Sujet: Re: [EVENT] Que la neige soit noire Dim 10 Mai - 10:54 | |
| The Pirate King
Aleksei Boulgakov | Hélas, le regard que j'avais lancé, empreint d'une certaine désillusion, ne s'était heurté qu'au vide du paysage. Les gens de cette expédition ne perdaient pas leur temps à se mater les une les autres apparemment. Enfin, ce n'était pas vraiment exact : il y avait bien ceux de John pour venir se fixer sur moi, mais ce n'était pas ce que je recherchais, pas à ce moment-là. Plus que de la camaraderie, j'étais en quête d'une âme compatissante, d'une âme aussi douce que les flocons qui tournoyaient follement au-dessus de nous comme un emblème de liberté. Je posais de nouveau les yeux sur les chasseurs devant moi, puis sur le tableau duochrome de la forêt, blasé à l'idée que cela dure encore des heures et des heures avant que quoi que ce soit n'arrive. Soudain, une main se posa sur mes hanches sans que je m'y attende. J'eus un rapide sursaut avant de constater qu'il s'agissait de la main de Lena, main qui vint rapidement se balader sur mon torse d'une telle manière que je n'aurais su la décrire. Je sentis une vague de chaleur m'emplir soudainement. Était-ce la couleur que m'apportait la brune ou ce contact inattendu qui m'emplissait ainsi d'une telle sensation ? Le brun de ses cheveux, le rouge à ses joues et sur le bout de son nez, et ses yeux aiguisés d'un bleu indescriptible, voilà qui mettait de la couleur dans mon monde monotone et m'emmenait au bout de la terre. Je me rappelais les premiers contacts que j'avais eus avec la jeune femme, sur la plage. À l'époque, elle était bien moins vêtue... Oh, cette chaleur... Malgré le fait que je l'avais un peu bousculée, trop enivré par mes envies de découverte, je n'avais jamais réellement osé tenter quoi que ce fut envers elle. Non pas qu'elle ne me faisait aucun effet, mais je ne pouvais vraisemblablement pas agir comme par le passé. Pas avec une femme inspirant autant le respect. D'ordinaire, j'aimais les jeunes fleurs fragiles, celles que l'on cueille, à qui l'on conte ce qu'elles veulent entendre et que l'on jette facilement, les laissant se raccrocher à leurs sanglots. Mais sur Terra, difficile d'être un salaud. Et surtout avec Lena... Ce n'était pas une fille que l'on avait envie de salir. Cependant, durant quelques secondes, mon esprit divagua et alla tutoyer des pensées loin d'être pures et chastes. Un frisson que l'on ne pouvait absolument pas imputer au froid grandit dans mon ventre, puis me parcourut le corps avant de se transformer en douce chaleur. Ou plutôt en fièvre. J'ai crispé ma main sur ma fourrure. Allez respire bien, avance... Encore... Mais avance...* Hay sailor, what’s your plan ?Le froid revint aussitôt. Il n'y avait rien de plus dans son geste, rien de plus que de savoir ce que je pouvais bien foutre là. Je soupirais. Mon plan ? Je n'en savais foutrement rien ! Hormis servir d'appât je n'avais absolument aucune utilité dans cette expédition. Et, à cet instant, d'autres plans qui n'avaient rien à voir avec notre survie immédiate me traversaient l'esprit. Mais je ne pouvais pas lui dire que j'avais envie d'enlever une femme – peu importait laquelle d'ailleurs, mais autant que ce soit elle - dans un coin reculé. Que je l'enlacerai tendrement et la couvrirai des baisers les plus osés avant de la coucher sur un divan de fourrure où je... NON ! Non... Je ne pouvais pas dire cela. J'essayai de me reconcentrer un peu sur ce le présent. La forêt, la chasse, la neige, tout ça... Je me raclais la gorge et pris un air décontracté – du moins, autant que je le pouvais. « Well... I don't feel o'right with caves. Way too darky... aren't they ? Soooo... I think I'll help you guys with .. hem.. the preys, dis-je sans conviction. I'll mostly try to survive, I guess, ai-je rajouter dans un fin et triste sourire. Je ne sais pas pourquoi, ma main quitta alors mon manteau pour venir jouer avec ses cheveux frais et légèrement humides. Can I count on you fo' not to be killed ? »Je jetais de nouveau un regard dans mon dos, espérant qu'Ashton verrait la scène. Je ne savais pas exactement pourquoi, mais ce contact me ramenait fatalement à lui. C'était peut-être parce qu'il y avait toujours une tension entre lui et Lena, des sous-entendus, des non-dits qui laissaient les habitants, et moi-même, curieux et perplexes. Parfois oui, parfois non, c'était tout en variété de teintes. Moi qui ne voyais les choses qu'en noir et blanc ! J'aurais sans doutes dû apprendre à jouer avec les nuances... Mais c'était bien mal me connaître. Sans retenues aucune, je cherchais à titiller la jalousie d'Ashton, si tant est qu'il pouvait ressentir un quelconque sentiment humain autre que la mélancolie ou l'amertume. Cependant, ce dernier était trop occupé avec Lola qui, apparemment, ne se laissait pas démonter par un personnage aussi antipathique. Seul John semblait porter son attention sur ce qu'il se jouait entre elle et moi, en lançant des œillades furtives et emplies de choses que je n'aurais su - et ne voulais pas - décrypter. Le fait qu'Ashton ne nous regarde pas ne fit que décupler mon envie de le provoquer. J'avais furieusement envie d'agir de façon démesurée pour attirer son attention. J'aurais pu l'empoigner avec force et la serrer contre moi, coller ma tête dans son cou, sentir sa peau qui devait être douce à en mourir et sentir bon comme un littoral. J'aurais pu prendre un autre chemin et l'emmener ailleurs, la plaquer contre un arbre, une pierre ou quoique ce soit d'autre, peu importait, et lui brûler la peau à force de baisers passionnés... J'aurais pu... J'aurais pu me rouler tout nu dans la neige pour me refroidir et me faire redescendre sur terre oui ! Tout ça, ce n'était qu'affabulation, des dérives fiévreuses de mon corps par trop en manque de tendresse. Puis, j'ai abdiqué. Ma main cessa de jouer avec la chevelure et revint au chaud dans mon manteau, effleurant au passage la joue de la jeune femme. Je tressailli à ce contact, comme électrisé, possédé. Je ne savais quelle fièvre s'était emparée de moi. Je n'étais plus maître de moi-même. Un diable. Un animal. Hey les gars, arrêtez de chercher, c'est moi qu'il faut abattre ! Assurément... « Let's move on, wi have a long way to go... »Oui, la route allait être longue. Assurément... - Spoiler:
* Quelques phrases sorties de La chaleur,by Noir Désir |
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Sujet: Re: [EVENT] Que la neige soit noire Ven 5 Juin - 17:35 | |
| Pionnier
Teva Riddell | Teva avait coulé des jours calmes dans le Nouveau Monde. En plus de trois ans, elle avait su s’adapter et même à se faire quelques amis. Si elle savait se rendre utile à la communauté, elle n’était d’ordinaire point du genre à aller s’éreinter dans de périlleuses et dangereuses aventures. La situation actuelle du village était toutefois pesante et elle n’avait ni les nerfs ni l’envie de voir tous ses visages émaciés et las. Ainsi, elle s’était timidement portée volontaire pour aider à la cueillette dans les cavernes. L’occasion était d’autre part parfaite pour approfondir son étude de la flore, et plus précisément des champignons qu’elle avait franchement négligés au profit des fleurs et des arbres.
Elle marchait à son rythme dans le grand champ blanc. Un peu à l’écart, mais jamais trop loin du groupe non plus. Elle observait à distance ses compatriotes. Chasseurs, aventuriers. Teva n’était ni l’un, ni l’autre, mais plutôt une observatrice passive qui consignait les aventures des autres, et aussi celles de la nature elle-même. Elle regrettait silencieusement qu’aucun de ses amis proches ne fasse partie de l’aventure du jour, mais elle se consolait avec le paysage doux et enseigné qui l’entourait. Sa passion première était l’observation des plantes, mais si les paysages blancs étaient répétitifs à décrire et à dessiner, les couleurs que reflétait la neige parfaite seraient d’autant plus agréables à capturer…. Avec de la peinture.
Hélas.
Peut-être plus tard.
Il lui vint d’ailleurs à l’esprit qu’elle pourrait peut-être trouver des pigments minéraux dans les cavernes qu’ils approchaient. Avec un peu de chance, ils pourraient colorer tissus, bâtiments et croquis dès l’année suivante. Oui, voilà qui était une idée envoutante, pensait-elle. Des couleurs. Elle se doutait qu’elle ne trouverait que des teintes sobres, ou peut-être un peu de rouge, si elle était chanceuse, mais ce projet qui naissait tout juste avait le potentiel de s’étirer jusqu’à l’été et de fleurir au printemps.
Pour le moment elle suivait doucement la masse en profitant du paysage.
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Sujet: Re: [EVENT] Que la neige soit noire Dim 7 Juin - 10:12 | |
| Invité
Invité | Avait-elle seulement compris?
Un siècle plus tôt on aurait peut-être parlé de multivers tant les coïncidences... Mais ce n'était pas du tout le genre de spéculations que son monde lui avait appris à utiliser pour survivre et s'adapter. Et les explications avait été embrouillées, ou succinctes, ou... Le doc n'était pas arrivé aussi loin sans avoir appris à dissimuler, elle n'y pouvait rien. Elle n'avait ni son expérience, ni son cerveau d'ailleurs, et surtout elle avait un coeur qui l'avait poussée en avant...
Il valait mieux penser à autre chose songea-t-elle en rassemblant ses souvenirs des derniers mois. Le temps ici avait une autre dimension. Il y avait tant à faire mais le rythme était différent. Elle avait presque oublié de penser tout au long de cet hiver rude et difficile. Et il ne finissait pas, au contraire! Ou plutôt elle avait appris à penser différemment, moins de mots dans son esprit, comme une méditation en mouvement. Comme si elle pouvait laisser l'autre hémisphère gérer sans avoir besoin de toujours rationaliser, raisonner, intellectualiser une expérience dont le quotidien ne lui semblait pas monotone, dont les répétitions lui apportaient une forme de paix.
Des semaines devenues des mois depuis son arrivée où elle avait découvert une bande d'énergumènes qui a ses yeux représentait déjà une société trop étouffante pour elle.
Ces gens nouaient des liens qu'elle craignait. Elle avait vécu la solitude et la liberté de l'anonymat dans les villes où elle avait subsisté. Ici chacun se connaissait, si peu et pourtant trop bien pour elle qui aimait jouer les passe-murailles, se fondre dans le décor jusqu'à en devenir invisible. Une présence impalpable qu'on oubliait sitôt qu'elle s'éloignait. Cela avait été sa sauvegarde trop longtemps pour qu'elle y renonce maintenant aisément.
A son arrivée c'est le coeur battant qu'elle avait rejoint le village avec la peur de ce qu'elle trouverait mais il n'y avait pas eu de drames, ni de grands épanchements non plus. Ashton, moteur inconscient de son aventure, avait créé des liens avec Lena qui agissaient un peu comme un filet la tenant à l'écart de lui. La fille du Doc, comme une flamme noire, comme une furie sanguinaire se battait pour sa communauté, pour son projet d'une manière incompréhensible pour Mathaëlle. Son goût pour le sang éloignait la petite à l'âme chlorophyllienne.
Comme un chat de gouttière elle avait pris ses marques au village et s'était éloignée de lui. Comme une plante elle avait cherché sa part de soleil. Comme un grain vert, promesse de printemps à venir, elle avait engrangé en automne et s'était enterrée pour l'hiver.
C'était vers l'abri d'Emett qu'elle avait mis le cap dès les premiers jours après les premières présentations et les dernières nouvelles échangées. Et de là sans déranger l'ermite elle avait exploré tout l'automne ce coin prometteur. Les sources chaudes étaient un ravissement utile, enfin celles qui ne dégageait pas d'odeur trop étranges glanées dans leur cheminement souterrain. Cheminement qui au cours des âges avait creusé tant de passages marquant de leur vide actuel les hésitations aqueuses, les détournements liquides. L'eau souple avait souvent changé d'avis, souvent femme varie semblait être sa devise alors qu'elle avait patiemment contourné les roches dures pour dissoudre les terres riches provenant des anciennes colères du volcan. La forêt rocheuse était le pont visible d'un grand navire reliant les forces telluriques de la lave en fusion avec la douceur des eaux des lacs. Les sources parfois brulantes entre le cône volcanique et le pic du complexe d'étangs, entre l'eau et le feu, entre le village et les grottes, entre les humains et la solitaire. Et les grottes avaient attiré Mathaëlle comme une mère qu'elle n'avait pas connue, un giron sauvage, mais accueillant à ses yeux, dur mais protecteur aussi, et emplie de mystères comme l'âme de toute femme, serait-elle la Pacha-Mamma, la grande Gê elle-même, et même surtout elle la Grande Mère la Terre révérée à l'aube de l'humanité et rendue à sa pleine puissance sur ce monde neuf.
Math'y s'était intégrée à Terra en bordure de la communauté, sa présence était connue mais le plus souvent oubliée. Elle avait partagé quelques trouvailles et parfois déposé des offrandes prêt du feu avant que les premiers villageois ne s'éveillent, à l'heure froide et belle comme un diamant où l'astre apparait pour trancher de ses premiers rayons dans les moelleuses ténèbres de la nuit.
Elle avait abandonné depuis les neiges les fêtes de la lune. S'enfermer dans un local à plusieurs la rendait claustrophobe, alors qu'elle avait pourtant souvent dormi dans des cagibis minuscules protégés dans des gaines de ventilation, ou aujourd'hui dans des recoins sombres des galeries naturelles qu'elle avait patiemment explorées.
Certaines grottes étaient réservées à divers animaux, et même si Mathaëlle pensait pouvoir avec sa ruse et ses compétences les éliminer elle n'en avait rien fait. Elle se contentait de peu sur la vieille Terre et trouvait déjà que le petit gibier commun, les plantes, racines et autres, offraient plus qu'il n'en fallait pour sa subsistance.
Tester lentement la vie végétale avait aussi fait partie de ses occupations, peut-être la plus dangereuse, car une infime erreur pouvait être fatale. Observer les plantes que d'autres espèces trouvaient comestibles n'assurait pas de leur innocuité. Tel le chèvrefeuille dangereux pour l'homme et régal des caprines vagabondes, d'autres partenariats s'étaient ainsi développés excluant les intrus. Et discrète intruse, fragile et pourtant souple et résistante comme une mauvaise herbe, Mathaëlle comme un liseron rampant étendait son territoire à l'intérieur des grottes, entre les roches et les arbres aux abords des eaux chaudes un peu sulfureuses. Lichen vert, mousse douce attendant le signal de la vie elle hibernait presque.
Par beau temps elle était à à peine plus d'une heure du village. Mais au coeur de l'hiver un abime de blanc ponctué de griffures noires, de mouchetures anthracites, de coulées brunes l'en séparait comme une déchirure infranchissable du paysage. Ainsi l'enfant solitaire ignorait tout de l'expédition entreprise par des villageois au bord du désespoir.
Les galeries formaient soutes et cales, labyrinthiques à souhait, dédale introspectif offrant à Mathaëlle des pérégrinations sans fin au creux de la terre loin de la neige. Parfois elle perdait le compte du temps, oublieuse du rythme solaire, dormant longuement ou se fiant à sa vue aiguisée par cette vie chichement éclairée de petits lampions d'huile.
Elle avait serré dans un recoin ses maigres possessions et au plus sombre de l'hiver une étincelle vacillante en elle l'obligeait à nouveau à parcourir les chemins de sa mémoire. Alors utilisant les techniques que le Doc lui avait enseigné elle devenait un lac au plus profond d'elle-même laissant émerger doucement les bribes de sa vie perdue, ce passé, ce lien avec ses racines que l'OdN avait occulté.- A venir:
A venir : Les aménagements rupestres, ou les traces de Mathaëlle Les peintures abandonnées et le système de notation Le printemps pousse vers les autres
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Sujet: Re: [EVENT] Que la neige soit noire Jeu 11 Juin - 0:55 | |
| Je suis le son que personne ne fait, je suis l'ombre dans la nuit, et le vent dans tes cheveux
L'Espace |
Le vent souffle en noir et blanc
La rumeur d’un orage souffle par bourrasques hurlantes : les timides flocons deviennent plus charnus, plus pesants, et le vent plus violent et plus froid. Soudain, devant des yeux curieux se déposent des flocons forts étranges : des flocons noirs. Les bourrasques semblent pourtant bien blanches… Ou peut-être un peu grises ?
Une surprise générale agite le convoi, sans pourtant que les observations soient scandées haut et fort. Entre le champ et la lisière des bois, une voix féminine hâte l’avancée en promettant un climat plus doux sous le couvert des arbres. C’est ainsi que le groupe pénètre la forêt rocheuse où des arbres gris dorment sous d’épaisses couches de neige blanche, comme des marées d’arbres et de glace qui s’assombrissent sous les assauts d’une houle poudreuse.
Il est trop tard pour retourner au village, et de toute façon le champ de pierres serait d’autant plus cruel. Il ne reste qu’une solution : s’enfoncer dans la forêt. Quand la tempête rejoint le groupe, quelqu’un, ou peut-être plusieurs personnes, lancent l’idée qu’ils pourraient trouver refuge dans les cavernes desquelles ils approchent. Que l’idée soit unanime ou non, le mouvement se resserre vers cette promesse d’un asile incertain.
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Sujet: Re: [EVENT] Que la neige soit noire Mer 8 Juil - 18:32 | |
| je suis une actrice qui connaît le jeu qui ne lui fut jamais écrit
Lena M. Oliver | Le bout de mes phalanges qui bondissaient doucement sur sa fourrure m'avouaient des muscles aussi durs et aussi coriaces que mon imagination les souhaitait. Sensiblement, Aleksei serait un conard de première selon le flair de toute demoiselle qui se respecterait, mais moi je l'aurais toujours vu sur un bon jour. Que ce soit par simple chance ou dans une tentative volontaire de m'impressionner, moi ou n'importe qui d'autre même, j'appréciais son effort ou sa fortune comme un gage de sa capacité à survivre. Il était doté de bonnes capacités physiques et d'une intelligence correcte, et je ne cherchais en lui ni un partenaire durable, ni même un passager ; je ne l’abordais pas pour sa qualité d'être humain, mais pour son utilité la plus primitive. L'humanité qui reposait sur mes épaules me signalerait peut-être que ce n’était pas très éthique à son égard, mais quelque chose de beaucoup plus animal m'animait et me laissait entendre qu'il se prêterait sans doute au rôle quand même, et pas avec des idées plus pures.
- Can I count on you fo' not to be killed ? Il s'adressa à moi, mais ses yeux animés glissèrent vers Ashton comme nos pieds se risquaient sur la glace noire. Ses yeux étaient comme cet orage qui se préparait avec fougue au-dessus de nos têtes. Mes propres yeux volèrent sur le personnage impétueux qui pleuvait son dévolu sur une Lola toute en feu, toute en flammes. Après un bref contact visuel avec l'énergumène problématiquement attachante, la brise de mon regard me remmena à demi souffle vers Aleksei qui se permettait déjà dans mes cheveux les marques d'une intimité promise. Le vent nous aura portés là. À des doigts qui en caressant des mèches envolées, chatouillaient des idées douces jusqu'au sommet du crâne, et qui ensuite sur la joue insufflaient jusqu'aux lèvres les murmures d'envies silencieuses.
- I'm pretty sure I could make good use of you if you stayed alive indeed. Répondis-je à ses yeux d'un bleu soyeux qui dégoulinaient entre les replis de mon col de duvet. Sans infection, affection visuelle transmissible, l'appel de la fièvre.
Je me serai finalement permis une légère caresse de son épaule et de son bras. Celle-ci s'achève par une main qui s'envole alors que je retrouve la position frigide qu'on semble s’attendre à me voir maintenir.
Les délicieux frissons de contentements seront vite remplacés par ceux provoqués par le froid pénétrant. J'encourageai alors ceux devant moi à se hâter, puis forçai presque la cadence alors que la tempête s'annonçait enfin.
Je ne remarque que le blanc de la neige et le noir de la forêt, jamais le gris. La mort n'a pas de nuances. |
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Sujet: Re: [EVENT] Que la neige soit noire Dim 12 Juil - 13:27 | |
| Frostbitten Requiem to a Forgotten Elegy
S. Ashton Awyer | L’animal qui se recroqueville sur lui-même sous le poids de la douleur, qui avance tel un soldat jusqu’à son aire de repos éternel, blessé ou fatigué par ce monde qui ne cherche qu’à l’accabler. Une tumeur infectée l’enfle et ralentit la cadence lourde qu’il s’efforce d’entretenir, chargeant chacune de ses enjambées d’une lenteur au chevrotement que seule la persévérance s’affaire à masquer.
Mes yeux fouillèrent la silhouette de Lola avec une certaine empathie pour venir bonifier la curiosité. Elle transpirait cette image de créature rapiécée, la folie roussie de ses cheveux égayant son visage comme un pelage morne autrefois destiné à éloigner ou attirer d’éventuels prédateurs. Elle peinait, mais persistait et je considérais sa silhouette, vaguement émerveillé. Peignait-elle le portrait d’une énième esquisse de survie ou plutôt celui de la vie et de toutes les difficultés s’y rattachant ?
Je ne savais trop et l’hostilité usée qu’elle placardait sur notre interaction à demi-forcée n’engageait point au savoir. Elle répondait par automatisme, probablement dans l’espoir que je l’abandonnerais dans la poudreuse sans prendre la peine de l’enquiquiner davantage. L’animal avançait péniblement, le pus contenu dans sa tumeur s’agitant au rythme de ses mouvements et je lui emboîtais le pas, peu désireux de le laisser à son sort. Un peu par intégrité, surtout par curiosité. Cette même curiosité gangrénée à laquelle je m’étais adonné lorsque j’avais encore le luxe de me jucher sur des bancs de parc lambda, celle qui laissait mes prunelles s’enquérir des mœurs des uns et des habitudes des autres dans un silence complet. À cette époque, le vent qui ébouriffait mes cheveux se faisait toujours doux et ne fouettait pas mes joues avec la hargne d’un amant bafoué.
À cette époque, j’observais sans incidence, en me demandant toujours un peu s’il les regardait de la même manière que moi, si les tressaillements que je notais étaient ceux auxquels il s’agrippait pour donner forme à son jeu.
Mes lèvres s’entrouvrirent sur un questionnement muet. Que penserait-il de cette femme qui se courbait sous le poids d’une vie, que penserait-il de cette guerrière qui s’obstinait à mettre un pied devant l’autre ? La percevrait-il comme idiote, comme admirablement stupide ?
Un sourire.
La hargne de l’amant bafoué était peut-être simplement la mienne, le froid s’étant intégré à mon code génétique pendant le siècle où il m’avait bercé de sorte à ce que mes caprices deviennent les siens. J’aspirai le rouge de mon foulard, le tissu bordant mes lèvres d’un vermeil humide.
« Whims . . . », susurrais-je, alors que mes yeux délaissaient Lola pour contempler l’hiver.
Les volutes de froid gagnaient doucement en aplomb et les traces de nos pas se voyaient toutes couvertes à mesure que nous nous aventurions dans la direction de la forêt. Des arbres millénaires picoraient le paysage, les manteaux sombres des conifères côtoyant la nudité frigide des feuillus. La morsure de la braise glaciale brusquait les dermes des pionniers, enfarinait leurs vêtements et engourdissait leurs membres. La rage de l’amant augmentait en ardeur, ses vociférations chargeant le vent d’une condescendance pleine de violence. Une condescendance similaire à celle que Lola placardait sur ma silhouette. L’animal attaquait avec des piques, fichait son dard endommagé dans ma peau dans l’espoir que son poison m’incite à fuir. Malheureusement pour lui, pour elle, le venin de ces mots comptait parmi ceux auxquels je me voyais immunisé. Les gens du village ne m’appréciaient, pour la majorité, guère et je n’avais jamais cherché à taire leur propos à mon sujet, à amenuiser le jugement qui transparaissait au cœur de leurs prunelles. Ils ne m’affectaient pas.
Je ricanai, le son se perdant dans les plaintes des bourrasques enneigées.
« The one I want to fuck would be Gavin. He sadly does not seem to be among us today. »
Le médecin avait, en effet, préféré demeurer au village plutôt que de se joindre à la cohue des voyageurs et je l’imaginais très bien penché au-dessus d’un panier, ressassant notre précédente excursion près du feu et des enfants. C’était presque regrettable, car si l’hiver et son étreinte sauvage étaient très bien par eux-mêmes, l’ajout d’un Gavin au paysage ne m’apparaissait jamais comme de trop. Soit, il était certainement plus utile au village qu’ici, bien qu’un médecin possédait l’avantage de toujours être utile peu importe où il trainait.
Les minutes s’égaraient dans la poudreuse qui empruntait de plus en plus ses intonations à la fureur d’une tempête. Mon foulard fouettait mon visage, serpentant contre mon visage au gré des coups de vent. Dans l’horizon commençait à se dessiner l’esquisse de cavernes qui ne seraient plus perceptibles à l’œil nu dans les minutes à venir. La neige abaissait ses nombreux rideaux sur le sol de Terra et nous étions les spectateurs éplorés d’une nature incontrôlable. Enjôleur était le frimas qui s’accrochait à mon visage, vieil ami qui m’enlaçait de sa mélancolie.
Un autre sourire, tiré, qui plissait douloureusement ma bouche aux coins.
« I just thought I’d come and play with the cold. We happen to be very good friends. »
Des amis symbiotiques, des partenaires d’un siècle. Il me tardait souvent, en été, de sentir le froid mordre ma chair, de le sentir s’immiscer sous ma couche et dans mes rêves. Dans la réalité dont il était le souverain résonnaient les dernières bribes de la voix de mon regret, de ce songe blanc qui m’avait condamné au futur, de cet homme qui m’avait dit, sourire impérieux cassant son faciès, Ne me déçois pas, Little Tree.
Je jetai un regard vers l’arrière, constatant que Lena s’affairait à hâter les pionniers vers l’avant, accrochant au passage la silhouette d’Aleksei à ses côté. Mes yeux se promenèrent un instant sur tous les visages qui composaient l’expédition avant de m’arrêter sur celui de Yui qui, comme un songe, progressait de concert avec le groupe. Je l’observais souvent de loin, pris de cette nausée vorace qui accompagne les chutes de pression, les chocs si grands que l’on n’arrive pas à les contenir. Il était ce phénomène inexplicable qui parsemait les journaux de Joshua et qui avait, sans que je comprenne comment, réussi à trottiner jusque dans ma réalité. Il avait traversé les âges sans même s’en souvenir.
Il y avait trop de blanc tout autour de moi.
M’assurant de ne pas excéder la cadence de Lola, arrachant mon regard de sur la silhouette de Yui, je portai mon attention sur Lena, totem du projet, qui m’avait maintenant dépassé. Elle se trouvait à tout au plus deux bras de distance de ma personne, prenant la tête de la meute humaine, cherchant à la diriger vers un lieu sûr. Si nos pas ne se hâtaient pas bientôt, nous finirions en meute de cadavres.
Je hélai la chasseresse par-dessus la tempête.
« Lena ! I saw what looked to be caves ahead ! I don’t know if they’re the one we were aiming for, but we should take shelter in them. »
- Traductions:
- Les caprices . . . - Celui que j’aimerais baiser est Gavin. Il ne semble malheureusement pas être parmi nous aujourd’hui. - Je pensais simplement venir jouer avec le froid. Nous sommes de très bons amis. - Lena ! J’ai vu ce qui ressemblait à des cavernes plus loin ! Je ne sais pas si ce sont celles que nous visions, mais nous devrions nous réfugier à l’intérieur.
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Sujet: Re: [EVENT] Que la neige soit noire Jeu 16 Juil - 1:08 | |
| Je suis le son que personne ne fait, je suis l'ombre dans la nuit, et le vent dans tes cheveux
L'Espace | Soudainement, sur le champ de pierres, le vent s’anime avec une colère déchainée. Les bourrasques fouettent férocement le petit groupe, couvrant rapidement tous replis vivants de blanc et de givre. Le gel descend jusqu’au fond des os. La neige lourde tombe, plombe les âmes. Un âtre sans flamme aurait tôt fait de disparaitre sous la blancheur, mais l’envie de vivre rougeoie au sein du petit groupe.
La troupe emportée par le vent force son chemin dans l’hiver, et sera finalement recrachée entre les arbres où le climat est moins insupportable, mais pas moins létal. Il faut continuer, avancer, briser les branches, fouler les dunes blanches, braver le froid. L’ombre de la caverne approche.
Contre toute attente, ce n’est pas dans son embrasure que s’arrêtent enfin les pionniers, mais plutôt devant la masse effrayante d’une humanité échouée.
Certains reconnaitront peut-être Garrett E. Halsey qui avait brièvement séjourné au village avant de s’évader, seul, dans la nature. Sa peau était bleuie par le froid et un trou net et propre perçait sa gorge jusqu'à la carotide. Du sang auréolait sa tête : rouge vif sur le blanc de la neige. Il était dévêtu de ses fourrures et sa besace était vide, son contenu éparpillé au sol. Il y manquait presque tout : provisions, couteau, gourde, et même le médaillon de sa sœur qu'il chérissait tant.
De petites traces de phalanges parsèment sa chemise froissée.
Tant d’information et si peu de temps pour les analyser : le vent souffle fort malgré le couvert des arbres. Il faut vite rejoindre la caverne. Une neige immaculée couvrira vite la scène et perdra sa dépouille dans la candeur hivernale. |
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Sujet: Re: [EVENT] Que la neige soit noire Ven 24 Juil - 15:27 | |
| The Pirate King
Aleksei Boulgakov | Le rêve s'essouffla petit à petit, entamé par la neige qui ne cessait de tomber, lavant la fièvre, étouffant les désirs dans nos corps transis de soif de l'autre et de froid. Je ne savais si c'était moi, mais j'avais l'impression que le monde s'assombrissait, ce coton si blanc devenait gris à mes yeux, comme si l'artiste qui jouait avec mes nerfs avait décidé de me faire délirer davantage. Ou peut-être étais-je vraiment malade, et cette chaleur n'était pas saine, mais l'indice que je devrais me prélasser dans un lit chaud plutôt que d'avancer là, sous les arbres sombres de cette forêt sombre de ce monde sombre. Apparemment, le désir était moins fort que le devoir dans la tête de la brune, et ce petit oiseau me quitta pour motiver les troupes. Elle les incitait à donner encore davantage de leurs forces, de leurs corps. Moi aussi, j'aurai bien donné plus de ma personne... Je l'ai regardé s'éloigner, sans tenter quoique ce soit pour la retenir. Elle était comme un animal sauvage, rien ne servait de la garder à tout prix contre moi, il lui fallait sa liberté. Parfois, pour mieux ferrer une proie, il faut savoir lâcher du lest, la laisser aller et venir, la sentir chaque fois plus près sans qu'elle s'en rende compte... Le jeu était finalement presque aussi agréable que la consommation. Cependant, je me demandais qui, de nous deux, avait réellement mordu à l'hameçon lancé le premier... Bref, je luttais bien plus contre moi-même que contre les éléments. Aussi, quand une voix proposa d'aller se réfugier dans les cavernes proches, j'ai été étonné, voire troublé. En effet, il neigeait fort et ce n'était pas une hallucination, il neigeait noire, ou du moins, gris. Une petite péripétie naturelle et voilà les fiers pionniers prêts à capituler. J'étais dépité. Je n'avais pas envie de mettre un orteil dans cette saloperie de grotte*. Alors, tandis que les autres pressait l'allure, je ralentissais la mienne, histoire de me retrouver à l'arrière du peloton, histoire d'être le dernier à pouvoir respirer de l'air frais, à ne pas s'enfermer. Et puis, toute égoïste qu'elle fut, mon attitude n'était pour autant pas inutile ; j'assurais les arrières des plus faibles, je faisais en sorte qu'aucun ne trébuche ou ne soit devancé par les plus hardis. S'ils tombaient, je les repêcherais dans mes filets. Je laissais une distance de confort entre le groupe et moi, suffisamment proche pour ne pas les perdre de vue malgré le blizzard poudreux, mais assez éloigné tout de même pour me sentir libre. Tout à coup, je les vis se rapprocher de moi. Ou plutôt, c'était moi qui me rapprochais anormalement d'eux. Pourquoi s'étaient-ils tous arrêtés ainsi ? Je finis par les rattraper complètement et pu voir ce qui avait provoqué leur trouble : sur le sol, à demi recouvert par la neige qui ressemblait presque plus à de la suie qu'à de douces étoiles gelées, ce qui avait été un homme gisait. Le spectacle était assez saisissant, le contraste des couleurs frappant. Le rouge, le bleu, le gris, toutes s'épousaient et se mélangeaient à l'envie, indifférentes à l'horreur que leur amour interdit provoquait chez les pionniers. Je ne me sentais pas effrayé par cette chose. Après tout, dans cet état-là il ne pouvait plus vraiment nous faire du mal. Et puis, j'avais beau cherché, je n'avais jamais rencontré cette personne. Les gens meurent, c'est ainsi. Cependant, il y avait quelque chose de troublant dans ce cadavre : la manière dont il semblait avoir succombé, les objets dont il semblait avoir été délesté, tandis que ses membres, eux, ils étaient toujours là... quel genre d'animal était capable de tuer ainsi ? Peut-être pour le plaisir de boire le sang chaud ? Cela me rappelait la légende de certaines chauve-souri, sur terre, que l'on nommait vampires. Y avait-il, sur Terra, de ces monstres assez grands pour chasser un homme ? Instinctivement, je regardai vers le ciel chargé de poudre, essayant d'y distinguer une ombre qui planerait au-dessus de nos têtes. S'il s'agissait d'un oiseau, rester là serait dangereux, mais s'il s'agissait d'une créature semblable aux chauve-souris... Je frémis. Rien n'y ferait, aucun argument, aucune menace, aucun bras ne me feraient rentrer dans ces cavernes ! Ou alors, ce serait les pieds devant. - Spoiler:
* Référence à Reflet d'Acide – épisode 4
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Sujet: Re: [EVENT] Que la neige soit noire Jeu 20 Aoû - 15:32 | |
| Eye Of The Tiger
Théodore Lefaucheux | « Ne pense pas à Lola, ne pense pas à Lola, ne pense pas... »
Mettre un pied devant l'autre, ce n'était pas plus dur que ça. Mettre mes pensées en rang ordonné, c'était une autre histoire. L'espace d'un instant, je me demandais à quoi songeaient les autres. Mais je détectai à temps le piège de mon propre esprit. Non. Je ne penserais pas à Lola. Je rejetai la tête en arrière et accueilli avec délice les flocons glacés qui tombaient du ciel. Aussi loin que je m'en souvienne, je n'avais jamais vu autant de neige. Certes, nous avions en France des hivers froids où les températures avoisinaient zéro mais la neige n'était pas pour autant chose courante. Les zones montagneuses, obviously, en bénéficiaient tous les ans mais c'était là des exceptions. Et malgré mes ascendances, même les neiges éternelles de la Russie profonde m'étaient inconnues. Il faudrait que je demande à Alekseï ou Pavel de me raconter, un de ces soirs, au coin du feu pour égayer d'un peu plus de nuances de blanc notre quotidien. Ils nous parleraient du froid alors que nos mains enserreraient plus fort notre tasse, des animaux, herbivores si tant est qu'ils trouvent de l'herbe dans les étendues verglacées, et carnivores, si les herbivores précédemment évoqués avaient survécu. Ou bien tous les animaux, humains y compris, mangeaient du poisson. Et les poissons eux-mêmes mangeaient du poisson.
Mes pensées furent ramenées au présent par une grande ombre qui nous enveloppa tous. La frondaison des arbres. Le froid semblait moins mordant maintenant comme s'ils nous accordaient un répit, nous protégeant à la fois des baisers glacés du vent mais aussi de l'éblouissante lumière qui se reflétait sur la neige malgré les nuages épais qui nous dissimulaient le ciel. De petites perles roulèrent sur mes joues alors qu'un semblait de chaleur y revenait. Penser à tout et rien s'avérait reposant. J'avançai mécaniquement, me contentant d'ordonner des ordres simples à mon corps. C'est à peine si je notai le blanc impur qui s'écrasait désormais sur ma grande cape. Ou peut-être le mis-je sur le compte de la pénombre qui planait au-dessus de nous, déployant ses ailes feuillues pour nous abriter de son mieux. Je dodelinai vers l'avant, suivant les silhouettes fatiguées de mes compagnons de route, ne sachant plus retrouver mes marques tant la neige nous avait recouvert de son manteau soyeux.
Soudainement, mes jambes se firent sentir, lourdes, me rappelant que cela faisait des heures que nous marchions ainsi. Je butai contre quelqu'un, incapable de dire qui alors que mes yeux accrochaient le corps. Pratiquement nu, l'homme dormait du dernier sommeil, une auréole sanglante encadrant son visage couleur craie. Un miracle qu'il n'ait pas disparu, blanc sur blanc. Un son, sourd et régulier, monta lentement jusqu'à mes oreilles avant d'éclater et marteler mes tempes. Je me sentis mal, proche du vomissement. La vue du sang ? La fatigue, le vent incessant qui me murmurait des insanités ? J'attrapai une épaule, qu'importe qui et, aussi blanc que le paysage qui nous entourait, tentait de me trainer vers les grottes dont l'obscurité m'appelait, apaisante. .
Dernière édition par Théodore Lefaucheux le Sam 9 Juil - 12:28, édité 2 fois |
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Sujet: Re: [EVENT] Que la neige soit noire Mar 8 Sep - 1:52 | |
| je suis une actrice qui connaît le jeu qui ne lui fut jamais écrit
Lena M. Oliver | Le vent fouettait mon visage, d’abord avec une force brulante et douloureuse, puis telle une caresse déplacée, désagréable. La chaire était engourdie, indolore, sans que la froidure en devienne plus soutenable. J’avançais de plus en plus vite pour rejoindre la tête du groupe, sautant dans les dunes glacées avec une adresse qui me surprenait moi-même, sautant dans les empreintes de ceux qui avaient franchi la neige avant moi, celle-ci montant parfois jusqu'à mes genoux, mais sans que j’éprouve ni le ralentissement causé par l’effondrement du sol sous mes pieds ni l’affaissement autour de mes mollets. Devant, frayant encore le chemin, mes compères avançaient lentement et je les rejoignis vite.
La poudreuse pénétrait sans pudeur mon col de fourrure dilaté par les bourrasques, et coulait dans mon dos comme mes yeux dégoulinaient avec horreur sur le cadavre sur lequel nous tombâmes. Je restai figée en reconnaissant sous les boursoufflures et la texture glacée, le visage connu d’un homme qu’on n’aura pas suffisamment pris le temps de connaitre. Il me revient aussi en mémoire ses plans de partir explorer l’ile et tout ce qu’on aura négligé de faire pour l’en dissuadé malgré l’habitude qu’avaient tous ces explorateurs motivés de mourir seuls et oubliés. Soudainement j’avais encore plus froid sans pourtant que le vent n’ai redoublé d’ardeur.
Le souvenir vague de la chaude voix d’Ashton qui enluminait la marche à suivre comme un fort hurlant refit surface et me guida hors de ma léthargie morbide. Il avait raison : il y avait des cavernes à proximité et elles étaient notre meilleure chance de survie. Comme quoi il y avait peut-être une raison pour expliquer qu’il soit encore en vie après tout ce temps… Une raison autre que ma volonté à le garder auprès de moi.
Sans plus de cérémonie, je me détournai du jeune homme endormi dans la neige et cherchai du regard l’ombre des cavernes, puis d’une marche haletante débutai cette nouvelle course, plus tard, dans la noirceur écouterai les souffles courts et les gémissements, comme de l’embrasure de la caverne, les hurlements du vent.
Tout comme le champ nous avait vomi d’un seul coup dans la forêt, la caverne nous avait aspirés tous ensemble, et nous nous retrouvions là, tous aussi surpris d’être arrivés et incapable de déterminer exactement comment, ou de s’entendre sur qui avait pu arriver en premier ou en dernier. Ce n’était pas le plus important. L’important était que nous avions échappé à l’hiver titanesque. Mes yeux sautaient anxieusement sur les personnages d’ombre recouverts, et je m’apaisai seulement en constatant que nous étions encore tous en vie. Je souris à Aleksei qui était resté près de moi, puis cherchai les yeux d’Ashton, seulement pour tomber sur le visage de Lola. Je questionnai son bienêtre du regard, mais sans trop m’y attarder non plus.
Du silence écho naissait des bruissements endémiques, mais rien n’en laissait deviner la source.
Le sol de la caverne était exempt de neige, mais il était tout de même froid, et le vent était encore cruel. La pâle lumière reflétée sur la neige mourait doucement à mesure où nous nous enfoncions dans ses profondeurs fumantes. Les bruits devenaient de plus en plus inquiétants. Organiques. Une froide chaleur vient ronger nos manteaux humides, infiltrant lentement dans nos os l’impression que nous avions fui un titan-tempête seulement pour nous glisser dans sa bouche et descendre sur sa langue.
Dernière édition par Lena M. Oliver le Mar 22 Sep - 18:46, édité 1 fois |
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| | | [EVENT] Que la neige soit noire | |
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