J’ai pris le chemin le plus court pour me rendre à la plage. Je l’ai nommé la plage de la mer. Ce n’est pas très original, mais je ne pense pas que ce soit à moi de nommer les lieux. Je ne suis qu’un habitant parmi tant d’autre. Je vais chercher de l’eau pour faire une boisson chaude. Trouvé des poissons dans un ruisseau que les torrents empêchaient de geler. Des poissons très résistants, j’ai cru que j’allais casser ma lance. Trouver des silex n’était déjà pas une mince affaire, alors j’ai laissé tomber et me suis résigner à me rapprocher du village. J’ai failli être repéré par des gens sur la plage. Un grand type avec les cheveux blancs, je l’ai surnommé Grand Lièvre, comme il me faisait penser à ces animaux de l’ancien monde dont la fourrure muait pour prendre les couleurs de la neige en hiver. Il discutait avec une jeune femme à la peau foncé. Un grand lièvre et une petite oursonne.
Ai eu beaucoup de difficulté à obtenir l’eau. Ai dû faire un grand détour pour m’éloigner des gens. J’ai même dû me mettre à 4 pattes et me cacher dans ma peau d’ours-cochon. Beaucoup d’animal-cochon dans le nouveau monde. J’ai les doigts et les avant-bras gelés, maintenant. Cette histoire devient ridicule. Mais les hommes sont des créatures ridicules.Emmett rangea le carnet dans son sac. Ses crayons s’étaient vite égarés ou cassés suite aux diverses (més)aventures qui s’étaient dressés sur son chemin. Il avait commencé par se créer un abri de feuilles et de branches que les vents d’automnes s’étaient empressés de mettre à terre, le chasseur avait tenté une version alternative composée cette fois de billots de bois et attachés avec des lianes le tout formait une jolie maisonnette, malheureusement, il trouvait cette dernière beaucoup trop voyante à son goût. Il fût visité une fois par un voyageur imprudent qui s’était perdu et l’avait chassé à coup de flèche dans le vide dans la direction du village. Retrouver toutes ces flèches s’étaient avéré être une tâche pénible et longue. L’ermite ne souhaitait laisser aucune trace derrière lui. Il avait finalement trouvé chaussure à son pied dans une petite grotte cachée derrière les amoncellements rocheux qui parsemaient le côté nord de la forêt. Une large pierre plate lui servait de porte d’entrée qu’il roulait pour dégager du chemin et remettait en place aussitôt. Il avait dû utiliser des marques et des repères durant les premiers mois, puis il avait fini par retrouver son chemin de lui-même et effacé les marques.
Le chasseur tentait au possible de limiter ses arrêts lors de ses déplacements, il attendait donc d’être arrivé à destination avant de se confier à son journal. L’idée d’un journal lui avait d’abord semblée ridicule, seule les adolescentes confiaient leurs romances et leurs fantasmes à la lumière d’une lampe-torche sous les draps le soir, mais Emmett se résigna à cette idée, se disant que si malheur devait lui arriver et que quelqu’un tombait sur son cadavre, il aurait une chance pour que ses découvertes intéressent les habitants.
Il s’était résigner à voler une hache rudimentaire au village et y avait porté durant la nuit du bois jusqu’à ce qu’il puisse s’en confectionner une à partir des observations faites sur la première et qu’il pût la rendre en toute discrétion, profitant de la marche de deux villageois.
Il déambulait sur la glace, son récipient de bois et ses quelques outres remplies d’eau glacée. Ses doigts se couvraient des engelures que provoque la morsure du vent d’hiver. Il ne neigeait plus, mais le vent continuait à souffler sans relâche. Un bruit, il se retourna et cru voir une silhouette, un homme ? Non, un orignal-cochon. En parlant des animaux-cochons. Il se tint à distance sans lâcher la créature des yeux. Il semblerait que l’animal ne l’avait pas vu, ce qui lui semblait être un miracle en soi. Emmett préférait éviter de se frotter à plus gros et plus féroce, surtout lorsqu’il transportait sa réserve d’eau pour les deux prochains jours. Courir avec des raquettes ne lui semblait pas l’idéal. Ses mains étaient trop encombrées pour grimper à un arbre. Kuma-Kuma était resté dans l’abri. Ce n’était pas le genre de créature qui hibernait, mais Emmett souhaitait qu’il reste à l’écart lorsqu’il s’approchait du village. S’il avait fallu que quelqu’un attaque son ami… Il rebroussa davantage sur la plage. La prochaine fois qu’il réussirait à flécher un de ces renards beiges il se ferait une bonne paire de gants avec leur peau. Leur viande était délicieuse, bien que la bête n’en contienne pas une très grande ration. La quantité suffisait à Emmett mais contentait à peine son ami glouton.
L’imposante créature posa soudain ses yeux effarés sur l’ermite. Il déglutit. L’animal frappa le sol de son sabot, la terre trembla jusque sous les pieds du chasseur. Sans quitter des yeux les bois menaçants de la terrible bête, Emmett su qu’il s’agissait d’un mâle. Sans aucun doute. Un léger soupir s’échappa de sa bouche et s’envola en buée dans la brise hivernale. Il avait mis des semaines à fabriquer ce bol de bois…
La créature chargea, heureusement l’homme avait pris assez d’élan pour éviter l’assaut d’une roulade peu glorieuse dans la neige. Le contenu de son bol gicla sur sa cape de fourrure. Quelques gouttelettes lui brûlèrent le front. L’animal avait fait valser le bol dans les méandres de la forêt, Emmett se releva en vitesse et profita du temps que prenait le large corps de l’élan-cochon pour s’immobiliser et faire demi-tour afin de déguerpir à toute vitesse que lui permettait ses raquettes. Il attrapa sa lance. Il ne pouvait pas avoir cet animal au corps à corps, mais s’il montait dans un arbre et l’assaillait un peu, il pourrait le faire fuir. Le paysage défilait à toute vitesse. Il pouvait entendre les grincements et les grouincements de la chose. Il lui fallait un arbre qui supporterait son poids et qui serait assez haut pour le mettre hors d’atteinte de l’animal.
Il ne tiendrait pas la course très longtemps, il sautait, passait dans les lieux étroits pour ralentir l’animal mais la bête gagnait du terrain et lui s’essoufflait rapidement. Finalement, il crut voir venir à lui une assistance divine : un arbre surélevé atteignable en sautant du sommet d’un rocher. Emmett sollicita l’aide de ses poumons qui peinaient à suivre la mesure, ses jambes battirent l’air, il sauta de toutes ses forces, s’accrocha à la première branche qui craqua, rompit. Il tomba une miiseconde, rebondit sur la banche inférieure qui plia dangereusement mais tint le coup, il grimpa au plus vite pour gagner le plus haut sommet. L’animal brâma, rumina au pied du sapin. Comme prévu, après quelques égratignures superficielles faites à l’aide de sa lance, la bête se rembrunit et rebroussa chemin. L’homme se permit un soupir de soulagement. Ses poumons en profitèrent pour lui faire part de leur plus fort mécontentement. Une brindille lui avait coupé la pommette à quelques centimètres de son œil gauche. Et ses muscles réclamaient une pause. Il regarda vers l’horizon. Où était-il à présent ? Cet arbre était réellement imposant. Emmett aperçu finalement la colonne de fumée lui indiquant où était le village. Il devait s’être enfoncé trop loin dans la forêt.
Viens d’être attaqué par une grosse bête. Je m’en suis pas tiré trop mal, mais j’ai perdu mon bol et ma raquette est légèrement brisée, j’ai l’impression. Ça aurait pu être pire. Suis enfoncé vers le cœur de la forêt, je vais reprendre un peu mon souffle avant de chercher la maison. Risque de devoir retourner dans la plaine. Espère que les osties de cougars y sont pas.
Après cette évacuation de rage, le jeune homme met son plan à exécution et se dirige vers le village en direction de la fumée. Cette décision impliquait de monter régulièrement à un arbre pour vérifier la direction à suivre. Un arbre attira l’attention du chasseur. Un arbre Qui semblait différent des autres, comme soulevé de terre. Il s’approcha, intrigué. Qu’est-ce que ? D’un naturel méfiant, le chasseur se munit à nouveau de sa lance en se penchant vers le sol. Qu’est-ce qui pouvait bien se tramer sous terre ?
Action ----- Vous apercevez un arbre dont l’écorce semble se surélever, Essayez de jeter un coup d’œil en dessous.