Baruch Karistrem - R.I.P.
La lumière devint de plus en plus forte. Alors que je pensais ne plus pouvoir ouvrir un œil, je sentis le sol se retourner, et moi avec.
Plus rien ne bougeait, plus de lumière aveuglante non plus. J’étais, visiblement, retombé dans un lieu morne et plat, au sein duquel rien d’humain n’apparaissait, du moins, pas à première vue. Me redressant sur mes deux jambes, je vérifiais que mon équipement était bien présent. Rien ne semblait s’être détérioré suite à mon arrivée quelque peu brutale, et j’en fus le plus heureux du monde quand je constatai que ma gourde ne s’était pas abîmée avec ma chute.
Enfin, j’y étais ! Un monde vierge, inconnu, et qui s’éveillait devant mes yeux. Avant même de m’aventurer hors de ce lieu, je sentis une peur sauvage, une peur naturelle liée, sans doute, à mon animalité de toujours, qui me suppliait de rebrousser chemin. Il s’agissait d’un monde hostile, et je savais qu’à tout moment, je pourrais mourir d’un contact, d’une bouchée de nourriture, d’un pollen mystérieux. Mais pourquoi en avoir peur ?
Valait-il mieux vivre dans la peur continue d’une exécution, secoué par des gardes sans aucune pitié ? Fallait-il encore aider pendant des années des villages qui péricliteraient de toute manière ? Je préférais faire le choix d’avoir enfin une vie, quitte à ce que celle-ci soit difficile. Et peut-être qu’un jour je retrouverais les sensations qui m’ont fait aimer l’humanité. Peut-être que moi aussi, je fonderais une famille. Peut-être que moi aussi, j’aurais un but à mon existence.
Cessant de penser au futur lointain, je choisis de me concentrer sur le présent et commença à me préparer à rechercher un lieu pour commencer à créer un abri. Il me fallait un coin tranquille, à l’écart des autres si possible, et avec une terre fertile où les plantes pourraient pousser en toute quiétude. Je rêvais alors d’une maison, tout simplement, avec un plancher, un lit avec un matelas de paille, et une cheminée dont l’âtre me réchaufferait les pieds tandis que je vaquerai à mes petites occupations.
Mais c’était encore un rêve et le temps passait rapidement. Je me fis une raison à cela et m’enhardis à passer à la vitesse supérieure. Il n’était plus question d’attendre bêtement que tout me tombe dans les bras mais bien d’évoluer avant de périr par ma propre bêtise. Je pris les pierres les plus intéressantes pour démarrer un début de feu de camp et les cala dans les poches de mon sac à dos.
Je fis ensuite le choix de couper quelques branches des arbres situés à proximité du champ pour profiter de bois sec et en fis une jolie provision que j’entassai en un grand paquet ficelé avec ma corde.
J’attachai ensuite le tas de bois dans mon dos via la corde et partis d’un pas vif. Il était temps de vivre une nouvelle aventure et de profiter d’un renouveau approprié.