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L'amour est dans le pré

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MessageSujet: Re: L'amour est dans le pré L'amour est dans le pré - Page 4 EmptyDim 7 Déc - 15:41

The Pirate King
Masculin

Aleksei Boulgakov

Aleksei Boulgakov
Les brins d'herbes volaient encore un peu, aidés par mes mains assassines. A moins qu'elles n'aient été libératrices... J'arrachais les tiges des liens qui les entravaient et les renvoyais au x libertés des quatre vents. Je les délivrais en les propulsant, sans qu'elles le sachent ou n'aient d'emprise, vers un monde différent, inconnu et, avec un peu de chance, meilleur. Meilleur que cette terre qu'elles avaient connue toute leur vie. Et, en moi, s'affrontaient deux sentiments ambivalents. Je ne pouvais m'empêcher de m'identifier quelques peu à ces frêles formes sans volonté, propulsées malgré elles vers l'étrangeté de l'inexploré, j'appelais de mes vœux cette absence de volonté, ce trimballage bon gré mal gré. Et pourtant, j'enviais également ce monolithe coincé dans mon dos, grand, inaltérable et si solidement ancré au sol que personne ne saurait l'en déloger. C'était plaisant d'avoir toujours un point d'ancrage, un port dans lequel retourner en cas de tempête. Un port où retrouver la chaleur des siens. Malgré ma mauvaise humeur de la journée, je voyais en la plupart de mes congénères comme un semblant de famille. Mais il me manquait quelque chose, ce petit rien qui nous donne envie de revenir, qui remet du baume au cœur et le monde à l'endroit*... Cependant, c'était déjà mieux que rien.

J'espérais trouver ce petit rien bientôt...

En attendant, c'est un gros rien qui vint ébranler la montagne de réflexions qui me clouait au sol. Telle une tempête, ou du moins, une mer plutôt agitée, deux mains fortes et calleuses m'avaient ramené à la surface. Bonjour réalité, t'avais pas mieux à m'offrir qu'un grand marin débordant de jovialité pas vraiment communicative ? Je dus me concentrer pour comprendre les raisons de cet entrain : Emilie-Anne. Ou plutôt, il souhaitait que je l'aide à porter secours à Emilie-Anne. J'ai manqué de peu d'exploser de rire. Qu'est-ce qui lui avait fait croire que moi, un type tout seul, à l'écart des autres, en train de tirer la gueule et d'arracher de l'herbe en jetant avec eux des regards noirs au reste de l'humanité était la personne idéale pour aider une demoiselle en détresse ? Je n'en revenais toujours pas, et sa seconde remarque eut tôt fait de m'achever en m'envoyant définitivement dans les limbes de l'incompréhension - qui n'était pour une fois pas due à des problèmes de langue. Qu'est-ce que c'était cette histoire de pirate ??!!! Les pirates, ça n'existait pas réellement ! Ce n'était que des figures légendaires de livres pour enfants !! Je jetai sur lui un regard qui ne voulait pas dire grand-chose tant s'y mêlait surprise, inquiétude et colère. Ce type que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam pouvait toujours courir pour que je l'aide à faire quoique ce soit ! Je n'avais pas très envie de rester aux côtés d'un homme dont la santé mentale était si légère. Passer une nuit avec un tueur avéré : oui, passer ne serait-ce qu'une heure aux côtés de ce gosse qui croyait n'importe quel conte : certainement pas !

Incapable de prononcer un mot, je le regardais, bouche bée, s'éloigner. Sa stature laissa place à celle plus mince de Lena qui croisa mon regard avant d'imiter l'incompréhensible marin. Sage petite brune qui comprend parfaitement que ce n'est pas le moment pour me parler. Je la remerciais intérieurement, souhaitant retourner à mon mutisme qui me permettait de mettre des mots sur mes envies cachées quand soudain un brouhaha mêlé de pleurs et d'échos de voix brisées me tirèrent définitivement hors de moi-même et du sol. Croyant reconnaître les cris du plus jeune d'entre nous, je me disais que cet après-midi, la famille Larose aurait mieux fait de rester chez elle. J'étais un salaud certes, mais pas au point de ne pas bouger en entendant ces cris. Tout comme je l'avais fait pour la veuve, je me dirigeais en bon samaritain vers l'orphelin. Cependant, près du gros monolithe, d'autres villageois m'avaient précédé. Je ravalais le grognement que ce constat m'avait fait échappé, mais je ne parvins pas à avancer davantage vers la petite troupe ; leurs attitudes étaient par trop étranges et me clouaient sur place. Et surtout, Olivier était dans les bras d'Ashton... d'où pouvaient provenir les cris dans ce cas ?

Lena me fendait le coeur. Jusqu’à présent, je n’avais pas envisagé ne serait-ce que l’idée qu’elle n’était finalement qu’une gamine sous ses airs de meneuse et de guerrière. Elle avait l’air si petite, si fragile devant ces pleurs dont je n’arrivais pas à identifier la source exacte, même si le doute était de moins en moins permis : un enfant avait été envoyé en plus des boites. Et, apparemment, soit il était très amoché, soit c’était le fait même qu’il nous soit envoyé avec les boites qui avait l’air de tous les anéantir. Je comprenais, c’était flippant que l’on nous envoie ainsi des enfants ! Envoyer des gens, c’était plutôt pas mal, on en avait besoin, mais des enfants ? C’était purement inutile !! Et puis, qui allait être puni et devoir s’en occuper de ce petit monde ?

Je me suis approché un peu plus de la troupe afin de confirmer mes craintes. Deux petits yeux noirs me touchèrent avant que le lien ne soit rompu par le corps d'Ashton auquel s'était greffé la vraie progéniture de la rousse en détresse. Je n'avais pas halluciné, un gamin avait bel et bien été catapulté dans ce monde sauvage. J'eus un pas de recul, comme pour me protéger. Si j'avais l'air d'être le moins chamboulé par cet enfant, je ne tenais pas à en hériter ! J'avais déjà bien assez de mal avec Olivier que je connaissais bien, alors il était hors de question que j'ai un quelconque rapport avec celui-là. Ce n'était pas par manque de coeur ou par égoïsme : j'étais vraiment nul avec les mioches. Il serait vraiment mieux avec les autres, une fois leurs larmes séchées.

Du coin de l'oeil, je vis le frenchie quitter la scène et se diriger vers Larose mère. Je lui emboîtais alors le pas, comme pour justifier ma non assistance à enfant en danger par le secours d'une autre enfant blessée. Lorsque le balafré fit quelques pas, la douce rousse dans ses bras, je vins lui porter main forte en venant la soutenir de l'autre côté.

We’re both smart guys ! We choose women to children ! ai-je lancé à mon acolyte en lui faisant un clin d’œil complice. Si je n’étais pas particulièrement heureux d’être à cette place-là, je n’étais plus envieux de ceux qui avaient découvert le dernier paquet.

Let’s go to Gav’ ! dis-je doucement à Emilie-Anne.

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