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La fuite avait pris bien du temps. Le singe creuser étant tenace dans sa poursuite, mais finalement Émilie avait réussi à s’enfuir. Elle avait fui cette bête qu’elle avait malencontreusement dérangée alors qu'elle cherchait l’une de ses brebis. L’animal était désormais hors de la portée de la jeune fille, mais pis encore, la fuit désordonnée de la mère avait rendu son chemin iremontable. Elle n’avait jamais exploré cette section de la forêt.

Perdue, elle ne savait aucunement comment retrouver son chemin. Comment pouvait-elle bien trouver un repaire? Depuis qu’elle était ici, elle s’était toujours laissée guider par les autres lors des escapades loin du village. Que ce soit Lena, Pavel ou un autre, tous l’avaient guidée au moins pour le retour. Non, la pauvre demoiselle, bien que considérée comme une pionnière , notamment grâce à l’homme de vingt ans son aîné qui paratagait sa couche, n’avait aucun sens de l’orientation.

Au final, elle ne trouva pas d'autres issues que d’avancer et espérer trouver un repaire. Quelque chose qui pourrait lui dire ou elle était. Au pire, ce ne serait pas la première fois qu’elle se retrouvait à devoir dans ce monde hostile. De plus, en vus de sa condition, Pavel partirait rapidement à sa recherche si elle tarder à rentrer. En bon chasseur, l’homme ne risquait pas de manquer sa trace.

C’est donc d’un pas décidé que la fermière se dirigea vers le sud de la forêt. Bien certainement, la roussette ne savait pas qu’elle s’éloignait du village, mais elle devait bouger, bouger pour ne pas se sentir prisonnière de cette forêt, bouger pour ne pas laisser l’angoisse la gagner, bouger pour ne pas revivre ces moments, comme la fois où cet homme terne avait proposé de l’achever, moment de douleur auquel elle ne voulait pas penser.

Anne n’espérait qu’une chose, et c'était de ne pas se perdre trop longtemps ou de se faire attaquer par un animal. Après un moment, elle ramassa un bâton, autant pour l’aider à avancer que pour l’aider à se défendre en cas de besoin.

►Aller vers le Sud

La brise soufflait telle une caresse sur les feuilles devenues fragiles par le temps qui se refroidissait tranquillement. Ces feuilles, à l’inverse de la vie de l’âme perdue, avaient commencé avec force et splendeur. Ils avaient proféré la vie, et approvisionnant une société composée de réseaux de phloèmes, fournissant une sève sucrée et riche en énergie, récompensée par un rien d’eau mélangée avec des minéraux, gracieuseté du xylème. Leur vie douce et tranquille se terminait désormais. Leur surface et leur demande en énergie étaient trop importantes pour ce que l’hiver permettait. Ils seraient tous rejetés un à un, sans discrimination, devenus inutiles et oubliaient tous les services qu’elles avaient rendus tout le long de la belle saison.

Contrairement à ces extrémités feuillues qui avaient commencé à être appréciées au début de leur vie, Émilie-Anne ressentait l’inverse. Un début, dans une famille qui trouvait les filles bien inutiles, suivi d’un temps comme servante, elle avait bien réalisé qu’elle était remplaçable lorsqu’elle s’était retrouvée accroupie dans une pièce sombre, sans eau et sans contacts humains qui auraient pu la consoler, rien que de la souffrance. Elle avait ensuite trouvé sa voie, son utilité.

Ici dans ce monde, elle pouvait aider des gens. N’avait-elle pas aidé Pavel à revenir en paix avec lui-même? N’avait-elle pas réussis a créer le premier troupeau de viande et de laine de cette civilisation naissante - ce n’était certainement pas Kaja qui permettrait que l’on se nourrisse de c’est chat-chèvre... Parfois, la femme croyait que cela avait été sa destinée d'ainsi arriver en se monde pour l’édifier, à l’aide de ses voisins et de sa nouvelle famille. Construire un monde pur et sans tracas, une vie paisible pour le petit Olivier et les autres enfants à venir.

Enfin, si la rousse voulait continuer d’assurer l’avenir de son enfant, elle devait trouver le chemin du village, mais c’était là une dure tache sans boussole et sans repaire. Un moment elle voulut crier et pleurer, mais la promenade était des plutôt plaisantes et une certaine paix s’installa en la jeune fille. Rien de mieux pour relaxer que le chant des animaux et bestioles diverses !


Ses pas allaient tout de même la mener quelque part un jour . . .C’est donc ainsi que, sans s’en rendre compte, elle bifurque légèrement vers l’Ouest, continuant ainsi sa route à la recherche de repaire quelconque, une trace de chasseur, un cours d’eau ou autre.