La lumière était vive, et Pavel ne voyait rien. Il sentait son corps devenir de plus en plus léger, sans savoir pourquoi,et ressentait une sensation de bien-être que jamais il n'avait vécu auparavant. Il en parvenait même à oublier les tracas du passé et à profiter du présent dans le silence bienfaiteur de l’entre-deux-mondes. Il ne ressentait alors plus rien.
Tout à coup, la lumière disparut, comme aspirée par un trou noir. La radiance avait laissé place à l'obscur, et les sensations revenaient à présent. Il ressentait encore cette culpabilité, ce désir de rédemption qui l'accablait. Les sensations ne revinrent pas que sous forme psychique. Il sentit soudain quelque chose de dur sous son dos, quelque chose de rugueux. Il frémit lorsque ses narines entrèrent en contact avec une odeur familière: celle de la roche poussiéreuse. Trop de carrières de pierre étaient surexploitées dans son pays, les ouvriers devaient creuser plus loin... Il avait souvent arpenté ces carrières, et leur odeur lui était si familière qu'il n'aurait pu se tromper.
Alors que la sensation rugueuse dans son dos devenait désagréable, il décida de se relever et d'ouvrir les yeux. Il se releva lentement, pour ne pas avoir la tête qui tourne et ouvrit ses yeux, afin de contempler ce qui était censé être le Nouveau Monde.
Ses yeux s'ouvrirent et il vit alors une vaste plaine. La particularité de cette plaine était qu'elle était remplie de rochers...
"Смешные место..." (Drôle d'endroit...) se dit-il.
En effet, ce n'était pas dans ce genre d'endroit qu'il pensait atterrir. Il aurait plutôt imaginé des gens pour l’accueillir, ou des maisons construites au bord. Enfin, on ne choisit pas où l'on tombe. Mais à présent, par où fallait-il aller?
Habitué à la toundra russe, il ne tarda pas à se demander où se trouvait le nord. De plus, une partie de sa formation avait été la survie, dans ce camp d'entraînement de Vorkouta. Le soleil était haut dans le ciel, et il était possible de dire que la journée arrivait à sa moitié. Du moins, si le soleil d'ici marchait comme dans l'ancien Monde. Manque de bol, pas d'arbre pour repérer la mousse.
Il tourna la tête et vit alors une forêt, en bordure du champs. Désireux de se repérer, il marcha jusqu'à celui-ci et s'accroupit tout en scrutant les arbres. A son grand plaisir, de la mousse était présente sur une partie des troncs d'arbres de l'orée de la forêt. Il pointa son doigt vers le nord récemment trouvé.
"Север там!" (Le nord est par là!) pensa-t-il.
Ayant à présent une direction, ne restait plus qu'à la suivre. En espérant, bien sûr, tomber sur quelqu'un durant cette marche...
Où cela allait-il le conduire? Nul ne savait. Dégainant son couteau zlatoust, il sectionna une branche qu'il commença ensuite à tailler en pointe. Il nota que le bois était assez dur, ce qui en faisait une bonne arme pour la chasse. A sa dureté s'ajoutait sa légèreté particulière. En effet, plus léger que de l'if, il était facile à porter. Pavel s'en réjouit. Au bout de quelques minutes, il avait une lance improvisée, longue d'1m10. On ne sait jamais sur quoi on va tomber...
Satisfait, il se dirigea vers le nord, au rythme d'une marche militaire, sale habitude qu'il avait vraiment intérêt à perdre...
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Sujet: Tel Yuri Gagarin, l'épopée d'un Russe dans le Nouveau Monde... 
