Sujet: Pris la main dans le sac, l'aventurier persévère Ven 28 Mar - 20:09 | |
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Théodore Lefaucheux | J'avais eu quelques heures pour préparer mes affaires et me préparer moi au grand voyage. Enfin grand... Je n'avais strictement aucune idée de comment ça allait se passer. Est-ce que ce serait long ? Est-ce que ça allait être douloureux ? Jugeant plus opportun de me concentrer sur les choses qui me seraient utiles de prendre, j'avais préféré remettre ces interrogations à plus tard. Elles seraient de toute façon éclaircies en temps voulu.
Mentalement, j'avais passé en revue ce qui me serait nécessaire, voire carrément indispensable. De ce que le doc avait brièvement dit, Terra n'était habitée que d'une poignée de pèlerin s'y installant à peine. Il fallait donc tout faire. Partir de zéro. Si ça m'enthousiasmait au plus haut point quelques heures auparavant, j'avais commencé à percuter que rien, et bien, ça voulait bien dire ce que ça voulait dire. Pas de confort, pas de facilité. Rien que la dureté et la froideur d'un roc en plein hiver. Rien, c'était évidemment une situation dans laquelle personne ne se retrouvait jamais, pas même les sans-abris qui bénéficiaient au moins de la protection des bâtiments, de la chaleur des bouches d'aération, bref : même le plus miséreux n'était pas réellement sans rien. J'en avais déduis que la première chose serait de ne pas mourir de froid. J'avais donc commencé par le plus simple : d'abord et avant tout, ma valise étant trop encombrante, il me fallait un sac. Je fis l'acquisition d'un modèle en toile imperméabilisée, à forte contenance et ayant de multiples poches me permettait de le remplir avec de quoi me vêtir (chaussures de cuir de bonne qualité, un long manteau épais, un gros pull, deux sous-pull à manches longues ainsi qu'un pantalon tout aussi plein de poches que le sac). In extremis, j'y avais aussi ajouté une toile de tente (ça finirait toujours pas être utile). Enfin pour la suite, il me fallait du durable. Pour allumer un feu, des allumettes évidemment feraient l'affaire mais c'était une ressource épuisable, j'avais donc opté pour un briquet à silex, le modèle pistolet que me dénicha un antiquaire. À ma demande, il joignit au paquet une vieille outre en cuir foncé facilement rattachable à la ceinture par une cordon de cuir ainsi qu'un couteau qui, une fois ouvert, était long d'une main et demie.
À chaque sortie de boutiques, je me sentais différent, plus léger (en partie délesté de l'argent que j'avais volé à Bertrand). Chicago, ville inconnue mais appartenant déjà à mon passé, m'était apparue autrement. Sa noirceur et sa puanteur allaient céder la place à des étendues vertes zébrées de petits chemins qui sentiraient la noisette*. Il m'avait fallu plusieurs heures pour tout rassembler (entre temps, j'avais trouvé un kit de premiers secours, des allumettes et de vieux journaux ainsi que deux carnets à couverture cartonnée et une boîte de fusains). Le soleil faiblard, qui s'était lentement traîné dans le ciel jusqu'à ne plus procurer à la ville qu'une lumière orangée, m'avait rappelé à l'ordre. On ne rate pas le train qui nous emporte jusqu'à une nouvelle vie.
Maintenant que j'étais changé, mon sac pouvait accepter un complément sorti de ma valise : petit linge, trousse de voyage et ma paire de chaussures de ville achevèrent de combler le vide. Il approchait de sa contenance maximum et j'espérais n'avoir rien oublié de crucial. Mais, après tout, je ne serais pas si seul. Une fois la communauté Terra rejointe, je trouverais auprès d'eux une nouvelle famille. .
Ce petit chemin qui sent la noisette, lalalalaaaaaa
_____________________ *Petit clin d'oeil à Reflet d'Acide
Dernière édition par Théodore Lefaucheux le Sam 9 Juil - 12:51, édité 7 fois |
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Sujet: Re: Pris la main dans le sac, l'aventurier persévère Ven 28 Mar - 21:13 | |
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Théodore Lefaucheux | Sac bouclé, je rejoignis Dr. Oliver. Après avoir vérifié ce que j'emportais, il me conduisit jusqu'à une pièce sans fenêtres. Du matériel complexe en longeait les murs, laissant le centre complètement vide. Il m'expliqua la procédure tout en s'activant sur ses machines, bidouillant un truc par-ci, entrant une donnée par-là, ajustant une fréquence ailleurs. Je devais m'installer au centre de la pièce, à même le sol, principalement pour des raisons de sécurité. De ce que j'en compris, les deux lieux étaient situés à la même altitude et j'arriverais donc à même le sol sans changement brutal de cette manière.
L'ambiance était électrique et me hérissait les poils de la nuque. Plus j'approchais du centre, plus je me sentais mal à l'aise. Je m'accrochai à des rêveries et fantasmes de nature sauvage et d'immensité pour m'interdire de ne serait-ce que considérer l'option de faire demi-tour. D'après lui, c'était dû à des résidus des précédents voyages. Ça restait dans l'air comme de l'électricité statique. Chaque personne qu'il avait fait passé y réagissait différemment, lui s'y était fait. Moi, ça glaçait les sangs. Sur ses conseils, je m'assis donc à même le sol, en tailleur, serrant mon sac contre ma poitrine. De la pénombre s'avancèrent quatre arcs de cercle qui m'entourèrent comme les montants d'une cage. Je déglutis. Après un dernier regard, il appuya sur le big friendly button* qui trônait sur un des panneaux. La structure commença à vibrer doucement au début, puis de plus en plus fort. Et quelque chose changea. L'air sembla changer de consistance, s'épaississant autour de moi en devenant brumeux. Sans l'imprécation du docteur, je me serais levé violemment et aurait pris mes jambes à mon cou. Mais sa voix me cloua sur place. Je restai là, le regard scotché à la structure tout en m'accrochant à mon sac, m'empêchant de fuir devant cet air vicié, sentant le porc, les poils brûlés et la peau fondue. Finalement, après quelques secondes qui me parurent de trop longues minutes, une lumière blanche émana de la jonction des arcs métalliques. L'air crépita, comme piégé dans un foyer brûlant. Si ce fut doux et chaud pour commencer, ça ne dura pas. Au fur et à mesure que la pièce s'effaçait, ma peau semblait prendre feu.
Je hurlai. .
_____________________ *Doctor Who S07E10
Dernière édition par Théodore Lefaucheux le Sam 9 Juil - 12:51, édité 4 fois |
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Sujet: Re: Pris la main dans le sac, l'aventurier persévère Mar 1 Avr - 14:55 | |
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Théodore Lefaucheux | Je repris conscience brusquement, pensant m'éveiller d'un cauchemar que je ne voulais plus faire. L'odeur de la chair brûlée m'emplissait encore les narines, hérissant chaque poil de mon corps. Depuis l'explosion, le feu était devenu ma hantise. Machinalement, je portais la main à ma cicatrice. Après des semaines de soins, j'avais pu découvrir la trace dont je serais à jamais marqué : et elle n'était pas si moche. La sensation de fraicheur de ma paume contre ma peau me permit de rassembler mes pensées. Par flash me revinrent les images d'Oliver dans sa pièce étrange, la lumière qui m'engloba... Je me souviens aussi de la douleur. Et de l'odeur. Je tressaillis. De nouveau, j'apposai ma main sur ma figure. Ma comète était pareille à elle-même, comme toujours. « L'expérience du voyage est différente pour chacun » m'avait-il dit. J'espérais que les précédents voyageurs avaient eu plus de chance que moi.
Une légère brise me caressa le visage, me détournant ainsi de mes sombres réflexions. Pour la première fois, j'observai le paysage qui m'entourait. Je me trouvai à l'exact centre d'un cercle de pierres, lui-même dans un champ de pierres. L'herbe à mes pieds paraissait usée, j'en déduisis que cela devait être dû aux voyages inter-mondes. Le cercle, qui m'avait paru peu naturel, devait aussi en être la conséquence. Les faces tournées vers l'intérieur semblaient polies comme des galets dans un ruisseau, alors que l'autre était tout ce que peut être celle d'un roc : rugueuse, pleine d'aspérité et de mousse. Et soudain, je percutai. J'étais sur Terra. Un monde nouveau m'ouvrait grand les bras et j'étais là, à regarder mes pieds ! Le temps de vérifier que je n'avais rien perdu dans le transfert et j'étais prêt, le sac sur les épaules, le couteau dans la poche et l'outre, remplie avant le départ, bien accrochée au flan. .
Dernière édition par Théodore Lefaucheux le Sam 9 Juil - 12:52, édité 4 fois |
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Sujet: Re: Pris la main dans le sac, l'aventurier persévère Jeu 3 Avr - 2:16 | |
| Je suis un volcan qui se noie de l'intérieur, je m’étouffe avec la vapeur qui ne peux s'échapper
Lola O'Ceann | Je suis un volcan qui reste endormi, qui se noie, qui brule de l'intérieur et je m’étouffe à force de fulminer sans que la vapeur ne puisse s'échapper.
Cette comparaison est sans doute d'autant plus facile à faire vu la coloration de mes cheveux, qui pour une vague raison, étaient pendant ces deux dernières années passées d'un roux très clair, éclatant et soyeux à une teinte plus foncée, plus rouge, mais pas moins flamboyante malgré la texture plus terne et moins douce qu'on pouvait reprocher au manque de produits cosmétiques mis à notre disposition. Elle est d'autant plus facile, oui, pour cette raison, mais aussi à cause de l'énorme coup de soleil que l'arrivée du printemps n'avait pas manqué de m'apporter. Il ne faudrait pas penser que ma pas-si-longue description de moi-même eut servi à combler un vide narratif, elle eut avant tout servi à lentement introduire le fait que j'étais présentement parfaitement parée pour interpréter le rôle de monsieur malpoli, ou plutôt de madame malpolie. * Série monsieur-madame*, oui, pour une fois, malgré mon expression habituellement placide, mon physique reflétait parfaitement mon était d'esprit qui en silence, hurlait sans cesse mon mécontentement général et mon mépris des autres.
Le coup de soleil était la conséquence ultime résultant d'une longue et pénible journée sur la plage à pourchasser ma première récolte de crustacés du printemps. Ce n'était pas toujours une tache haïssable, en général je l'exécutais sans plaisir, mais sans imprévus désagréables non plus. Une fois seulement, plus d'un an auparavant, un oursin particulièrement gros avait réussi à transpercer ma sandale et mon pied eut pris plusieurs jours à retrouver sa taille et sa couleur normale, mais hormis cela, je considérais la plage comme un endroit sécurisant, j'avais seulement oublié, pendant l'hiver, que le soleil et ma peau naturellement pale et fragile ne font pas bon ménage. Le jour même, la peau à peine rosie de mon visage, de mes épaules et de mes bras picotait juste un peu, mais je me suis ensuite réveillée dans la nuit avec une sensation intense de brulure, pour ensuite découvrir au matin que le timide rose s'était muté en carmin clair. L’écarlate s'était depuis amati en rose fraise et ma peau pellait désormais par endroits, tandis qu’à d’autres, des taches de rousseur qui avaient pâlis pendant la saison froide réapparaissaient en force. Douloureusement.
Sur Terra, on ne prend pas de congé maladie, même lorsqu’on n’arrive pas à bouger les bras, parce que sur Terra, mais si on le voudrait, on ne peut éviter le soleil s’il décide de pointer le bout de son nez qu’en restant isolé dans une hutte sombre et ennuyante, si vous trouvez ça attrayant, c'est que vous oubliez qu’il n’y a rien de bien intéressant à faire ici, même lorsque l’on décide de se ménager. Au final, je me couvre bien des bras jusqu’au cou avec un vieux gilet pâle et moche, je me déniche un chapeau de paille confectionné par un habile artisanat et je m’active doucement.
Comme je ne sais strictement rien faire de mes dix doigts, je me résigne comme d’habitude à récolter des ressources brutes qu’un autre se chargera de rendre viables. J’ai un grand drap passé en bandoulière au travers de la poitrine duquel je me servirai pour empiler de longues et souples herbes, ainsi qu’une sacoche autour des haches pour n’importe quel autre truc utile que je pourrai rencontrer. Les feuilles d’une telle plante peu commune, les coquilles vides d’untel insecte ou encore les plumes colorées de n'importe quels oiseaux malheureux. Bref, je ne fais rien de bien exaltant et je me fais chier.
Alors que je suis dans le champ de pierres, tout d’un coup, le ciel s’allume et je regarde béante la source lumineuse, si bien qu’une fois éteinte, mes globes oculaires coulent et picotent, sans mentionner que j’hallucine des taches blanches qui flottent un peu partout autour de moi. Je me sens conne et je regrette de ne pas avoir clos mes yeux, mais au final, un petit mal de tête, c’est déjà mieux que la dernière fois où l’arrivant est tombé directement sur moi, ce qui m’eut valu un mal de cou horrible et persitant.
Une personne de plus dans notre enfer vert. Bienvenue, bonne chance et tout, et tout. En supposant que ce projet ait la moindre chance de mener à quelque chose, me voilà sur la pointe des pieds en train de balayer du regard le champ vert et doré et ne met pas bien longtemps avant de discerner une tache sombre et balbutiante.
- Hé mec ! Lançais-je sans attendre, ni sans prendre la peine d’observer davantage mon nouveau compagnon d’infortune. J’ai aussi le réflexe de lever et d’agiter un bras pour me rendre plus visible, seulement celui bloque à mi-trajet à cause de mon satané coup de soleil. Outch. Vie de merde. Achievement Unlocked ! Succès ! Tu as accompli un défi : Traiter du fait d'avoir un coup de soleil. Tu peux désormais disposé de l'icône ci-dessus à ta guise pour afficher ton accomplissement ! |
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Sujet: Re: Pris la main dans le sac, l'aventurier persévère Mar 8 Avr - 18:37 | |
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Théodore Lefaucheux | Est-ce que j'avais dit que j'étais prêt ? Oui, j'étais prêt : à baguenauder dans les herbes folles, à me rouler le long d'une pente, à me jeter des pétales de pâquerettes ou toute autre fleur y ressemblantressemblant que pouvait faire pousser Terra, à rester assis le dos contre un arbre jusqu'à ce que le soleil se couche et que j'en tremble de froid... Presque à tout donc, sauf à entendre une voix s'élever à quelques mètres de moi. Il me fallut donc quelques secondes pour percuter que c'était bien à moi qu'on s'adressait. Mais entre l'interjection et les mouvements de bras en ma direction, le doute ne me fut pas permis longtemps. En contre-bas, j’apercevais une tignasse flamboyante surplombant le corps mince, mais couvert de multiples sacoches, d'une jeune femme. Ne pouvant pas prétendre ne pas l'avoir vue, je lui rendis son salut, avant de m'aventurer au milieu des pierres qui parsemaient ma route. Au diable mes courses effrénées tel un faune dans les bois, mes ruades dans l'eau fraiche du premier ruisseau trouvé... Mais enfin, réussir à croiser quelqu'un à peine débarqué, ça ne devait pas être donné à tous les nouveaux arrivants de Terra. Et puis, ce n'était pas plus mal. Je gazouillerais plus tard, pour l'instant, quelques questions de survie commençaient à m'attaquer l'esprit. Car je n'étais pas venu sur Terra pour crever dans les trois mois d'une pneumonie. Ce fut donc d'un pas décidé que je me dirigeai vers l'Habitante.
La première chose que je remarquai en la rejoignant fut qu'il n'y avait pas que ses cheveux qui rayonnaient d'une couleur à brûler l'épiderme : le sien avait pris un sacré coup de chaud. La seconde, que j'aurais tout aussi bien pu être à ses yeux un moustique essayant de pénétrer à grand bruit dans une moustiquaire. Le regard qu'elle me jeta lorsque j'arrivai à sa hauteur aurait refroidi un volcan en éruption mais il m'en fallait plus pour me doucher maintenant que j'avais les pieds dans le Nouveau Monde. Aussi la saluai-je spontanément (et en français) avec toute la joie qui m'habitait.
« Bien le bonjour, Terraenne ! »
La curiosité étant mon défaut, je laissai mes yeux se balader sur les sacs qu'elle portait ainsi que ce qu'elle mettait dedans. De longues herbes folles pointaient leur nez de celui qu'elle portait en bandoulière. Peut-être étaient-elles médicinales, au vu de la faible quantité que semblait brasser sa besace improvisée. Ce que je notai bien par contre, c'était ses mouvements amples et lents et les manches qu'elle portait alors qu'il faisait loin de faire ne serait-ce que frais. Le coup de soleil que je distinguais sur ses joues ne devait pas s'être limité au visage.
« Est-ce que je peux vous aider ? Je pourrais porter un de vos sacs si ça soulage vos bras... » *
_____________________________ *toujours en français.
Dernière édition par Théodore Lefaucheux le Lun 28 Avr - 13:10, édité 1 fois |
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Sujet: Re: Pris la main dans le sac, l'aventurier persévère Mar 15 Avr - 7:53 | |
| Je suis un volcan qui se noie de l'intérieur, je m’étouffe avec la vapeur qui ne peux s'échapper
Lola O'Ceann | Il y a une vibration humoristique quant au fait de pleurer sur un banal coup de soleil, puis d’immédiatement se retrouver devant quelqu’un qui éprouve de bien plus sévères et durables problèmes de peaux. Évidement que je m'étais demandé à quoi il aurait l'air au-delà de la tache filiforme et sombre que j’apercevais, mais je dois avouer que je ne m'attendais pas à découvrir le portrait d'un univers : peau sombre, cheveux noirs, yeux étincelants et une pas-si-jolie étoile filante sur la joue. Charmant.
Je le reluque comme j’aurais regardé un portrait incapable de ressentir de la honte ou du ressentiment, c’est-à-dire sans retenu ni sans gêne, sans me soucier qu’il puisse s’en sentir vexé ou complexé ; je dévisage son effigie défigurée avec des yeux d’abord ronds, puis froncés, le tout en lui accordant la moue pincée et dubitative que j’accordais depuis peu à toutes ces nouvelles personnes que j’avais le malheur de croiser.
Hormis l’immanquable tache rouge que je ne reconnais pas et qui aurait été difficile d’oublier, sa tête me disait vaguement quelque chose, mais après tout, il semblerait qu’il ait eu la chance d’avoir eu une jolie gueule avant son accident supposé, jolie et passepartout. J’estime que c’est une vision à laquelle on s’habitue, parce que ce n’était pas repoussant à regarder, il était seulement difficile d’en détourner son regard. Ce qui était vraiment repoussant était plutôt son enthousiasme et sa jovialité. Bien que son dialecte sonne familier, je n’en compris pas un traitre mot, néanmoins, l’intonation et le langage physique faisait office de traducteur, ainsi je réussi approximativement à comprendre ce qu’il essayait de me communiquer. Une salutation et quelque chose se rattachant à la galanterie.
Être galant n’est pas une qualité rare par ici, non, les gens ont tendance à devenir généreux et attentionnés après quelques semaines passées dans la vallée commune, c’était toutefois plus rare chez les nouveaux arrivants qui devaient déjà faire le deuil de leur ancienne maison tout en découvrant leur nouvelle. Le scepticisme était bien visible sur mon visage enfin détourné du sien et son comportement me parait d’autant plus singulier, alors je resserre contre mon ventre, par réflexe, mon sac qu’il désignait du regard, seulement pour me souvenir que mon coup de soleil fait un mal de chien, surtout lorsque mes vêtements rêches viennent s’y frotter et à mesure où mon sac s’enfonce dans la chair gonflée et fragile. Je ne suis pas une opportuniste, pour moi, ne pas me sentir mal d’être impolie et passablement méchante, c’est une chose, mais accepter la gentillesse d’une autre personne est une chose totalement dissociée et beaucoup plus difficile à faire.
Je m’empourpre, évidemment, je doute que ce soit très visible avec mon teint carmin, mais je me sens tout de même rougir et je mordille même ma lèvre inférieure avant de lui répondre : « S’pas la peine. » Dans un anglais fortement imbu de ma langue celte maternelle, estimant qu’il allait être en mesure de comprendre ne serait-ce que l’intention dans ma réponse.
Par contre, il y a bien une chose que sa présence puisse m’apporter et de laquelle je puis profiter sans m'en sentir coupable et qui tout d’un coup vient faire éclore de la joie au creux de mon cerveau : « . . .J’suppose que j’vais te raccompagner au village ? » continuais-je, plutôt pour moi que pour lui. Le village, le village, le village. Parce qu’après l’avoir raccompagné jusque-là, il sera légitime d’y rester plutôt que de refaire tout le trajet pour continuer ma tâche. |
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Sujet: Re: Pris la main dans le sac, l'aventurier persévère Dim 4 Mai - 13:14 | |
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Théodore Lefaucheux | Elle avait prit le temps de me dévisager au moins aussi longtemps que j'avais laissé traîner mes yeux sur elle. Évidemment, ma cicatrice avait été le centre de cette étude intentionnellement ostentatoire. Après tout, elle me mangeait tout de même la moitié du visage ! J'avais perdu l'habitude qu'on l'observe ainsi : quand je me pavanais, fier comme un paon, l’exhibant à tous et toutes, je me délectais de leurs yeux ronds, parfois effrayés. Mais cela faisait longtemps maintenant. J'avais dû la cacher, l'étouffer sous une couche de fond de teint pour redevenir quelqu'un de présentable, de fréquentable. À vrai dire, je me sentis presque mal à l'aise, comme nu, sous les prunelles inquisitrices de la rouquine. Par réflexe, et pour délocaliser l'attention, je caressai la courbe basse de ma comète rouge. Cependant, je fus plus déconcerté par son mouvement de recul face à ma proposition que par son regard pénétrant. Enfin, à égalité avec les intonations particulières qu'elle employa pour me répondre, un anglais chantant dont je n'avais pas l'habitude. Et là, je percutai violemment la réalité : l'anglais serait vraisemblablement la langue la plus parlée parce que la plus usuelle. Et si je la comprenais plutôt bien, ce n'était pas tout à fait la même affaire pour la parler. Mais avant que je ne puisse m'attarder à pleurer ma langue maternelle, elle reprit : « ...J’suppose que j’vais te raccompagner au village ? » Il n'en fallut pas moins pour que ma curiosité naturelle ne revienne sur le devant de la scène : pour avoir un village, cela devait bien faire quelques années déjà que le projet Terra avait été lancé ! Je regrettais de n'avoir pas été plus interrogateur lorsque j'étais avec le Dr Oliver. Étant donné qu'il nous envoyait là-bas, il aurait tout de même pu me mettre un peu au jus ! Peut-être même établir une brochure qui permettrait au moins de donner une idée de ce qu'on pourrait trouver une fois sur place ! Enfin, au moins avais-je eu la chance de rencontrer quelqu'un dès mon arrivée. Et malheureusement pour elle, elle prendrait pour le doc (et pas dans le meilleur des anglais en prime).
« With pleasure ! Vous êtes nombreux à y vivre ? Depuis combien de temps es-tu arrivée ? Est-ce que tu faisais partie des premiers colons ? »
Supposant qu'elle était partie du village, j'avançais de quelques pas dans la direction d'où elle semblait venir pour lui donner l'entrain de se mettre en route. Aussi loin que porte mon regard, même la main en visière pour limiter la luminosité du soleil, je n’apercevais aucune construction humaine. En admettant que le système solaire soit identique sur Terre et sur Terra, la haie panoramique de grands arbres que je mettais désormais dans mon dos devrait se situer vers l'ouest. Ce qui était en réalité assez vague : étant donné qu'il n'y avait par là que des arbres, l'ouest pouvait être à peu près n'importe où. Dans tous les cas, si j'avais été seul, j'aurais pris la direction est (tout aussi vague donc). Cette réflexion fut soudainement interrompue par un gargouillis désagréable sur lequel je plaquai mes mains. J'avais faim. Voilà bien une chose essentielle à laquelle je n'avais absolument pas songé pendant mes achats. .
Dernière édition par Théodore Lefaucheux le Sam 9 Juil - 12:54, édité 1 fois |
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Sujet: Re: Pris la main dans le sac, l'aventurier persévère Mar 13 Mai - 3:47 | |
| Je suis un volcan qui se noie de l'intérieur, je m’étouffe avec la vapeur qui ne peux s'échapper
Lola O'Ceann | Je saisi sans vraiment me soucier combien mon regard pouvait être intrusif lorsqu’il se mit à pensivement tapoter la partie tuméfiée de mon visage. Il valait mieux pour lui qu’il s’y fasse tout de suite, car ça allait sans doute s’accentuer. Ce ne sera peut-être pas toujours aussi direct, mais nul doute qu’il se sentira au moins autant observé lorsqu’il vivra au village et que ces gens plus civilisés que moi passeront un certain temps à murmurer sur son passage moult hypothèses sur son passé plutôt que de démontrer impunément leur curiosité. La meilleure approche serait peut-être de le questionner honnêtement. Qu’il soit franc ou non avec la réponse qu’il donnera, elle sera sans doute suffisante pour apaiser les indiscrétions paysannes.
Je l’aurais probablement fait moi-même si je n’avais pas ma façade à conserver, malgré ma curiosité, elle dominait mes priorités. « With pleasure ! Vous êtes nombreux à y vivre ? Depuis combien de temps es-tu arrivée ? Est-ce que tu faisais partie des premiers colons ? » Inversement, la curiosité était visiblement un trait important chez mon nouveau compagnon. Loin de rester cloitré par le malaise de nos premières minutes, il moulinait avidement des questions sur moi et sur le nouveau monde.
Manifestement, il avait su un minimum à quoi s’attendre avant de s’être fait propulser ici. Moi je n’avais pas eu cette chance, moi je m’étais retrouvée ici contre mon gré sans que le Dr. Oliver ne prenne vraiment la peine de m’expliquer son projet et ce qu’il pourrait m’arriver. Le sentiment amer déjà existant dans mon ventre ne put que grandir. C’était un mélange entre du ressentiment pour le Docteur et de la jalousie envers tous ces gens heureux, envers lui. L’envie d’être comme eux, de voir la vie comme eux était certes forte, mais la manière me semblait si inatteignable, si compliquée.
- Dans l’ordre de la vingtaine, j’dirais. Répondis-je sobrement, sans entrain ni langueur.
Enthousiasmé, le jeune homme m’entrainait déjà comme s’il savait où aller. Je suppose que sous certains angles, il savait bel et bien, car après tout, on n’est pas si motivé et prompt que si on sait vers quoi et comment on compte diriger sa vie. Je suivais tant bien que mal l’élan du jeune homme, après tout, j’étais motivée aussi… à rentrer et à me reposer. Je fis donc quelque pas rapides dans la direction qu’il avait légitimement désignée, avançant à peine de quatre ou de cinq mètres avant de me prendre un pied dans une racine, ou peut-être plutôt sur une roche, et de m’écraser face première dans les herbes hautes. Je dus ensuite battre des bras et des jambes pour maladroitement me retourner face à lui, les cheveux en bataille et possiblement décorés de brins d’herbes. On reconnait là ma grande adresse et mes grandes et évidentes capacités à survivre.
- Y’me semble que j’étais la sixième, mais l’homme arrivé juste avant moi est mort depuis… Tout comme celui juste après d’ailleurs. . . Répondis-je enfin en l’observant de bas, ne daignant répondre que pour attirer son attention autre part que sur ma minable performance. Et comme plusieurs autres ensuite, pensais-je finalement. Miraculeusement, j’avais survécu jusque-là. |
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Sujet: Re: Pris la main dans le sac, l'aventurier persévère Mar 27 Mai - 17:31 | |
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Théodore Lefaucheux | Il était évident que cette jeune femme était réticente sur tout. Ma présence, mes questions, mon enthousiasme, tout cela était une plaie pour elle. Je m'étonnais qu'elle ne m'ait pas encore posé de questions en retour. D'autant plus qu'elle n'avait pas l'air du genre à garder la langue dans sa poche. Mais elle n'avait rien demandé. Ni mon nom, ni d'où je venais, comment je m'étais fait "ça". Pour un peu, je me sentais contagieux. Dangereux pour sa routine. Et dans le même temps, elle avait paru soulagée de devoir me conduire au village, ce qui pouvait se comprendre au vu de l'état de sa peau.
J'avais hâte d'arriver. Au village, je trouverais bien quelqu'un de plus enclin à répondre à mes questions, à m'aider à faire mes premiers pas dans cette nouvelle vie. Cependant, je n'allais pas lâcher l'affaire ainsi. Ignorant les grognements de mon estomac, je me retournai vers elle pour... ne plus voir personne.
Le bruissement des hautes herbes me fit descendre le regard pour la découvrir allongée au sol, besaces en vrac et cheveux en bataille. Je ne l'avais même pas entendue tomber ! Elle me regarda d'un air fier, redressée sur ses coudes. Il se passa ainsi quelques secondes dans un silence embarrassé avant qu'elle ne lâche :
« Y me semble que j’étais la sixième, mais l’homme arrivé juste avant moi est mort depuis… Tout comme celui juste après d’ailleurs. »
Ça ne réchauffa pas l'ambiance. Je lui tendis la main avant de me raviser. Si tout le trajet devait se dérouler de cette manière, j'allais devenir fou. Alors, je m'assis à côté d'elle, en tailleur.
« I think we've started on a bad base. My name is Théodore. I came from France. And you are ? » (« Je crois qu'on est parti sur de mauvaises bases. Je suis Théodore. Je viens de France. Et tu es ? »)
J'avisai son chapeau de paille aux larges bordures près de moi et tendit le bras pour l'attraper sans pour autant la lâcher des yeux. Dès lors qu'elle se fut redressée à son tour, je le laissais retomber sur sa tête, protégeant son cou et épaules d'une nouvelle brûlure.
« I apologise for my bad english, I've never really practice it. » (« Je m'excuse pour mon anglais déplorable, je ne l'ai jamais vraiment pratiqué. »)
C'était carrément un aveu. Mal à l'aise, j'attrapai une herbe folle que je triturai du bout des doigts jusqu'à la déchiqueter en petits morceaux. J'espérai qu'elle accepterait d'entrer dans ce jeu, même si elle ne souhaitait pas se dévoiler. Mon ventre gargouilla de nouveau. Pour en couvrir le bruit, parfaitement audible dans le silence ambiant, j'entrepris de retirer mon sac et, par la même occasion, je décrochai ma gourde pour en avaler quelques gorgées avant de lui tendre.
« I'm glad you were there when I arrived. I don't know what I had done alone. I'd not even think of taking food with me.If I'd lost myself, I could be a new dead one on Terra's board. So... thank you. » (« Je suis heureux que tu ai été dans les parages quand je suis arrivé. Je ne sais pas ce que j'aurais fait seul. Je n'ai même pas pensé à prendre de la nourriture avec moi. Si je m'étais perdu, j'aurais pu être un nouveau mort sur le tableau de Terra. Donc... merci. »)
Une légère brise parcourut la plaine. Je fermai les yeux pour en apprécier la caresse. Même si le soleil tapait déjà pas mal, l'air était frais, ce qui rendait son action encore plus trompeuse. Je réalisais alors que je n'avais pas oublié que la nourriture dans mon paquetage : un peu de crème solaire n'aurait pas été inutile pour protéger ma cicatrice. En attendant, j'allais devoir y faire attention, aussi m'avançai-je en avant pour entourer mes genoux de mes bras, faisant ainsi revenir mes cheveux mi-longs sur la plaie. .
Dernière édition par Théodore Lefaucheux le Sam 9 Juil - 12:56, édité 1 fois |
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Sujet: Re: Pris la main dans le sac, l'aventurier persévère Mer 18 Juin - 12:30 | |
| Je suis un volcan qui se noie de l'intérieur, je m’étouffe avec la vapeur qui ne peux s'échapper
Lola O'Ceann | Une brise brulante vient caresser ma peau meurtrie, ce qu'une vague de crédulité ne vient certainement pas rafraichir.
J’eus regardé le mouvement de sa main qu'il tendait en froissant du nez et en montrant les dents, trouvant son vain mouvement bien sot lorsque l'on considérait l'attitude négative que lui criaient tous mes pores... Alors pourquoi est-ce que mon ventre se serra ainsi lorsque finalement il se ravisa ? C'est bon, c'est fait, en voilà un autre dans l'estime duquel j'obtenais le rôle d'un cactus flétri. Mes yeux désormais misérables suivirent son élan de s’asseoir. Je le regardais finalement avec une surprise consternée, l’incompréhension ennuageant mes yeux orageux.
Il se nommait donc Théodore et il était français. Certes, j’aurais aisément pu me passer de la deuxième révélation, car elle transpirait dans chacune de ses paroles. Tout comme sa gueule, son appellation me semblait quelque peu familière, mais sans que je puisse mettre le doigt exactement sur le pourquoi et sur le comment. J’ai, dans mon ancienne vie, rencontré pas mal de gens influents, avec Carley bien sûr, et même avant cela, quand j’étais une pauvre, mais heureuse serveuse dans une taverne fréquentée par des gens de l'état. Dans ce milieu, on en croise beaucoup des gens, alors qui sait : lui-même, un cousin, un parent. Personne d’assez important pour que je m’en souvienne avec du recul, alors ce n’est pas comme si cette réminiscence lointaine en valait la migraine. Ce n’est pas comme si, ici, ça allait changer quoi que ce soit, de toute façon.
«I apologise for my bad english, I've never really practice it. »
« L’mien est pas l’meilleur non plus. » Avouais-je à mon tour dans un anglais accordement rompu. Je goutais peu à peu au timide plaisir d’avoir son attention, ou plutôt, au fait qu’il se donne la peine d’essayer de former un rapport amical entre nous. « … Mon nom est Lola. A la base, J’suis Irlandaise.» Mon chapeau revenu sur ma tête, peut-être un peu trop sur l’avant, cachait mes yeux, ombrageait mon nez, ne laissant finalement voir que mes lèvres et mon menton. C’était aussi bien comme ça, car je suis trop émotionnelle. Là, je sens des larmes monter à mes yeux et la chaleur venir bruler de dessous ma peau, en plus d’en dehors. Vraiment. J’avais vraiment besoin de ça. N’ayant pas le moindre envie de lui montrer ça, j’occupai aussi mes mains, regard inclu, en suivant son exemple, sur une petite motte d’herbe non loin de la sienne.
Il me tendit ensuite sa gourde que je portai à mes lèvres, mais sans oser faire un trop grand mouvement vers l’arrière, prenant l’air de la siroter tout doucement. Et puis, la colère. Une vague sourde et raide, inexplicable en réponse à ses dernières paroles. J’en tremblais presque, et respirait certainement en sillant, aspirant parfois l’air par grosses gorgées incontrôlées. Je lui redonnai sa gourde d’eau sans plus de cérémonie, sans doute de façon un peu rêche avant d’à mon tour prendre une position fœtale. Plus froide, plus fermée.
La brise soudainement fraiche, confortable, me rappela qu’ici, la nuit tombe rapidement. Et qu’on ne veut pas être dans ces hautes herbes la nuit.
Je n’osais pas lui répondre que de toute façon, on évitait nous aussi d’apporter de la nourriture ici, parce que ça tenait à attirer plus facilement les prédateurs. Lorsque je pensais ouvrir la bouche, pour l’avertir, l’inviter à partir ou bien pour l’insulter, toute ma volonté s’expirait en respirations rauques, mais c’est sans doute mieux comme ça, pensais-je, je me suis souvent dit que je me ferais plus facilement des amis si je devenais soudainement muette.
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