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«Les vivants qu'on égare dans les cryptes du temps dorment si bien avec les morts qu'une même ombre les confond déjà. »

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Une ombre parmi leurs ombres
Féminin

Nokomis C. Shipshaw

Nokomis C. Shipshaw

J'ouvre les yeux en grimaçant. Mon dos, mes épaules, mes mains, tout mon corps me fait mal. La douleur remonte ma colonne vertébrale alors que je me relève. Autour de moi, il n'y a que le vide d'une nature hivernale. Cela ressemble au paysage que je voyais depuis le fiacre. Peut-être que tout cela n'était qu'un rêve... « Pa' ? Maa' ? » Seul le vent me répond. Sur l'horizon se dessine un mur sombre et brumeux mais aussi loin que porte mon regard, il n'y a que du blanc et pas un signe de vie. Je fais quelques pas hésitants et butte contre un paquetage. Il est plus gros que celui que nous avions fait. Quelque chose ne va pas. Je me jette dessus et m'acharne sur la lanière qui le tient fermé. Mes mains... elles sont poisseuses et brunes. Non, ce n'est pas possible. Je les frotte énergiquement sur mon manteau mais les tâches ne partent pas, comme incrustées sur ma peau. Non, non, non... Des images me reviennent par vagues, une ville sombre, des bruits de bottes derrière moi. Je me retourne brusquement mais il n'y a personne. Non. Tout cela n'était qu'un cauchemar. Le pire de tous. J'essaie de reprendre mon souffle, de calmer mon cœur mais déjà des larmes me montent aux yeux. Je les essuie rageusement avant de me rendre compte que j'étale le fluide brunâtre sur mes joues.
« Maa' ? » Et le vent toujours. Ses bises se font plus violentes et froides, me frappent par rafales, pénètrent mon manteau jusqu'à me mordre. « MAAAAA' ! » Ma gorge brûle de ce cri proche du sanglot. Elle ne peut pas être loin. Elle doit repérer les lieux et essayer de trouver un endroit où nous abriter. Elle va revenir et m'emporter dans ses bras chauds. Elle va revenir. Je n'ai qu'à l'attendre ici. J'attrape le sac et parcours une nouvelle fois du regard le champ dans lequel je suis. Quelques gros rochers y sont éparpillés. Je choisis le plus large et cours m'y réfugier du vent. Là, ses méchants murmures se calment. Tête contre les genoux, je me laisse aller et le sommeil m'engloutit.



Je me réveille en sursaut. Le froid est descendu dans la plaine et le ciel s'est assombri. La nuit va me tomber dessus sans que Maa' soit revenue. A nouveau, je sens la panique monter mais je suis trop transie pour lui laisser de la place. Mes doigts me font mal au moindre mouvement. Je ne tiendrais pas jusqu'au jour comme ça. Lentement, je fouille le paquetage, espérant y trouver... Y trouver quoi ? Tu n'étais pas censée être toute seule, que vas-tu faire ? Personne ne va te chanter de berceuse, personne ne va te prendre contre son cœur. Pas ce soir. Du bout des doigts, je caresse la couverture qui enrobe le reste des affaires. Elle ne suffira pas à me tenir chaud. Une petite voix me souffle que je dois bouger, sinon Maa' trouvera un cadavre congelé. Je prends alors mon courage à deux mains et me met au travail. De mes pieds, je nettoie la neige de l'espace que protège le grand caillou contre lequel je me suis installée et ratisse de même le plus loin possible. Les mains emmitouflées dans les manches de mon manteau, je maçonne petit à petit un mur que je fais monter le plus haut possible en tentant de le refermer au-dessus de ma tête. Je ne laisse qu'un trou pour sortir de mon igloo de fortune. Le vent cesse alors de me mordre et le calme soudain m'apaise.
Délivrée de la peur de mourir de froid, j'ouvre mon sac. En plus de victuailles, Maa' m'a laissé un couteau de plus et une gourde pleine. Je me jette sur un fruit, comme si je n'avais rien mangé depuis des jours, ce qui n'était qu'à moitié faux. La faim éveillée, je manque de me laisser aller à en prendre un autre mais me ravise à temps. Combien de temps vas-tu l'attendre ? Il te faut des réserves. Alors, après avoir bu une petite gorgée, j'extirpe laborieusement la couverture du sac et m'y enroule dans un soupir.



Un bruit me tire du sommeil. Encore engourdie de sommeil, je tends l'oreille. L'entendant à nouveau, je bondis dehors. Mais il n'y a personne, ce n'est qu'un oiseau curieux que ma sortie a effrayé. Impossible de savoir quelle heure il est, le ciel est d'un blanc grisâtre que rien ne trouble. Aucune trace humaine ne brise l'uniformité de la neige. Tu parles d'un anniversaire... Mes doigts triturent la chaîne sous mes vêtements. Maa' a dû être surprise par la nuit, comme moi, voilà tout.
Pour tromper le temps qui passe, je consolide mon abri de fortune en en épaississant les murs. Et j'attends.
.


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Une ombre parmi leurs ombres
Féminin

Nokomis C. Shipshaw

Nokomis C. Shipshaw

J'ouvre les yeux à regret. Le plafond de mon abri m'offre une lumière fade, fidèle reflet de ce que doit être le ciel dehors. Mon corps proteste et refuse de se lever. A quoi ça servirait de toute façon ? Cela fait des jours que j'attends Maa'. Combien ? Trois ? Quatre ? Pour autant, je m'étire lentement et me traine dehors. Le champ de pierres est toujours aussi vide. Pas la moindre trace d'être humain. M'as-tu abandonnée Maa' ? Ma poitrine se gonfle de tristesse. Je suis toute seule. Il n'y a personne ici et personne ne viendra.
Redresse-toi. Mange.
Machinalement, je tire à l'entrée de mon igloo mon sac et en sort le petit paquetage de nourriture. Le froid la conserve bien mais bientôt, il n'en restera plus rien. Et je n'ai pas la moindre idée de ce que je pourrais trouver dehors. Le vent ne s'est pas encore levé mais je frissonne tout de même. Maa' ne reviendra pas. Je ressers sur moi les différentes couches de vêtements que j'ai superposé, essayant de réchauffer la froidure qui s'installe en moi. Mais le mal est fait : ma vision se brouille et pour la première fois depuis que je me suis réveillée dans cette étendue déserte, je me laisse aller à pleurer. Mes yeux, mes joues, mes manches s'inondent, je m'étrangle de mes sanglots, je crie.
Tu fais pitié. Reprends-toi.
Le flot se tarit d'un coup et je me trouve stupide. Maa fait ce qu'elle a à faire et elle compte sur moi pour me débrouiller. Elle saura me trouver.
C'est mieux.

« La journée commence à peine. Tu vas manquer de nourriture. Que fais-tu ? »

Le son de ma voix me rassure et je commence à réfléchir à mes possibilités. D'ici quelques jours , je n'aurais plus rien à manger, c'est vrai. Je pourrais me restreindre encore en l'attendant mais je me sens déjà faible, je dois manger. Je me lève, dérouille mes doigts et escalade un gros rocher. La vue n'a pas changé depuis que je suis arrivée : un blanc presque uni, exception faite de cette masse sombre là-bas. Impossible de dire ce qu'elle est mais c'est l'unique repère que j'ai. Cette pensée me replonge instantanément dans les peurs que j'essaie de faire taire.
C'est aussi le seul qu'elle aura.
C'est vrai. Je refais mon sac et en bande fermement les lanières. Je glisse à ma ceinture le plus grand couteau en l'attachant de mon mieux avec une ficelle retrouvée dans une poche. Ainsi affublée, je charge le sac sur mes épaules et coince mes cheveux dans le col de mon manteau.
Laisse-lui tout de même un signe.

« Mais avec quoi ? Il n'y a que de la neige ici et elle fondra. »

Que de la neige, vraiment ?
Je parcours à nouveau le champ du regard. Oui, de la neige, partout, à perte de vue... mais aussi des cailloux, de toute taille. J'en porte une dizaine devant l'igloo et les dispose en forme de flèche vers ma nouvelle destination.

« J'espère que ça résistera. »

Il n'y a rien d'autre à dire. Je caresse du bout des doigts l'entrée de mon abri puis, resserant les sangles du sac sur mes épaules, fais le premier pas.
.


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