Je fus amusé par l’incompréhension qu’avait suscitée ma phrase de bienvenue. Ils étaient peu nombreux ceux qui comprenaient l’allemand ici. Je me demandai même si je n’étais pas le seul. Mais peu m’importait, cette langue était chaude, vivante, dynamique et j’aimais bien la parler. Elle me rappelait de doux souvenirs, la gentillesse et l’affection de ma tante. Pour moi c’était l’idéal pour des paroles chaleureuses et réconfortantes.
Mais s'ils étaient tous restés impassibles face à ma bienvenue,
Lana n'avait pas manqué de répondre à ma première intervention. A demi-mot, presque comme une confidence, elle me glissa son impression pas si plaisante à propos des deux nouveaux venus. Du moins, c'est ce que j'avais cru saisir dans son
" Not sure about the good part. " Devais-je comprendre qu'il y avait eu un problème ? Je jetai un nouveau regard à cet homme. Mon intuition s'avérait-elle exacte en fin de compte ? Je n'eus pas vraiment le loisir d'en savoir davantage car la petite rousse - celle avec un bébé - nous avait rejoint. Elle était mignonne cette gamine. Je me souvins alors qu'elle avait provoqué un de mes jeux sur les habitants - un jeu pas forcément très saint - un soir où je m'ennuyais. J'avais tout d'abord essayé de deviner qui parmi les habitants pouvait bien être le père de ce bébé. Le jeu avait peu à peu dérivé sur les couples les plus improbables que je pouvais imaginer
(1). J’avais bien entendu gardé tout ceci pour moi et l’avais presque oublié avant de revoir la chevelure rousse de la jeune maman.
Elle s'adressa aux deux nouveaux dans une langue que je ne comprenais pas. Je crus reconnaître du français, mais je n'en étais pas certain. Mes connaissances dans cette langue restaient très fragmentaires et si je connaissais bien quelques chansons, je n'avais aucune idée de la signification de leurs paroles. Quant à la seule phrase que je connaissais, j'avais l'intuition qu'elle ne serait pas la plus appropriée à cet instant précis. J'avais beau ne pas avoir beaucoup de tact, je n'étais tout de même pas un mufle ! J'assistais donc, impuissant, à cet échange de phrases. Je craignais que ne débute une conversation particulièrement sans intérêt.
Fort heureusement, la brune brisa cette atmosphère d'incompréhension en interpellant quelqu'un au village.
"Lazy ass" ? Il me semblait bien l'avoir entendu appeler quelqu'un comme ça auparavant ... mais qui ? Je me concentrai un peu, fouillant dans ma mémoire. Puis, en posant les yeux sur la nouvelle venue, je percutai : the Doctor !
(2) C'était l'évidence même ! J'approuvai cette initiative, car il était clair que cette fille avait besoin de soins. Cependant, il y avait un problème : Gavin était parti dans la forêt et n'en était pas encore revenu. J'en informai sitôt la
chef :
“You looking for Gavin ? He went to the forest .. and he’s not come back yet.. I guess someone should go looking for him…” *Alors que je prononçais cette intention, j'aperçus une silhouette revenir de la forêt. J'espérais que ce fut Gavin, histoire de ne pas avoir à appliquer ma brillante idée d'une patrouille de recherche. Je n'aimais pas les forêts. Cependant, il ne s'agissait pas du docteur, mais de Pavel mon camarade russe, qui revenait d'une partie de chasse apparemment très fructueuse. J'avais dans l'idée de me dérober au groupe pour aller lui donner un coup de main, et ainsi éviter d'être celui qui devrait s'aventurer dans cette forêt. Je m'apprêtais donc à rejoindre mon compatriote quand une odeur vint attirer mon attention ; une odeur de brûlé. MES POISSONS !!! Je pris à peine le temps de rendre son salut au russe et me précipitai vers mes pauvres petits poissons en train de cramer. Je parvins à les retirer du feu sans me brûler, mais je dus me rendre à l'évidence : ils étaient bien trop carbonisés pour être comestibles désormais. Tant pis pour nous... au moins, à présent, nous avions de la viande...
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- Trad' et ref':
(1) Shippers gonna ship... >.>
(2) Clin d'oeil facile à Doctor Who.
* “Vous cherchez Gavin ? Il est parti en forêt et il n’est pas encore revenu. Peut-être que quelqu'un devrait partir à sa recherche.”