
Féminin

Émilie-Anne Larose

Émilie-Anne Larose
Émilie sirotait son thé, imitant Ashton sans pourtant le regarder, plongée dans les lueurs du feu. Ces flammes comme celles qui lui avaient dévoré certaines parties de son corps, laissant les marques de leur morsure. Le feu la captivait et l’effrayait en même temps. Avec le temps, elle avait appris à ne plus avoir une peur phobique du feu, car elle devait le côtoyer tous les jours. Même qu'elle le manipulait assez bien, mais elle restait toujours respectueuse à son arroche. Le manipulant avec attention et minutie, s’assurant de le dresser!

Piotr, qui se prononçait Peter, jouait du violon. La mélodie était bien moins endiablée que celle du folklore québécois, mais tout de même appréciable par son oreille peu habituée. Elle se surprit même à apprécier la musique si différente de ces habitudes. Elle avait bien entendu de vagues sons pouvant ressembler à de la musique lorsqu’elle était en geôle, mais rien de comparable à ce qui était audible en ce moment.

La question fatidique fut posée, pourquoi elle venait si elle n’avait pas le gamin. Non elle avait besoin de lui parler à lui, la nounou à temps partiel, parfois proposer, parfois imposer, d’un coter comme de l’autre, mais souvent dans une complicité muette qui était née entre les deux individus. Une complicité muette qui n’était compensable par personne d’autre qu’eux, mais une complicité tout de même.


-Tu te souviens du jour ou on s’est rencontré? Tu m’as promis une faveur si je survivais avec Olivier un an?

Voilà un peu plus d’un an, alors que la jeune fille construisait ce qui s’avéra la première partie de sa maison, elle avait rencontré l’énergumène et avais échangé des propos houleux sur la survie de chacun. Ils avaient fini par faire un accord : si elle survivait avec son mioche plus d’une année, le parasite leur offrirait une faveur, une faveur de leur choix. Aujourd’hui, elle venait réclamer son dû!


-Et bien j’y ai réfléchi, et comme je suis toujours en vie et Oli’ aussi, je viens la réclamer! La rousse parlait d’un ton joyeux, comme si sa l’enchantait d’asservir son compatriote. Tu devras… Elle prit une pause, portant sa main à son menton, d’un air penseur, Être heureux! Voilà, c’est la faveur que tu me dois, être heureux!

Elle le regarda de ses yeux bleus comme l’azur. Elle avait un grand sourire, fier d’elle! Elle voulait sincèrement qu’il soit heureux. Il semblait aller mieux, mais l’être aux cheveux de flamme voulait encore plus, elle voulait qu’il soit réellement heureux, qu’il se permette de gouter au plaisir de la vie ici, aux petits bonheurs, ne serait que voir les étoiles. Au Québec, on pouvait à peine les voire, trop de lumière, de smog et autre interférence entre le ciel et la terre, parfois, il fallait allumer des lampes solaires pour permettre aux plantes de mieux pousser.
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MessageSujet: Re: Twilight - Révélation Twilight - Révélation EmptySam 11 Juil - 15:37

Frostbitten Requiem to a Forgotten Elegy
Masculin

S. Ashton Awyer

S. Ashton Awyer
“ Fanatics find their heaven in never ending storming wind
Auguries of destruction be a lullaby for rebirth
Consolations, be there
In my dreamland to come
The key to open the door is in your hand
Now take me there ”


-


« Je peux te demander quelque chose ? »

Je tortillais une mèche de mes cheveux, geste révélant une traitresse nervosité, posant sur lui, sans grande subtilité, un regard débordant de cette curiosité dévorante qui lui était d’office réservée. Du haut de mes 15 ans, je n’en menais pas large devant ce que je considérais être les charmes dévastateurs de Kohaku Joshua, l’observant d’au travers une loupe qui le magnifiait, le rehaussait.

Il se tenait là, presque simplement, accoudé au bar de Lawrence, livres et cafés sous le nez, mèches opales barbouillant son front et ses pommettes. Les rayons de l’après-midi filtraient au travers des vitraux que mon oncle avait précautionneusement fait positionner de sorte à ce que le comptoir ne soit jamais trop abondamment illuminé. Cet éclairage lui conférait un aspect que je jugeais plus mystérieux qu’à l’ordinaire, le vautrant dans l’étreinte doucereuse d’une couverture dorée. Dans ce bain de lumières adroitement mesurées, je le percevais comme éthéré.

J’observais, tétanisé, ses lèvres se fendre dans un sourire qui venait troubler l’expression concentrée qui avait préalablement décoré ses traits, s’étirant, trop large, sur la délicatesse de son visage. Kohaku ne ressemblait pas à une fille, pas comme moi, lorsque l’on me regardait sous certains angles, mais il ne ressemblait pas non plus à un garçon, comme habité de ce genre désincarné qui ne pouvait être que le sien. Il n’était pas comme Lawrence, qui, malgré ses cheveux longs et ses chemises pressées, respirait cette masculinité élégante qui accompagnait l’argent, il n’était pas non plus comme William qui, dans ses costumes vieillots, ressemblaient à un enfant trop mature pour son âge. Non. Il était autrement. Il papillonnait des paupières, posant sur moi son regard sombre, entrouvrant ses lèvres sans jamais s’arrêter de sourire.

« Tu peux. »

Mais je ne t’offres aucune garantie, sous-entendaient ses mots saupoudrés d’une vicieuse moquerie que ma jeunesse m’avait fait transformer en intérêt. Cet intérêt même que je désirais si ardemment qu’il me porte. Son regard sur moi, son sourire contre mes lèvres, ses ongles . . .

J’ai oublié. Ce que je lui ai demandé, ce jour là, je ne m’en souviens plus.

Je me rappelle toutefois du regard prudent que Lawrence, mon oncle, celui que j’aurais dû, tellement, tellement dû écouté, m’avait jeté depuis l’autre côté de la pièce. Un regard silencieux, un avertissement.

-

Je clignai des yeux. Le gobelet vacilla entre mes doigts laissant tout le loisir du monde à un petit déluge de gouttelettes chaudes de terminer leur vie contre mes cuisses. Les chats-sourires et les soleils-bouches-vers-le-bas quittèrent mon esprit en une série de sifflements mélodieux et retournèrent parmi les songes que la musique créée par Piotr stimulait. Ils laissaient derrière eux la conscience déconfite de leur départ et des cuisses trempées d’un liquide se rafraichissant paresseusement.

Émilie-Anne répondait à mon interrogation à son intention par une nouvelle question, faisait référence à notre rencontre officielle, celle-là même qui avait opposé nos larmes et nos douleurs dans un match de vociférations féroces et confuses. Ce jour là aussi, les chats-sourires, les soleils-bouches-vers-le-bas et d’autres vieilles chimères s’étaient amusés à engluer mon cœur de déception.

La musique roucoulait contre mes tympans et aucun des enfants de Terra n’était présent pour me tirer de mon étouffante inertie. Je lui avais promis que je lui accorderais une faveur de son choix si Olivier et elle parvenaient à survivre aux rudesses d’une année dans le monde auquel nous avait tous condamné Alan Oliver. Les mois avaient filé, les saisons s’étaient succédées et elle se tenait devant moi, plus forte que jamais, revigorée par un quotidien dans lequel elle trouvait une gratification toute singulière. Je l’enviais souvent, de se sentir renaître sur ces terres inconnues, de se sentir sauvée par ce monde que j’apparentais trop souvent à une prison.

Forte et lumineuse, elle venait quémander son dû. Il y avait dans ses mots une sincérité désarmante qu’une part de mon esprit voulait qualifier d’alarmante. Dans cette demande désintéressée, dans cette faveur costumée, reposait l’esquisse d’une affection que je savais trop comment interpréter. Elle souhaitait mon bonheur de la plus gauche des manières, accordant à mon existence une parcelle d’importance. Dans ce monde qui me dégueulait, dans ce monde que je dédaignais, à moitié, un peu moins, parfois trop, elle me tendait une fleur, une preuve d’affection. Elle était mon opposé viscéral et je la fixais, incrédule.

Mes lèvres s’entrouvrirent en un tremblement.

« Are you joking ? »

Soit heureux, arrête de déprimer, la vie est belle comme un sourire en été. Aller, Ashton, reprend toi, il n’y a qu’une seule direction possible lorsqu’on a atteint le pallier le plus bas.

Je revoyais le sourire tiré de mon paternel le jour des funérailles, je revoyais la figure blême de Lawrence le jour de la disparition de ce même paternel, je revoyais l’air impassible d’Alan dans l’embrasure de la porte menant à ma chambre. Je voyais . . . Émilie-Anne et de vains points d’exclamations offerts aux flammes. Je . . .

« Je . . . tu réalises que ce n’est pas quelque chose qui se fait en criant ‘ciseaux’ ? »

Ou peut-être que si, comme sur la montagne, comme sur les triangles chocolatés, comme au devant de cet océan-mer auquel j’avais promis de vivre avec Aleksander et la dame louve pour seuls témoins. Soit heureux et tu le seras ou quelque chose dans ces lignes là. Elle avait sourit, cette inconnue au panache animal, comme émue par mes paroles lancées à l’eau saline. Elle avait sourit et Aleksander avait ronronné.

Je lorgnai Milianne, déposant mon gobelet à mes pieds, ma stupéfaction se transformant en une satisfaction résignée. Pourquoi questionner la douceur lorsque je pouvais simplement la boire, de la même manière dont j’avais bu l’illumination reçue dans les montagnes ? Les visages qui m’accordaient des expressions lumineuses se faisaient rares – bien que les enfants étaient tous plutôt attachés à moi – et je ne cultivais plus suffisamment la solitude pour vouloir refuser l’ébauche d’une amitié.

Cette époque là s’envolait doucement, difficilement.

« . . . oh, well. »

Je forçai un sourire, espiègle, gentiment moqueur, glissant une main sur son avant bras et désignant d’un coup de menton l’espace vide entourant Piotr et sa musique.

« Danse avec moi ? »
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MessageSujet: Re: Twilight - Révélation Twilight - Révélation EmptyJeu 16 Juil - 0:03

Je suis mère des terres fertiles, j'accueille en mon sein celui qui y chasse
Féminin

Émilie-Anne Larose

Émilie-Anne Larose
Comment l'incité à être davantage heureux. Pourquoi ne pas l’achever immédiatement : lui lancer une bombe qui le forcerait à croire: croire que la vie sur cet Eden était possible, que la vie ne serait jamais aussi tourmentée que par le passer? La vie commençait à s’installer et le cycle à se réguler. Bientôt les naissances seraient aussi nombreuses que les morts. Certes, les macchabées avaient été légion ces derniers temps, les nouveaux venus n’ayant pas eu la chance de trouver refuge ou encore les anciens auraient eu des rencontres désastreuses avec la faune indigène. Les pierres tombales qui trônaient dans le champ de pierres auraient pu faire s’écouler tant d’histoires morbides et commençaient par là même à le faire ressembler à un véritable cimetière.

En ce moment de fête, on célébrait la vie. Cette majestueuse force de la nature qui coulait dans les veines de chaque personne encore présente, l'air du violon endiablé qui jouait en était d’ailleurs une preuve audible. Il fallait simplement trouver un moyen de communiquer tout ça au pessimiste garçon.

Les crépitements du feu laissèrent voler de petites étincelles qui enluminaient la chevelure de la cachotière. Il y avait une chose qu'elle n’avait pas dit à son opposé, ami cher avec lequel elle entretenait une relation complexe. Elle se leva, puis marcha en direction de la ferme, sans un mot ni un regard. C’est seulement lorsqu’elle eut fait quelques pas qu’elle se retourna enfin.

-
Je suis enceinte.

L’océan de ces yeux se déversait dans le regard du philosophe. Pour appuyer la mise en scène de cette révélation, le feu de joie propulsa une gerbe de flammèches qui sépara les protagonistes en illuminant les visages, si joviaux et tendres chez la dame, et mi surpris, mi-résignée d'Ashton.

Scientifiquement, il aurait été plus plausible qu'Émilie prenne davantage de temps avant de concevoir. Après tout la vie sur ces terres, aussi belle qu’elle la trouve, était tout de même un combat constant pour la survie. Les maladies, le manque de nourriture, la recherche constante de nouveaux matériaux ou de plantes cultivables restaient des défis que même la roussette optimiste ne pouvait nier. Mia et Lola étaient certes elles aussi tomber enceintes, mais leurs corps avaient passé plus de temps que le sien dans ce monde et s'étaient habitués à la nourriture, la pression atmosphérique ainsi que la composition du gaz qu’elles respiraient.

D’ailleurs, avec la cohue grandissante et son secret révélé, elle préférait maintenant s'éloigner et retourner chez elle plutôt que danser. Son ventre était encore bien plat et les trois premiers mois de la grossesse étaient les plus dangereux pour perdre son enfant. Elle ne désirait aucunement tenter le diable pour une simple danse.

-
Peut-être dans deux mois !

Ce fut ses dernières paroles avant que son regard ne se porte vers son chemin, chemin qui la ramènerait à sa petite habitation de pierre.

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