Je faisais les cent pas sur le perron de ce qui était, dans une époque désormais révolue, le vieil abri qui servait de refuge aux chasseurs. Qu'il était différent maintenant ! Je laissai courir mes doigts le long d'une veine du bois : le rénover m'avait pris tout l'été et j'avais craint de ne pouvoir le finir avant que n'arrivent les premières pluies. Mais, dès l'enclos des cochons terminé, j'avais pu m'y consacrer complètement et le chantier s'était accéléré, porté par de multiples mains jointes aux miennes.

Mais que faisait donc Olivier ? J'avais l'impression que des heures s'étaient écoulées depuis que je l'avais envoyé chercher Terrence ! Fier de mon travail, j'étais impatient de voir sa réaction et chaque minute passée était une minute de trop. Enfin j'aperçus sa silhouette se découper sur l'horizon. Il était encore loin mais la démarche que lui intimait sa blessure était si particulière qu'on ne pouvait se méprendre sur son identité.
Je venais de terminer l'agrandissement de notre abri, projection dans le futur pour quand Ivy ne serait plus ce si petit monstre quand il était venu vers moi avec l'ambition de transformer ce gourbi en une masure plus imposante, avec l'idée d'en faire à la fois son habitation et un lieu de rencontres, de passages, une auberge. Après avoir pris note de ses envies, je m'étais mis au travail, élaborant des plans dans la poussière, ne noircissant les pages de mon carnet qu'une fois mes idées éprouvées sous tous les angles. Et nous nous étions retrouvés plus d'une fois autour d'un repas à débattre de ce sujet avec ferveur.

Après un dernier regard, j'en refermai la porte, savourant le son mat du bois contre le bois. Si les minutes m'avaient semblé filer, elles prenaient maintenant leur temps pour s’égrener. Avant de me remettre à tourner en rond, je pris place sur une vieille souche dont j'entrepris de décoller l'écorce, me remémorant le travail accompli.
J'avais dû reprendre l'abri entièrement. C'était d'ailleurs à se demander comment personne, moi y compris, n'avait pu être blessé dans cette cahute. Elle avait été rafistolé à de multiples reprises mais un éternuement aurait pu la mettre à terre. Heureusement pour moi, certaines fondations s'étaient avérées en très bon état, sûrement protégées par leur exposition et je les avais intégrées dans l'édifice final, m'épargnant quelques heures de travail. Cependant, c'était de loin le chantier le plus impressionnant dans lequel je m'étais lancé. J'avais dû refaire toute la charpente avant de pouvoir m'attaquer à la toiture, ce qui n'avait pas été une mince affaire. Et nous avions dû batailler avec les enfants lorsque nous avions attaqué l'isolation. Ça et là, pour y avoir assisté, je devinai plus qu'elles ne se voyaient les traces de leur passage. Sous les directives d'Olivier et la surveillance discrète de leurs chaperons, toutes ces petites mains avaient apporté leur touche à l'édifice.

Les herbes sèches de l'été crissèrent sous les pas de Terrence qui s'arrêta à ma hauteur.
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